Meurtre d'Agnès Lassalle à St-Jean-de-Luz : son compagnon danse devant le cercueil à ses obsèques - VIDEO

Quelques jours après le meurtre de l'enseignante poignardée dans sa salle de classe à Saint-Jean-de-Luz, ses obsèques se sont déroulées à Biarritz. Un moment à la fois étonnant et émouvant a été filmé...

Meurtre d'Agnès Lassalle à St-Jean-de-Luz : son compagnon danse devant le cercueil à ses obsèques - VIDEO
© Coudert/Sportsvision/SIPA

Quelques jours après le meurtre d'Agnès Lassalle, professeure du lycée de Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz, ses obsèques ont eu lieu à Biarritz, vendredi 3 mars. L'enseignante poignardée par un élève de 16 ans, mis en examen pour assassinat, a été inhumée après une cérémonie en l'église Saint-Eugénie.

Obsèques d'Agnès Lassalle : son compagnon danse devant le cercueil

Après la cérémonie d'obsèques, sur le parvis de l'église, c'est un moment des plus émouvants qui a été filmé. Devant le cercueil de la professeure, son compagnon, le professeur d'espagnol, Stéphane Voirin, s'est mis à danser seul le lindy hop alors que les notes du morceau de Nat King Cole, Love, retentissaient. Il a rapidement été rejoint par des amis de la professeure, qui ont tous dansé près du cercueil. Un instant qui est, pour autant, resté solennel.

​​​L'élève mis en examen : son avocat réagit... "Ce n'est pas sérieux"

L'élève ayant mortellement poignardé l'enseignante de Saint-Thomas d'Aquin, à Saint-Jean-de-Luz, a été mis en examen ce 24 février. Après deux jours de garde à vue, le jeune homme de 16 ans a été déféré devant le juge d'instruction. Le juge des libertés et de la détention l'a placé en détention provisoire.

Me Thierry Sagardoytho, l'avocat du mis en cause, s'est dit "ébahi de constater qu'un expert s'autorise à dire qu'il n'y a aucune pathologie psychiatrique", a-t-il déclaré devant les caméras de BFMTV. Et d'ajouter : "Ce n'est pas sérieux, ce gamin a été pris en charge il y a quelques semaines, il a fait une tentative de suicide (...) Quand il décrit les faits, le sujet parle à la troisième personne du singulier... Je m'interroge sur un dédoublement de la personnalité".

"Une petite voix" qui l'a poussé à "faire le mal" ?

"C'est un garçon de 16 ans qui est, lui aussi, sous le choc de ce qu'il a commis", a expliqué le procureur de la République de Bayonne, Jérôme Bourrier, à la conférence de presse. Le jeune garçon, arrivé dans ce lycée plutôt prestigieux en septembre dernier, a été examiné par un médecin et "apparaît accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises qui devront être ordonnées".

Une information judiciaire pour meurtre avec préméditation doit être ouverte ce 24 février. Le procureur de la République de Bayonne a expliqué que "le mis en cause avait fait état d'une petite voix qui lui parle, un être qu'il décrit comme manipulateur qui l'incite à faire le mal et qui l'aurait poussé à commettre un assassinat la veille du drame". Le magistrat demande la mise en détention de l'élève.

​​​​​​Harcèlement, tentative de suicide... Quel est le profil de l'élève ?

La veille de ce terrible passage à l'acte, il avait été "affecté par une dispute qu'il avait eu la veille avec un camarade". Le procureur de la République a expliqué : "Il aurait mis en avant qu'il voulait commettre les faits en présence de ce garçon avec qui il s'était disputé". En outre, le mis en cause a avoué qu'il éprouvait une "certaine animosité" envers sa professeure d'espagnol, une matière dans laquelle il avait des difficultés. 

L'élève a été décrit comme "intelligent, travailleur, solitaire, maladroit dans sa relation à autrui", a précisé le procureur. En octobre 2022, il avait fait une tentative de suicide médicamenteuse et depuis, il était suivi par un médecin psychiatre. Par ailleurs, le jeune garçon aurait été victime de harcèlement dans le précédent établissement où il étudiait.

