Le jour où la sprinteuse Christine Arron s'est emparée du record d'Europe du 100 m

Le 19 août 1998, Christine Arron remportait la finale du 100 m des championnats d'Europe d'athlétisme à Budapest et s'adjugeait au passage un chrono record.

Le jour où la sprinteuse Christine Arron s'est emparée du record d'Europe du 100 m
© Gouhier Nicolas/ABACA

Tous les sprinteurs le savent. Lorsque l'on court un 100 m, les premières secondes qui suivent le coup de pistolet du starter sont décisives. Un bon temps de réaction, une poussée puissante et vous voici propulsé-e en tête de course. Une mise en action ratée peut en revanche vous faire perdre toute chance de bien figurer dans le classement final. Le 19 août 1998, lorsque Christine Arron se présente sur la ligne de départ de la finale des championnats d'Europe d'athlétisme à Budapest, la Guadeloupéenne est évidemment consciente de l'enjeu. Celle qui a commencé l'athlétisme à l'âge de 11 ans pour suivre l'une de ses amies s'est d'abord illustré sur 400 m avant de se tourner vers le 200 m, puis enfin le 100 m. Une distance sur laquelle elle a obtenu une quatrième place aux championnats du monde en 1997. Un an plus tard, il est l'heure pour l'athlète de 24 ans de confirmer son statut au niveau continental.

Croire en ses capacités

Cheveux courts peroxydés, Christine Arron se présente au couloir 5. Plus tôt dans la journée, en demi-finale, elle a signé un chrono de 10'80 s, synonyme de nouveau record de France. Mais en finale, seule la première place compte. Avant d'obéir aux ordres du starter, la Française se tient en retrait de ses adversaires, déjà positionnées derrière leurs starting-blocks. "On your marks. Get set". Le coup de feu retentit dans le ciel de Budapest. Au journal Libération, Christine Arron raconte : "Je n'ai pas eu l'impression de bien partir. Mais je ne me suis pas désunie." Dès les premiers mètres, la sprinteuse française part en chasse de la Grecque Ekateríni Thánou et de la Russe Irina Privalova, dont les mises en action ont été beaucoup plus rapides. Mais la Française bénéficie d'un avantage. Sûre de ses capacités, elle applique sa technique de course, sans aucune crispation, et prend de la vitesse. Une pointe qui lui permet de revenir sur la deuxième place, puis sur la première, dans les 30 derniers mètres. Et c'est seule en tête qu'elle passe la ligne d'arrivée, le poing haut dans le ciel et un immense sourire plaqué sur son visage. Christine Arron le sait déjà : elle est championne d'Europe. Mais si remporter l'or était ce qui comptait le plus pour la protégée de Jacques Piasenta ce jour-là, le chrono qu'elle vient d'effectuer n'a rien d'anodin.

Un record toujours d'actualité

En parcourant son 100 m en 10'73 s, Christine Arron vient de s'emparer du record d'Europe de la distance [auparavant établi à 10'77 s par Irina Privalova]. À l'heure où nous écrivons ces lignes, soit plus de 25 ans plus tard, il n'a jamais été battu. Un temps stratosphérique qui place à l'époque la sprinteuse française dans le top 3 des meilleures performances de tous les temps. Devant elle, on trouve alors les Américaines Florence Griffith-Joyner et Marion Jones. Juste derrière elle, Merlene Ottey. C'est d'ailleurs la sprinteuse jamaïcaine qui lui remettra quelques heures plus tard sa médaille sur le podium avant les premières notes de la Marseillaise. Trois jours plus tard, Christine Arron s'adjugera une autre médaille d'or, avec ses coéquipières du 4 x 100 m cette fois. Une autre course de légende durant laquelle, dans la dernière ligne droite, elle comblera un écart de plus de 6 mètres avec ses adversaires. Au Parisien en 2023, elle explique : "Il ne se passe pas une semaine sans que quelqu'un me reparle de ma carrière ou de cette course. C'est un beau cadeau de se dire qu'après autant de temps, je suis encore présente dans l'esprit des Français-es, ça me touche vraiment."