Joséphine Baker, morte le 12 avril 1975 : Secrets et scandales d'une femme extraordinaire

Josephine Baker est devenue la première femme noire à entrer au Panthéon. Danseuse, chanteuse, actrice, symbole sexuel, résistante française, militante des droits civiques, mariée 5 fois... Joséphine Baker a adopté 12 enfants, eu de nombreuses aventures saphiques et promenait son guépard en laisse sur les Champs-Elysées... Portrait et photos de la star décédée à 68 ans (il y a 47 ans).

Joséphine Baker, morte le 12 avril 1975 : Secrets et scandales d'une femme extraordinaire
© Joséphine Baker, LA SIRENE DES TROPIQUES, 30 décembre 1927, MARY EVANS/SIPA

Joséphine Baker, première star internationale noire 

Née Freda Josephine McDonald le 3 juin 1906 à Saint-Louis dans le Missouri où règne la ségrégation raciale, Joséphine Baker, figure éminente de la Résistance et de la lutte antiraciste est décédée en 1975 et est enterrée à Monaco. Aux États-Unis, elle s'oppose au Ku Klux Klan et s'implique en faveur civiques des Afro-américains, au côté de Martin Luther King. En Europe, face au nazisme, Joséphine Baker opère dans le contre-espionnage, devenant une agente française de renseignement, recueillant ainsi la médaille de la Résistance au lendemain de la Seconde guerre mondiale.

Joséphine Baker, figure de la Résistance française

Il y a deux ans, une pétition en faveur de sa panthéonisation faisait valoir les arguments suivants : "Artiste, première star internationale noire, muse des cubistes, résistante pendant la seconde guerre mondiale dans l'armée française, active aux côtés de Martin Luther King pour les droits civiques aux Etats-Unis d'Amérique et en France aux côtés de la Lica (…), nous pensons que Joséphine Baker, 1906-1975, a sa place au Panthéon." 

"J'ai deux amours" ou son coming out sur la bisexualité

Dans sa chanson "J"ai deux amours", Josephine Baker parle de son pays et de Paris. Mais entre les lignes, on peut y lire une sorte de coming-out sur le désir libertaire de son époque. On lui prête d'ailleurs des relations avec Frida Kahlo et Colette. Dans son livre " La femme est une dandy comme les autres ", Alister cite Georges Tabet, chef d'orchestre de Joséphine Baker qui dit: " Dans les années 30, Joséphine avait de brèves rencontres saphiques avec de jeunes danseuses."
Son fils Jean-Claude Baket mentionne dans la biographie sur sa mère, cinq de ses amantes, en plus de Colette, qu'elle a toutes rencontrées au cours de ses premières années sur scène aux États-Unis: Clara Smith, Evelyn Sheppard, Bessie Allison, Mildred Smallwood, et sa compatriote afro-américaine expatriée Bricktop

Le jour où Joséphine Baker fit scandale

Ce soir du 2 octobre 1925, le Tout-Paris se presse au Théâtre des Champs-Élysées pour assister à un spectacle venu tout droit des États-Unis: "La Revue Nègre". La France a découvert depuis peu le jazz. C'est le nouveau phénomène à la mode. Dans les coulisses, une jeune danseuse noire de 19 ans, alors inconnue du public. Elle a le trac mais lorsqu'elle s'élance sur scène elle entame, telle une furie, un charleston endiablé. Du jamais vu.
Mais c'est lors de la scène finale que Joséphine Baker va définitivement créer le scandale. Avec son partenaire Joe Alex, elle danse une chorégraphie très suggestive, avec pour seul habit une ceinture de plumes autour de la taille et donc les seins nus qui feront s'offusquer le journal Candide: "Triomphe de la lubricité, retour aux moeurs des premiers âges."

