Les portes de l'école fermées aux enfants roms

Certaines mairies françaises freinent ou empêchent la scolarisation des jeunes Roms, selon l'étude d'une ONG publiée lundi 28 juillet.

L'éducation est un vecteur d'intégration. Les chiffres qui viennent de tomber sur la scolarisation des enfants issus de la communauté rom ne sont donc pas étonnants. Moins de 50 % d'entre eux seraient scolarisés, selon l'European Roma Rights Centre (ERRC), une association basée en Roumanie qui combat le racisme anti-rom. L'étude, révélée lundi 28 juillet, a été menée dans six bidonvilles français, auprès de 118 parents roms âgés de 18 à 60 ans.
S'ajoute à ce constat le fait que 60 % de ces enfants n'auraient pas accès à l'éducation à cause de "refus de scolarisation", essentiellement par les municipalités. "Ces refus de scolarisation hypothèquent [leur] futur et les placent en danger", a dénoncé l'association. En 2013, les maires de Noisy-Le-Grand et Ris-Orangis ont été contraints à scolariser ces enfants en demande, suite à des rappels à la loi du Défenseur des Droits. Ils se servaient du prétexte que les familles ne pouvaient pas fournir de justificatif de domicile pour refuser leur inscription à l'école. 
Cette enquête illustre aussi un cercle vicieux que beaucoup se refusent à voir et à admettre. L'enfant a le potentiel de pouvoir apprendre, s'intégrer et se sentir accepté en France. Une fois instruit, il insère aussi sa famille dans les principes républicains. A l'opposé, "les adolescents hors du système scolaire ont beaucoup plus de chances de tomber dans la délinquance", d'après l'ERRC. Les stéréotypes qui entourent la communauté rom sont innombrables. De nombreux parents veulent voir évoluer leur progéniture, car en plus d'être une terre d'asile, l'Hexagone leur est une terre d'espoir.
"Le droit commun s'applique en tous points à ces élèves [des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs] : ils ont le droit à la scolarisation et à une scolarité dans les mêmes conditions que les autres, quelles que soient la durée et les modalités du stationnement et de l'habitat, et dans le respect des mêmes règles", a indiqué la circulaire de 2012 sur la scolarisation et la scolarité des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs. Sur le sol français, l'instruction - scolarisation ou école à la maison- est obligatoire de 6 à 16 ans pour tous les enfants.
Les nombreuses expulsions, qui rendraient irrégulière la situation de nombreuses familles, seraient un autre frein à cette éducation. Depuis janvier 2014, 3 000 Roms ont été expulsés de leur lieu de vie.
"Alors que les projecteurs demeurent braqués sur le démantèlement de certains camps illégaux, l'action du gouvernement à l'endroit de la communauté rom ne se résume pas à cette dimension répressive. Notre ministère rappelle aux préfets (...) que la République doit protection à tout enfant quelque soit son mode de vie ou sa nationalité et qu'ils doivent (...) assurer la scolarisation de tous les enfants et faire respecter la légalité républicaine dans toutes les municipalités", avait nuancé George Pau-Langevin, alors ministre chargée de la réussite éducative, dans une tribune du Huffington Post le 10 juillet 2013.

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Moins de 50% des enfants de la communauté Rom seraient scolarisés en France © Fotolia