Exploitées sexuelles, les femmes du Zimbabwe monnayent avec leur corps

Au Zimbabwe, les abus sexuels sont malheureusement très courants. Une étude révèle que près de la moitié des femmes du pays ont été sexuellement exploitées dans le but d'obtenir des services ou un emploi.

Exploitées sexuelles, les femmes du Zimbabwe monnayent avec leur corps
© Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Pour une grande partie des femmes du Zimbabwe, le quotidien se monnaye avec le corps. Selon un rapport de l'organisme Transparency International Zimbabwe, 57% des femmes interrogées dans le cadre d'une enquête, auraient offert des faveurs sexuelles en échange d'emplois, de soins médicaux et de places à l'école pour leurs enfants. Décrite comme de la "sextorsion", cette exploitation sexuelle serait monnaie courante pour les personnes interrogées. En effet, 45% des femmes ont déclaré qu'elles avaient reçu des requêtes de nature sexuelle pour avoir accès à un service, alors que 15% ont utilisé leur corps pour obtenir un emploi. Des chiffres ahurissants dans un pays où 1,8 milliard de dollars disparaît chaque année à cause de la corruption. Le rapport intitulé "Genre et corruption" met en lumière la vulnérabilité des femmes face aux abus sexuels qui se déroulent en toute impunité. "La sextortion fait partie de la culture de la corruption au Zimbabwe. Les femmes qui n'ont pas assez d'argent pour payer les pots de vin se retrouvent obligées d'utiliser le sexe comme forme de paiement", lit-on.

"Pour la plupart d'entre eux, le sexe est la première chose qui leur vient à l'esprit"

Autre facette de cette violence endémique, les femmes doivent subir au quotidien un harcèlement institutionnalisé, même sur leur lieu de travail. Le TIZ détaille : "De temps en temps, on vous demande des faveurs sexuelles en échange d'une affaire ou une offre de promotion. Ce qui rend la situation compliquée (...) c'est la façon dont les femmes en activité sont perçues par les hommes aux commandes dans ces cas. Quand ils voient une femme, pour la plupart d'entre eux, le sexe est la première chose qui leur vient à l'esprit. Les femmes sont ainsi sexualisées et vues comme des sex-preneures plutôt que comme des entrepreneures", peut-on lire dans le rapport.

Un harcèlement institutionnalisé dans la société et les services publics

Pour celles qui souhaiteraient prendre la parole, les autorités policières et judiciaires représentent une menace, car elles font également partie de la chaîne de corruption : "Pour certaines sondées, la peur des représailles les a dissuadées de porter plainte, et d'autres femmes ont indiqué qu'il n'y avait pas de conséquence après avoir rapporté les faits. Quant aux faits de sextortion, les sondées ont qualifié le système de justice trop masculin, ce qui les pousse à rester silencieuses". 

"Même les policiers demandent une sorte de paiement pour vous aider (...) A la fin, ils se font aussi soudoyer par les criminels", rapporte The Guardian.

Pour beaucoup de citoyens du Zimbabwe, la corruption est un fléau dans lequel passe une grande partie de leur salaire selon le World Bank group. L'indice mondial de corruption publié par Transparency International, a classé le Zimbabwe 158e sur 180 pays.