Un élève poignarde à mort sa professeure : ce qu'il s'est passé

Qui aurait pu imaginer qu'un tel drame allait se dérouler dans ce lycée décrit comme sans histoire ? L'établissement privé Saint-Thomas d'Aquin. à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) est très réputé dans la région. Il affiche 100% de réussite au baccalauréat et est fréquenté par des élèves de classe moyenne ou CSP+.

Mercredi 22 février 2023, un élève de 16 ans est rentré en classe où se trouvait sa professeure d'espagnol, Agnès Lassalle ; agrégée, elle y enseignait depuis 1997. Au milieu du cours, vers 9H45, il s'est levé, a fermé la porte à clé et s'est jeté sur l'enseignante avec un couteau qu'il cachait dans du papier. Il l'a ensuite poignardée au thorax, a relaté une camarade présente dans la classe au moment de l'agression. 

"Le mis en cause est resté debout, comme sidéré et les élèves ont pris la fuite en courant. Cet élève est entré dans la salle de classe voisine. Deux professeurs lui ont demandé de lâcher son arme, ce qu'il a fait en posant le couteau au sol. Les deux professeurs l'ont apaisé et à ce moment-là, le garçon aurait déclaré 'j'ai ruiné ma vie, tout est fini", a raconté le procureur de la République de Bayonne. L'enseignante a malheureusement succombé à ses blessures aux alentours de 11H00. L'assaillant a été arrêté et transféré dans les locaux de la police judiciaire de Bayonne où il est actuellement auditionné.

Le profil de l'agresseur d'Agnès Lassalle 

Le jeune homme de 16 ans, dont le nom n'a pas encore été dévoilé, n'a pas d'antécédents judiciaires. Il est scolarisé dans la section Bachibac de ce lycée. Cette section d'excellence est réservée aux bons élèves qui suivent la plupart des cours en espagnol et obtiennent un diplôme en français, mais aussi équivalent à celui obtenu dans la péninsule ibérique. D'ailleurs, il avait eu son brevet avec la mention très bien d'après le quotidien Sud-Ouest. Toujours d'après nos confrères, l'évêque de Bayonne, de Lescar et d'Oloron, Marc Aillet, raconte que l'adolescent était arrivé dans le lycée "au mois de septembre dernier". "Il cherchait un nouvel établissement et Saint-Thomas d'Aquin l'a accueilli", confiait le directeur diocésain.

Le jeune homme souffre-t-il de troubles psychiatriques ?

C'est toute la question d'après les premiers éléments troublants recueillis. D'après BFMTV, l'élève - qui s'est ensuite installé dans une autre salle après son terrible geste alors que ses camarades ont été confinés plusieurs heures avant de pouvoir quitter les lieux et pris en charge par une cellule psychologique - a raconté être "possédé" lors de sa garde à vue. D'après les premiers témoignages, l'agresseur était un peu "esseulé" dans son nouvel environnement scolaire et sujet à des excès de stress, mais rien ne laissait supposer qu'il serait capable d'une telle chose. Il aurait tout de même fait part à ses camarades de son envie de "faire un massacre". L'élève avait-il des troubles psychiatriques ? Suivait-il un traitement ?

Pour l'instant, malgré ses déclarations, il a dit aux policiers "avoir entendu des voix" lui intimant de commettre ce crime. Le médecin qui l'a rencontré au commissariat a considéré qu'il était en mesure de supporter une garde à vue. L'enquête permettra certainement d'y voir un peu plus clair sur la santé mentale du jeune homme et sa responsabilité.

Vive émotion : le président réagit, le ministre aussi : une minute de silence

Le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye a annoncé une minute de silence dans tous les établissements ce jeudi 23 février en hommage à cette professeure assassinée.

Quant au président de la République, Emmanuel Macron, il a posté quelques mots sur Twitter : "L'assassinat d'une enseignante à Saint-Jean-de-Luz nous remplit d'une intense émotion. Je partage la douleur de sa famille, de ses collègues, de ses élèves, de nos enseignants qui consacrent leur vie à transmettre le savoir aux générations futures. La Nation est à vos côtés".