Un homme condamné à verser 25 ans de SMIC à son ex-femme... pour l'avoir empêchée de travailler !
Un homme a été condamné à verser plus de 200.000 euros à son ex-femme pour l'avoir empêchée de travailler. Pendant plus de 20 ans, elle était contrainte de s'occuper exclusivement du foyer familial…
En cette Journée internationale des droits des femmes, les lignes semblent bouger en Espagne. Le 15 février dernier, le tribunal de Vélez-Málaga, au sud de l'Espagne, a condamné un homme à verser plus de 200.000 euros à son ex-femme, Ivana Moral, pour s'être occupée du foyer durant leur mariage. Cette somme correspond, selon l'avocate de cette femme de 48 ans, à près de vingt-cinq ans de "salaire minimum", rapporte la radio Cadena Ser.
Le mari condamné à verser 200.000 euros à son ex-épouse
Cette mère de deux enfants, mariée sous le régime de la séparation des biens, s'est occupée, pendant toute la durée de son mariage, de juin 1995 à décembre 2020, "de la maison, de la famille, avec tout ce que cela implique", indique le tribunal dans sa décision judiciaire, qui souligne que tandis que la femme "était privée de toute possibilité d'évolution professionnelle en raison de ce dévouement exclusif au foyer et à la famille", l'homme, "tout au long des années de mariage, accumulait et augmentait de façon exponentielle son patrimoine privé", sans que cela se traduise par une augmentation du sien.
Ivana Moral recevra en conséquence une "compensation de 204.624,86 euros". L'homme devra par ailleurs payer à son ex-femme une pension compensatoire pendant deux ans, le temps qu'elle puisse rejoindre le marché du travail, et une pension alimentaire mensuelle pour ses filles, indique la radio Cadena Ser.
Une décision judiciaire "bien méritée"
Interviewée ce 7 mars par cette même radio, la plaignante s'est dite "très contente" de la décision judiciaire - qui peut néanmoins être revue si la partie adverse fait appel - qu'elle juge "bien méritée". En effet, explique Ivana Moral, son mari "ne voulait pas qu'elle travaille à l'extérieur". Elle l'aidait en revanche dans les salles de sport, dont il était propriétaire, en s'occupant "des relations publiques, en étant monitrice", le tout sans rémunération. Pour le reste, "je me consacrais exclusivement aux tâches ménagères, à m'occuper de mon mari, à m'occuper de la maison", a-t-elle poursuivi. "Il ne me laissait que très peu de libertés. J'avais une dépendance économique totale. [...] Cela m'a donnée le sentiment d'être fragile, de ne rien valoir. J'avais perdu l'estime de moi-même. Je me sentais très isolée", a-t-elle d'autre part expliqué.
Une victoire pour les "femmes de l'ombre"
Pour son avocate, cette décision est non seulement une victoire pour sa cliente, mais aussi pour toutes les "femmes de l'ombre", qui se retrouvent souvent "dans des situations précaires et avec peu de chances d'accéder au marché du travail compte tenu de leur dévouement exclusif à la famille et pour la plupart aux entreprises de leurs maris". "Sans aucun doute, elles méritent non seulement la reconnaissance, mais la quantification de ce travail sans lequel le patrimoine de leur conjoint n'existerait pas", a-t-elle estimé.