Cédric a quitté l'armée pour se reconvertir, mais ça n'a pas été simple : "J'ai essayé de garder mon niveau de salaire"
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Cédric a quitté l'armée pour se reconvertir, mais ça n'a pas été simple : "J'ai essayé de garder mon niveau de salaire"

Quelle vie après l'armée ? Pas toujours simple de retourner sur le marché classique du travail... À 47 ans, Cédric, ancien militaire, a dû apprendre à se "vendre" et à traduire ses compétences. Un virage qu'il a pu amorcer grâce à un cabinet spécialisé. Il nous raconte.

Il y a un peu plus de dix ans, Cédric a fait un virage à 180 degrés dans sa vie professionnelle. À 40 ans, cet ancien militaire - plus précisément ancien nageur de combat - décide de raccrocher l'uniforme après avoir été blessé par balle lors d'une mission. Un choc, mais aussi un déclic. Il réalise alors que c'est peut-être le bon moment pour tourner la page, profiter de cette porte de sortie et tenter quelque chose de nouveau.

Avant de penser à sa reconversion professionnelle, Cédric a vécu une carrière peu banale au sein des forces spéciales de la Marine nationale. Ancien commando nageur, il faisait partie de cette poignée d'hommes surentraînés capables d'intervenir là où peu s'aventurent. Leur champ d'action ? Il se divise en deux grands types de missions : celles menées sous l'autorité directe de la Marine, souvent tournées vers la lutte contre la piraterie ou le narcotrafic en haute mer, et celles, plus confidentielles, orchestrées par le Commandement des opérations spéciales (C.O.S). Ces dernières peuvent inclure des infiltrations terrestres, des libérations d'otages ou encore des assauts menés depuis les airs.

Au sein de cette élite, les nageurs de combat occupent une place bien particulière. "Leur spécificité, en plus de ça, c'est de pouvoir faire des infiltrations ou des actions subaquatiques, donc sous la mer", a-t-il expliqué avec clarté. Un engagement de tous les instants mais qui ne mène pas forcément à un salaire délirant comme on pourrait le croire.

"J'étais, toutes primes comprises… à peu près à 3000 euros, même un petit peu plus", nous a-t-il confié. Dans ce milieu, les rémunérations dépendent surtout des primes, qui varient selon les missions, les qualifications ou l'unité d'affectation. "Là, ce qui va faire les primes, c'est si vous êtes dans une unité parachutiste. Par exemple, là vous avez une prime qui est liée au fait de faire du parachute" a-t-il précisé. Le salaire de base, lui, reste aligné pour tous les militaires, à grade et ancienneté équivalents. Pour un lieutenant sous contrat, il faut compter 2 618 € brut par mois après une première année en régiment, hors primes, selon les données du ministère des Armées.

Mais, après avoir passé des années à courir les mers et les zones de conflit, une blessure vient stopper net sa trajectoire. "J'ai été blessé par une balle lors d'une formation. Je pouvais difficilement retourner dans des unités opérationnelles", s'est-il remémoré. Cédric choisit alors de quitter l'armée, mais il ne tourne pas le dos à sa passion pour la mer. Il entame une reconversion dans la plongée loisir et passe trois années à encadrer des sorties dans le Sud de la France. Un changement de décor radical, mais pas si simple à concilier avec sa vie de famille. "Mes enfants habitaient à Paris pendant que j'étais dans le Sud de la France. Quand vous faites des métiers de loisir, vous travaillez quand les autres sont en vacances. Donc en gros, de Pâques à la fin de l'été, je ne voyais pas mes enfants", a-t-il constaté. 

C'est dans ce contexte qu'il entre en contact avec le cabinet Pépite, fondé par Clément Têtu, un spécialiste de la reconversion des militaires. L'objectif de Pépite : aider les anciens engagés à identifier, valoriser et transférer leurs compétences acquises dans l'armée vers le monde civil. Une sorte de traducteur professionnel entre deux univers qui ne parlent pas toujours la même langue. Pour Cédric, c'est un tournant. Grâce à ce coup de pouce, son expérience opérationnelle prend une nouvelle forme sur son CV, avec des mots plus lisibles pour les recruteurs.

Et cette fois, la reconversion porte ses fruits. Cédric parvient à mettre un pied dans un univers qui reste proche du sien, tout en valorisant ses compétences techniques et managériales. "Aujourd'hui, j'ai travaillé pour une compagnie d'exploration maritime du subaquatique avec des engins spécifiques en tant que responsable d'un site en Méditerranée", dit-il. Un poste à responsabilités qui lui a permis de préserver son niveau de vie : "J'ai essayé de faire en sorte, à minima, de garder mon niveau de salaire de ce que j'avais à l'armée." Chaque année, de 20 000 à 30 000 militaires quittent l'armée aux alentours de 30 ans, assure le cabinet.