Diana Iscaye, policière et qualifiée pour les Jeux olympiques : " Une histoire que je pourrais raconter à mes enfants plus tard "
Des années d'entraînements qui payent. Diana Iscaye, 26 ans, vient d'être sélectionnée pour participer aux Jeux olympiques de Paris 2024 avec le relais 4 x 400 m français.
"Une immense reconnaissance". Alors que nous entrons dans la dernière ligne droite avant les Jeux olympiques de Paris 2024, les dernières sélections sont tombées. Parmi les noms annoncés, celui de Diana Iscaye. La coureuse de 400 m, originaire de Guadeloupe, fera partie du collectif relais du 4 x 400 m français. Qui est cette athlète de 26 ans, membre de la police nationale, qui a quitté sa Guadeloupe natale pour vivre sa passion à fond ? Interview
Le Journal des Femmes : Vous venez d'apprendre votre qualification pour Paris 2024. Félicitations ! Comment avez-vous réagi à cette annonce ?
Diana Iscaye : Mes championnats de France, qui avaient lieu à Angers à la fin du mois de juin, ne se sont pas très bien passés. J'étais dans le doute donc en voyant mon nom sur le post de la Fédération Française d'Athlétisme, j'ai ressenti une joie immense. J'avais déjà été sélectionnée aux Jeux de Tokyo en 2021. Malheureusement, je m'étais blessée donc je n'ai pas pu profiter de l'événement. Avoir cette chance d'être à Paris, en bonne santé et en capacité de porter ma pierre à l'édifice du 4 x 400 m, c'est immense et je suis reconnaissante par rapport à tout ce que je m'apprête à vivre. J'espère profiter à fond de l'événement. Cela va être une belle fête pour tous les Français et je pense évidemment à ma famille, mes parents qui sont en Guadeloupe et qui sont très heureux d'apprendre que leur fille est sélectionnée pour les Jeux. C'est un honneur.
À quoi vont ressembler les prochains jours, pour vous, avant l'entrée en compétition ?
Nous sommes actuellement en regroupement avec d'autres athlètes de l'équipe de France. Dimanche 7 juillet, nous sommes allées à la rencontre du public français qui assistait au meeting de Paris. Nous avons également dû faire les essayages des tenues pour la cérémonie d'ouverture du 26 juillet prochain où je serai présente. Je vais ensuite continuer ma préparation à l'INSEP, individuellement, mais aussi avec les autres membres du relais. Et rapidement, ce sera le moment de faire notre entrée au village olympique.
Quelle est la force du relais 4 x 400 m français ?
Notre première force sera d'être à la maison. Cela va nous stimuler. Depuis environ trois ans, nous avons aussi réussi à créer un véritable groupe avec une belle synergie. Avec les filles, nous avons chacune évolué sur le plan individuel. Et ce travail physique et mental paye sur le plan collectif. Lors des championnats du monde de relais à Nassau (Bahamas) où nous avons décroché notre billet pour Paris 2024 en mai dernier, nous sommes restées soudées du début à la fin : que ce soit à l'échauffement, dans la chambre d'appel, à l'entrée sur la piste… Et ça a donné quelque chose de beau !
Que représentent les Jeux olympiques pour une athlète comme vous ?
La récompense d'un travail acharné. C'est gratifiant de se dire qu'on fait partie des meilleurs Français, qu'on va porter le maillot devant sa famille… C'est un rêve, une expérience unique et je suis parfaitement consciente qu'elle est éphémère. La forme ne sera pas la même dans quelques années. Peu importe le résultat à la fin, je veux profiter du moment au maximum et prendre du plaisir. Ce n'est pas rien de pouvoir dire que l'on est olympien. C'est une histoire que je pourrais raconter à mes enfants plus tard. Et elle est d'ores et déjà très belle.
Comment avez-vous commencé l'athlétisme ?
Tout a commencé en classe de primaire. Je remportais toutes les courses de cross, ce qui m'a créé une petite notoriété (rires). Mes parents ont donc tout naturellement décidé de m'inscrire à l'athlétisme, dans le club de ma ville. Mon premier coach m'a appris les bases : je suis restée avec lui jusqu'en classe de terminale et par la suite, j'ai dû déménager pour aller à l'université à Pointe-à-Pitre. J'ai changé d'entraîneur et c'est à ce moment-là que j'ai découvert le 400 m. J'arrivais à accrocher les garçons sur le tour de piste. Après quatre ans et un bon bagage sportif, il me fallait trouver plus de concurrence. En 2018, j'ai donc quitté la Guadeloupe pour intégrer le pôle de Fontainebleau avec un nouveau coach, Alex Ménal.
Le 400 m est une course extrêmement difficile. Qu'aimez-vous dans cette distance ?
C'est le 400 m qui m'a choisi. Je considère que c'est la course la plus difficile de l'athlétisme, à mi-chemin entre le sprint et le demi-fond, mais j'aime vraiment repousser mes limites et travailler mon mental pour atteindre les objectifs que je me fixe.
Vous faites partie de l'équipe police nationale depuis 2023.
Oui, je suis policière adjointe et bientôt gardienne de la paix. J'ai passé le concours de mon propre chef en 2022 et je l'ai réussi. Puis en 2023, j'ai intégré le dispositif équipe police nationale, qui regroupe plus de 65 athlètes de haut niveau de 23 sports confondus. Grâce à cela, je suis détachée à 100% du service pour pouvoir m'entraîner au quotidien. En contrepartie, j'ai des journées de représentation. Je souhaite continuer à évoluer au sein de la police nationale même après la fin de ma carrière de sprinteuse. J'ai d'ailleurs déjà commencé à travailler en 2022 avant d'être repérée par ce dispositif.
À quoi ressemble une semaine d'entraînement classique pour une athlète comme vous ?
Je m'entraîne du lundi au vendredi, une seule fois dans la journée. À cela, il faut ajouter toute la partie musculation et récupération. Nous avons énormément de soins : kinésithérapie, cryothérapie, étiopathie… Le samedi est mon jour de repos et, en général, je fais une séance de côtes le dimanche.
Qu'est-ce que le sport a apporté à votre vie ?
Quand je fais le bilan de toutes ces années à pratiquer l'athlétisme, je me dis que cela a forgé la personne que je suis aujourd'hui. Que ce soit sur la piste ou dans la vie de tous les jours. Le sport m'a permis de me découvrir en tant que femme et en tant qu'athlète, de me forger un mental d'acier, mais aussi de m'autonomiser lorsque j'ai dû quitter la Guadeloupe pour m'installer en métropole. Cela n'a pas toujours été facile.
De quoi rêvez-vous pour la suite de votre carrière ?
De prendre du plaisir. C'est une notion que l'on écarte parfois quand on parle de haut niveau. Et bien sûr, j'aimerais remporter une médaille olympique avec ce relais 4 x 400 m.