Défigurées, cachées, bannies... les femmes afghanes confrontées au pire
Malgré les beaux discours des talibans à leur arrivée au pouvoir à Kaboul mi-août, le quotidien des femmes afghanes commence sérieusement à devenir cauchemardesque.
Il existe de très fortes et légitimes inquiétudes pour le sort des femmes en Afghanistan après la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août 2021. L'Émirat islamique d'Afghanistan, qui avait déjà contrôlé le pays et imposé une interprétation très rigoriste et violente de la charia entre 1996 et 2001, est de retour.
Une situation particulièrement préoccupante pour les femmes, qui alarme toutes les institutions et organisations internationales. Et de nouveaux exemples viennent prouver que cela ne risque pas de s'arranger pour les quelque 19 millions de femmes que compte le pays.
"Mieux vaut une femme morte qu'une femme qui parle d'amour"
Najiba Sharif, ancienne vice-ministre de la Condition des femmes en Afghanistan, dénonce la "mascarade" du discours rassurant des talibans envers les femme. Dans une interview donnée à l'Obs, elle livre les témoignages qu'elle a reçu de femmes restées en Afghanistan, alors qu'en 2017 35% des afghanes avaient moins de 17 ans et que 58% étaient mariées de force.
Najiba Sharif évoque le cas d'une amie à elle, qui est médecin. Parce que son mari, désormais à la retraite, a travaillé avec l'Unicef et les Etats-Unis, cette dernière ne peut plus exercer. Elle attend désespérément que les talibans lui octroient une "carte de pardon" afin de pouvoir reprendre le chemin de l'hôpital: "Aux yeux des talibans, les femmes restent des sous-hommes. Par ailleurs, ceux qui ont travaillé avec les Occidentaux sont perçus comme des traîtres à l'islam." raconte-t-elle.
Elle évoque également sa belle soeur. Écrivaine, poétesse, ses écrits chantent une liberté et une aspiration à l'amour que ne supportent pas les talibans. Elle est obligée de se cacher et de changer de cave tous les 2 jours. "Pour eux, mieux vaut une femme morte qu'une femme qui parle d'amour."
[Journée spéciale sur les #femmes en #Afghanistan] Je suis la voix des 99% dAfghans et dAfghanes terrés chez eux
— RFI (@RFI) August 27, 2021
Zarifa Ghafari, femme politique afghane, réfugiée en Allemagne
Au micro de Heike Schmidt
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Dans les salons de beauté, le visage des femmes défiguré
Depuis l'arrivée des talibans dans la ville, les salons de coiffure, qui se sont multipliés depuis 20 ans, camouflent leurs devantures. Sur les murs de la capitale, les affiches de femmes ont été arrachées, ou badigeonnées, sauf "celles qui étaient trop hautes", rapporte une jeune Afghane au Huffington Post.
Depuis que les Talibans ont repris le pouvoir, les femmes se terrent chez elles. Mais la plupart, quand elles sortent, portent toujours le hijab, un voile découvrant le visage. "Les gens sortent et rentrent chez eux le plus vite possible", remarque une jeune fille, âgée de 20 ans. dont le témoignage a été repris par le Huffington Post. Elle ne peut plus aller à l'Université, d'où les femmes sont selon elle bannies en attendant qu'il soit possible de les y séparer des hommes. À court de nourriture, elle s'est finalement résolue à sortir avec sa mère lundi 23 août, plus d'une semaine après la prise de pouvoir des talibans.
Depuis début mai et la reconquête du pays par les Talibans, 250 000 Afghans ont dû fuir le pays et tenter de se réfugier dans des pays voisins comme le Pakistan ou même en Turquie. 80% des personnes ayant fui le pays sont des femmes et des enfants.