Le jour où Camille Muffat s'est emparée de l'or olympique à Londres

9 mars 2015. La France apprend avec effroi le décès de dix personnes lors d'un accident d'hélicoptère sur le tournage d'une émission de télé-réalité en Argentine. Parmi elleux, plusieurs sportif-ve-s français-es : Florence Arthaud, Alexis Vastine et la nageuse Camille Muffat. Un choc. Moins d'un an plus tôt, l'athlète de 25 ans avait annoncé son retrait des bassins après avoir réalisé "tout ce dont elle rêvait". Parmi ses accomplissements, un titre olympique à Londres.

La stratégie gagnante

Lorsque Camille Muffat apparaît dans l'Aquatics Centre de Londres à 21h21, le 29 juillet 2012, elle est la favorite du 400 m nage libre qui s'annonce. Dans une vidéo filmée pour le média L'Équipe, elle raconte se sentir très sereine dans la chambre d'appel, juste avant le top départ : "Je me dis que j'ai travaillé tellement dur, que j'ai gagné toutes mes courses cette année-là (…) Je ne m'imagine même pas perdre." Mais la concurrence s'annonce rude : l'Italienne Federica Pellegrini, la Britannique Rebecca Adlington, la Française Coralie Balmy ou encore l'Américaine Allison Schmitt ne comptent pas laisser passer leur chance de monter sur la plus haute marche du podium.

Cette dernière est d'ailleurs connue pour prendre des départs rapides sur cette distance à mi-chemin entre le sprint et le demi-fond. Au top départ, les huit nageuses s'élancent. Camille Muffat, au couloir 4, a stratégiquement choisi de ne pas laisser partir l'Américaine. Après 5m, la Française vire en tête. "Je sens que j'ai cette demi-longueur d'avance et je gère. Une finale olympique, ce n'est pas le moment de claquer un record." 100 m, 200 m, 300 m : Camille Muffat ne quitte pas cette première place et le titre olympique ne semble pouvoir lui échapper. "Le dernier 10m, tu as envie de mettre un petit coup, mais c'est parfois à ce moment-là que tout peut basculer. En mal." Mais ce jour-là, la Niçoise reste pleinement concentrée. Un mouvement de crawl après l'autre, elle se rapproche de la ligne d'arrivée et touche le bord du bassin en première position. 4 min, 1 seconde et 45 centièmes : record olympique. Allison Schmitt et Rebecca Adlington terminent respectivement à la deuxième et troisième place. 

La relève de Laure Manaudou

En tribunes, l'équipe de France explose. On reconnaît le visage juvénile de Florent Manaudou, celui de sa sœur, Laure, sacrée huit ans auparavant sur la même distance, mais aussi les larmes de Charlotte Bonnet, sa coéquipière d'entraînement. "L'émotion ne vient pas tout de suite", raconte Camille Muffat à L'Équipe. Il lui faudra croiser son entraîneur Fabrice Pellerin dans le bassin de récupération pour commencer à comprendre ce qu'elle vient d'accomplir. Sur le podium, son sourire, doux, ne trompe pas : "J'ai ressenti du soulagement. Je me suis dit : "C'est fait". Puis j'ai repensé à beaucoup de choses, à mes débuts…", explique la nageuse les yeux emplis d'émotion. Cette Marseillaise sera la première de l'équipe de France lors de ces Jeux olympiques de Londres. Camille Muffat, elle, ira remporter deux autres médailles lors de cette olympiade : l'une en argent sur 200 m nage libre, l'autre en bronze avec le relais 4 x 200 m. De quoi l'installer au Panthéon des meilleur-e-s nageur-euse-s français-es de tous les temps. Et pour toujours.