Ils battent à mort leur petit frère… pour un mot dans son carnet de correspondance

Ils étaient quatre membres de la même famille sur le banc des accusés à Colmar devant la cour d'assises du Haut Rhin. Le grand frère, la grande sœur, la mère et l'ex-petite amie du frère ont été jugés après le décès de Seal-Evan, un petit garçon de 9 ans, battu à mort pour avoir reçu un mot dans son carnet de correspondance...

Ils battent à mort leur petit frère… pour un mot dans son carnet de correspondance
© ANDBZ/ABACA

Plusieurs membres d'une même famille ont été jugés à la cour d'assises du Haut-Rhin, ce 1er février, après la mort d'un petit garçon de 9 ans, Seal-Evan, décédé sous les coups de son frère et de sa sœur. Les deux principaux accusés, un homme de 26 ans et sa sœur de 24 ans ont écopé respectivement d'une peine de prison de quinze ans et de six ans pour "violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner". La mère de la victime était jugée pour "complicité de violences volontaires" et a été condamnée à quatre ans d'incarcération. Quant à l'ex-compagne du principal inculpé, elle a reçu une peine de trois ans d'emprisonnement avec sursis au motif de "non-empêchement d'un crime". Les faits se sont déroulés le 16 septembre dans l'appartement de cette famille d'origine camerounaise, à Mulhouse.

Seal-Evan, mort pour un mot dans le carnet de correspondance

Ce terrible soir, les enfants sont seuls à la maison. La mère, comme souvent, est absente. Les deux aînés surveillent les plus jeunes de 11 et 9 ans. Et c'est un mot dans le carnet de correspondance de Seal-Evan qui déclenche une avalanche de violence. Les coups se mettent à pleuvoir sur lui avec une ceinture puis, avec un manche à balai. La séance de correction dure jusqu'à minuit. La sœur a en partie filmé et enregistré la scène.

Selon Ouest-Franceles enregistrements glaçants sont diffusés à l'audience. On y entend l'enfant supplier : "Dieu, aidez-moi, Dieu". Il tente d'arrêter son grand-frère qui le frappe. "Protège-moi, tu es le roi". Le petit perd conscience. La sœur décide de prévenir les secours qui ne parviennent malheureusement pas à le ranimer. D'après la procureure de la république de Mulhouse, l'enfant "serait mort étouffé par son propre contenu gastrique alors qu'il était inconscient".

Une famille où "taper, c'est normal"

Le procès a permis de mettre en lumière les dysfonctionnements au sein de cette famille. La mère avait l'habitude de corriger ses enfants. D'ailleurs, c'est elle qui a demandé à son aîné de punir le petit dernier. Au téléphone, quand celui-ci lui a appris l'existence du mot dans le carnet, elle lui a intimé de "gérer le truc". Lui a reconnu : "On a grandi dans un endroit où taper, c'est normal". La sœur a avoué avoir aussi donné des coups, mais pas de façon "volontaire". Quant à l'ex-petite amie présente le jour du drame, elle a admis avoir mal "réagi". Et d'expliquer : "Au lieu d'appeler les secours, je suis restée à regarder mon copain taper son petit frère".

Connue des services sociaux, la famille avait déjà fait l'objet d'une enquête sociale. Le message dans le carnet aurait fait peur à la mère, craignant d'attirer une fois de plus l'attention. C'est l'hypothèse évoquée par la magistrate. "Vous ne vouliez pas qu'il y ait un contrôle des services sociaux sur votre famille et donc sur vos revenus ! La réalité, c'est que vous avez demandé à votre fils de taper", a-t-elle asséné. L'avocate générale a souligné "la rage immense" de l'aîné qui serait une "caisse de résonance de son éducation".