Meurtre de Patricia Bouchon : la joggeuse de Bouloc a agonisé "une dizaine de minutes"

Dix ans après le meurtre de Patricia Bouchon, le procès en appel de l'accusé s'ouvre. Les experts ont dévoilé de nombreux éléments glaçants, mais Laurent Dejean continue de nier avoir tué la joggeuse de Bouloc...

Meurtre de Patricia Bouchon : la joggeuse de Bouloc a agonisé "une dizaine de minutes"
© Marche silencieuse organisée à la mémoire de Patricia Bouchon, en 2012 par Frederic Scheiber/SIPA

Plus de dix ans ont passé depuis le meurtre de Patricia Bouchon, cette joggeuse retrouvée morte au fond d'une buse à Villematier, près de Bouloc, en Haute-Garonne. Le 28 juin, s'est ouvert le procès en appel de Laurent Dejean, accusé du meurtre de la joggeuse et condamné à 20 ans de réclusion criminelle en 2019. Le procès se tiendra jusqu'au 9 juillet et l'accusé encourt 30 ans de réclusion criminelle.
Le 30 juin, les médecins légistes ont affirmé que le soir où elle a été tuée, Patricia Bouchon a agonisé plusieurs minutes. "Elle survit plusieurs minutes, peut-être une dizaine", ont-ils déclaré.
La mère de famille avait été frappée à la tête et des "lésions gravissimes" ont été remarquées "au niveau des cervicales", ainsi que trois plaies au visage réalisées avec un "objet contondant", a précisé La Dépêche. Devant la cour d'assises du Tarn, à Albi, l'homme de 42 ans, lui, a continué à nier fermement être responsable de la mort de Patricia Bouchon.
En outre, les experts ont expliqué que le décès de la victime résultait probablement d'une tentative de viol ayant mal tourné, d'après France 3 Occitanie. Lorsque son corps avait été découvert, un gant en plastique avait été retrouvé au fond de sa gorge, son haut était relevé, et son pantalon, baissé

L'accusé nie en bloc

"Je suis sincèrement désolé mais je n'ai pas tué votre mère. J'ai cherché, comme tout le monde à Bouloc, mais je n'ai pas trouvé", a  déclaré à la famille de la victime, selon La Dépêche
"Ce n'est pas moi qui ai fait cet acte-là. C'est impossible. C'est une catastrophe ce qui est arrivé dans mon village. À Toulouse, ils m'ont jugé en cinq minutes. C'est pas mon ADN, pas la même couleur de voiture, pas le même horaire et je ne suis pas nature comme ça", s'est défendu l'accusé, lorsque la fille de Patricia Bouchon, Karlyne était à la barre.

Patricia Bouchon, tuée pendant son jogging

Le jour du drame, le 14 février 2011, Patricia Bouchon effectuait son jogging à 4h30 du matin. Un horaire bien matinal pour une raison précise. "Elle était tombée malade, atteinte de tocs. C'est pour cela qu'elle faisait son jogging très tôt le matin, sinon elle n'arrivait pas à tout faire", a expliqué sa fille Karlyne, lors du procès en appel.
Ce jour de 2011, son mari s'était inquiété de ne pas voir son épouse, secrétaire dans un cabinet d'avocats toulousain, revenir. Il a alors immédiatement alerté la police.
Rapidement, les enquêteurs avaient retrouvé des traces de sang et des mèches de cheveux manifestement arrachées, près du logement de Patricia Bouchon. Des voisins avaient également affirmé avoir entendu des cris de femme dans la nuit et un homme répéter à plusieurs reprises: "Excuse-moi, excuse-moi".

Eléments troublants : voiture, portrait-robot, témoin...

Un mois et demi plus tard, le corps de Patricia Bouchon était retrouvé, un gant en latex enfoncé dans la gorge. Laurent Dejean, plaquiste de 34 ans, a été mis en examen quatre ans après le meurtre. Une Clio avait été repérée par un témoin sur les lieux du drame, qui avait également établi un portrait-robot de l'homme qu'il avait aperçu. Un visage qui semblait ressembler en tout point à Laurent Dejean. L'ex-petite-amie du plaquiste avait d'ailleurs assuré que celui-ci possédait une Clio et s'en était débarrassé en février 2011. Etrange coïncidence (ou pas)...
Laurent Dejean, atteint de troubles psychiatriques et diagnostiqué schizophrène paranoïde, avait été interné en hôpital, quelques jours après le meurtre. Mais il avait, à l'époque, déclaré à son patron qu'il ne pouvait revenir travailler temporairement à cause d'une tendinite.

Pas de preuves concrètes ?

Malgré ces éléments troublants, le dossier manque de preuves concrètes pour accabler Laurent Dejean, son ADN n'ayant jamais été retrouvé sur la scène de crime. C'est notamment ce qu'avait souligné l'avocat général en 2019, qui avait requis l'acquittement.
"Il y a eu une erreur judiciaire en première instance où on a appliqué la présomption de culpabilité plutôt que celle de la présomption d'innocence", a déploré l'avocat de l'accusé, Karim Chebbani.
La famille de Patricia Bouchon, elle, est convaincue de la culpabilité de Laurent Dejean. Auprès du Parisien, la fille de la victime, Karlyne, a déclaré: "J'attends une confirmation de peine, de reconnaissance de sa culpabilité".