Corse : les femmes en guerre contre la violence

En 1995, elles avaient déjà manifesté pour lutter contre la violence sur l'Île de Beauté... Les Corses remontent au créneau avec une lettre ouverte dans laquelle elles interpellent François Hollande.

Aux armes citoyennes ! En Corse, les femmes ont choisi de manier les mots pour hurler leur colère face à la violence qui ne cesse de frapper l'île. Dimanche dernier, au lendemain du dix-huitième meurtre en Corse depuis le début de l'année, des femmes se sont réunies pour rédiger une lettre ouverte publié dans Libération lundi 19 novembre. Exaspérées par l'escalade de la violence, elles s'adressent directement à François Hollande et commencent par évoquer le "Manifeste pour la vie".
Un manifeste écrit en 1995 et signé par 500 femmes corses pour dénoncer "la loi des armes" en pleine guerre fratricide entre nationalistes. Depuis cette date, les choses semblent s'être empirées puisque l'île s'est vue remettre le titre de "la région la plus criminogène d'Europe". Les signataires de la lettre ouverte dénoncent la non-action et les promesses restées "sans suite" des différents présidents de la République et ministres.
Indignées, les ambassadrices de la paix n'hésitent pas à rappeler qu'après l'assassinat en 1998 de Claude Erignac, le préfet de Corse, 40 000 personnes avaient manifesté pour affirmer "leur rejet de la violence et leur adhésion aux valeurs de l'Etat de droit républicain." Et d'ajouter : "Ils ont cru aux promesses du gouvernement Jospin et ont attendu que l'Etat mette en adéquation ses actes avec ses discours. Cette attente est restée sans suite"
Manuel Valls en prend aussi pour son grade. Les femmes corses s'interrogent sur les propos du ministre de l'Intérieur venu la semaine sur l'île de beauté suite à un nouveau règlement de compte mortel : "Comment peut-il stigmatiser la communauté corse en lui demandant de régler par "sa parole" ce qui doit l'être par la police et la magistrature?". Mais dans cette lettre, les signataires appellent surtout François Hollande à "agir, enrayer ce sentiment d'impunité qui habite meurtriers et commanditaires, donner à notre jeunesse un autre modèle de fonctionnement." Et de conclure : "Vous (...) ne pouvez plus nous décevoir. Nous, Corses, citoyens normaux, attendons de vous, Monsieur le président, des réponses et des actes concrets".

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Les femmes corses écrivent une lettre ouverte à l'attention de François Hollande pour lutter contre la violence. © OJO Images / Rex Featur/REX/SIPA