© Joesphine Baker en 1928 / MARY EVANS/SIPA

Joséphine Baker a été mariée 5 fois

Joséphine Baker a partagé la vie de beaucoup d'hommes, et en a même épousé 5 ! Elle se marie, à 13 ans ans, avec Willie Wells, un ouvrier fondeur et travaille comme serveuse. Leur union se termine avec la bouteille que Joséphine lui fracasse sur la tête. Suivant dans le nord des États-Unis la troupe des "Dixie Steppers", elle épouse, à 15 ans, William Baker, garçon chez Pullman, à Philadelphie. Elle le quitte pour partir à Paris, conservant son nom qui passe ainsi à la postérité.
En épousant le 30 novembre 1937 à Crèvecœur-le-Grand, un jeune courtier juif de vingt-sept ans, Jean Lion, qui a fait fortune dans le sucre raffiné, Joséphine Baker reçoit la nationalité française.
Elle fera ensuite la connaissance en 1973 de Robert Brady, un artiste et collectionneur d'art américain durant un de ses séjours aux États-Unis. Vu les échecs de ses quatre mariages précédents, ils décident d'échanger leurs vœux de mariage dans une église vide à Acapulco, Mexique, mais se séparent un an plus tard.

Joséphine Baker a adopté 12 enfants

Outre ses amours qui témoignaient de sa liberté, Josephine Baker a adopté 12 enfants. Elle qui ne pouvait avoir d'enfants décide avec son mari d'alors Jo Bouillon, chef d'orchestre, qu'elle épouse en 1947 d'en adopter une douzaine!
Sa "tribu arc-en-ciel", comme elle l'appelle, est composée d'enfants du Japon, de Colombie, de Finlande, France, Algérie, Côte-d'Ivoire, Vénézuela, Maroc. "Sa tribu était un exemple de fraternité," expliquait Jean-Claude, l'un des enfants en 2010 à Ouest France, "multiraciale et multiconfessionnelle."

Sa tribu arc-en-ciel

La tribu fera son nid au domaine des Milandes, en Dordogne. Là-bas, Joséphine Baker construit son utopie, avec un véritable site d'attraction touristique : deux hôtels sont bâtis, un golf miniature, des courts de tennis, un musée de cire, des écuries, un bureau de poste, une station essence, un héliport…

© Josephine Baker avec 3 de ses enfants en 1954 / ECLAIR MONDIAL/SIPA

Son affection profonde pour les animaux

Henri Varna, son ami et directeur du Casino de Paris où elle venait se produire lui offre un jour un guépard, Chiquita. Elle ne s'en séparera plus.
Joséphine Baker le promène en laisse à Deauville ou sur les Champs-Elysées, vêtue d'une robe à ocelles ou d'un manteau de fourrure. Son affection pour les animaux est au demeurant profonde: chiens carlins, chats, chèvres, cochons… gambadent dans sa maison du Vésinet. Elle raconte même que, dans sa jeunesse, les animaux d'un zoo ont été ses meilleurs professeurs de danse.

Mort de Joséphine Baker : un décès brutal qui émeut tout le pays

En avril 1975, au lendemain d'une soirée qui la voit célébrer ses 50 ans de carrière, elle décède d'une attaque cérébrale.
Sa disparition subite à 68 ans est un immense choc pour son pays d'adoption si bien que les personnalités se bousculeront pour venir assister à ses funérailles qui ont lieu à l'Église de la Madeleine de Paris. Sont notamment présents à ses obsèques le maire de Paris, le ministre de la Culture, le gendre du Général de Gaulle, mais aussi l'actrice Sophia Loren et la princesse Grace de Monaco.

© Josephine Baker en 1970 en République Tchèque / Jiri Karas/AP/SIPA

Honorée au Panthéon, la dépouille de Joséphine Baker restera à Monaco

Malgré sa panthéonisation solennelle, le corps de Joséphine Baker "restera à Monaco où elle est enterrée au cimetière marin", a fait savoir à l'AFP, l'un de ses enfants, Jean-Claude Bouillon-Baker. Une décision prise "en accord" avec la fratrie et avec "la compréhension de l'Élysée." "L'importance, c'est de marquer sa présence au Panthéon", a précisé le fils adoptif de Joséphine Baker.