Business de la honte à Singapour : le commerce des femmes de ménage
La vente d'une main-d'œuvre servile, les femmes de ménage asiatiques, dans un supermarché à Singapour, indigne les ONG.
Il est aujourd'hui possible d'acheter des domestiques dans un supermarché.
A Bukit Timag, sur l'île de Singapour, des femmes birmanes, philippines et indonésiennes attendent patiemment et tout sourire un acheteur potentiel dans les rayons, d'après l'enquête réalisée par la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera.
Exhibées dans un centre commercial, comme des produits de consommation, elles proposent des services... de ménage. Sur l'étalage, l'espoir de se faire une situation et d'envoyer de l'argent "au pays", pour leur famille et leurs enfants, les pousse à rester. Et chaque moyen est bon pour se vendre. Ici et là, elles s'appliquent à changer les draps dans une chambre de présentation, les couches d'un faux bébé ou encore à prendre soin d'une personne âgée en baladant leur consœur, assise dans un siège roulant.
C'est le business de la misère. Des courtiers recrutent ces femmes dans des pays pauvres, les "forment" dans des "centres d'entrainement" et les envoient dans des agences qui s'occupent, entre autre, de les commercialiser. Les femmes-à-tout-faire passent généralement une semaine dans ce bâtiment d'après l'Organisation humanitaire des migrations économiques.
Les agences de s'arrêteraient pas à la seule humiliation de les vendre comme du bétail. Portables confisqués, alimentation restreinte et abus sexuels, tel serait le quotidien des travailleuses.
Au total, plus de 215 000 employées de maison seraient à Singapour, près de 4 % de la population de cette ville-Etat d'après l'association HOME. L'île, connue pour son développement économique excessif, ne connaît pas de limite. La recherche avide du profit à tout prix fait l'impasse sur les droits de l'Homme. Encore aujourd'hui, de nombreux pays comme ceux du Golfe (notamment le Qatar, d'où le paradoxe d'une telle enquête), pratiquent le néo-esclavagisme, ce commerce de la honte.