Voile intégral : la CEDH a tranché

La Cour européenne des droits de l'homme a validé mardi 1er juillet la loi sur l'interdiction du voile intégral. Elle avait été saisie par une Française la contestant.

La Cour européenne des droits de l'Homme devait se prononcer mardi 1er juillet sur la question du port du voile intégral en public. Elle a validé la loi française du 11 octobre 2010 qui interdit de "dissimuler son visage" dans l'espace public, notamment à l'aide d'un voile islamique intégrale. La CEDH avait été saisie par une jeune Française de 24 ans qui conteste la loi votée en France, qui stipule précisément que "nul ne peut, dans l'espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage" sous peine de 150 euros d'amende et/ou d'un stage de citoyenneté.
Le cabinet d'avocats qui défend ses intérêts a décidé d'invoquer six articles de la Convention européenne des droits de l'homme dans cette affaire : interdiction de traitements inhumains ou dégradants, droit au respect de la vie privée et familiale, à la liberté de pensée, de conscience et de religion, liberté d'expression et interdiction de la discrimination.
La représentante de l'Etat français Edwige Belliard avait assuré quant à elle que le texte incriminé n'était pas en lien avec la religion mais concernait "toutes les possibilités de dissimuler le visage : par voile, cagoule, casque de moto...".
L'un des défenseurs de la plaignante, Me Tony Muman, assure que sa cliente, qui n'a dévoilé au grand public que ses initiales : S.A.S. est une "parfaite citoyenne française d'un niveau d'éducation universitaire" qui "parle de sa République avec passion." Dans sa requête, elle affirme ne subir "aucune pression" familiale, accepter les contrôles d'identité, tout en voulant rester libre de porter le voile à sa guise.
S.A.S. se dit aussi bien adepte de la burqa (qui cache entièrement le corps, y compris les yeux avec un tissus à mailles) que du niqab (qui couvre le visage et ne montre que les yeux).
La Belgique, qui avait voté en 2011 une loi semblable au texte français, s'est associée à la procédure et à l'audience. Sa représentante Isabelle Niedlispacher affirmait que ces lois avaient notamment pour but de "favoriser l'intégration de tous".
Alors que le nombre de musulmans vivant au sein de l'Hexagone est estimé à plus de 5 millions, seulement "1 900 femmes environ étaient concernées fin 2009", selon une mission d'information de l'Assemblée nationale. Un chiffre qui aurait même baissé de 50 % depuis 2010 à en croire les observations présentées à la Cour de Strasbourg.
Ce jugement intervient quelques jours après la confirmation par la Cour de cassation du licenciement pour faute grave d'une salariée voilée de la crèche Baby-Loup. Elle envisage elle aussi de se pourvoir à Strasbourg.