François Asselineau : "scène de viol", "agressions sexuelles"... les plaignants racontent

Il était dans la course à l'Elysée... François Asselineau a été mis en examen pour harcèlement et agressions sexuelles. Deux anciens collaborateurs ont raconté au "Monde" les agissements supposés du président de l'UPR...

François Asselineau : "scène de viol", "agressions sexuelles"... les plaignants racontent
© IBO/SIPA

[Mis à jour le 8 février à 14h42] François Asselineau a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, pour harcèlement moral et sexuel ainsi qu'agressions sexuelles, a annoncé Le Point. Le président de l'Union Populaire Républicaine (UPR), visé par plusieurs plaintes d'anciens collaborateurs du parti, avait été placé en garde à vue le 4 février, dans le cadre d'une enquête préliminaire qui avait été ouverte le 15 mai.
Son avocat, Me Pierre Darkanian, a réagi auprès de l'AFP: "M. Asselineau conteste catégoriquement les accusations qui reposent sur une enquête menée exclusivement à charge. Les accusations dont il s'agit ont été portées par deux anciens employés de l'UPR, dont les plus graves constituent de prétendus baisers volés".

"M. Asselineau déplore qu'une fois encore le tribunal médiatique bafoue la présomption d'innocence, conditionne le traitement judiciaire de l'affaire et instaure un climat de suspicion et un régime discriminatoire à l'encontre de certaines personnalités publiques", a ajouté l'homme de loi.

François Asselineau, accusé : le premier plaignant raconte

Durant sa garde à vue, François Asselineau a été confronté aux deux plaignants, qui ont maintenu leur version des faits.

L'un d'eux, Y.S., qui a tenu à rester anonyme, avait été propulsé au poste de directeur de cabinet de l'homme politique en 2018, environ un an après avoir rejoint le parti de l'UPR... avant d'être tout bonnement licencié pour faute grave. Celui-ci avait en effet demandé à ce qu'une commission de discipline se tienne afin de dénoncer les comportements de François Asselineau. Sans succès. 

Une lettre qui aurait été écrite par le président de l'UPR à Y.S. en juillet 2018 avait ensuite été découverte. Selon cette missive publiée par Le Monde, Y.S. aurait passé une après-midi avec François Asselineau à l'occasion d'un pique-nique à Versailles... qui aurait mal tourné. Le président de l'UPR aurait tenté de faire des avances à son directeur de cabinet.

Une "scène de viol" décrite ?

 "J'ai été extrêmement triste de la façon dont tu as sabordé la fin de la journée pourtant merveilleuse d'hier. Tu m'as laissé tout seul avec toutes les affaires à rapporter dans la voiture (…) Comme lorsque j'étais enfant et que je ne comprenais pas la méchanceté des adultes, de grosses larmes ont roulé le long de mes joues", aurait écrit François Asselineau.

François Asselineau aurait essayé d'embrasser Y. S., qui se serait débattu. "Dans la bagarre sur l'herbe du Grand Canal, tu as sans doute vu une sorte de réminiscence d'une scène de viol. Moi pas. Pendant ces quelques secondes où je t'ai serré contre moi si fort, je t'ai regardé droit dans les yeux. Ce fut comme un flash: la fusion enfin avec l'être aimé. Ce combat de toute une vie, non seulement contre soi-même (…), voilà ce qui explique l'être singulier et génial que je suis devenu", lit-on encore dans la lettre.

Le second plaignant dénonce "caresses" et baisers forcés

L'autre plaignant, R.S., chauffeur de François Asselineau, puis attaché de presse, âgé de 26 ans, a raconté qu'il avait été harcelé pendant des mois par le président de l'UPR, qui lui aurait "caressé la main pendant qu'il conduisait" et "embrassé sur la bouche alors qu'il dormait sur le siège passager", selon Le Monde.

R.S. aurait raconté ces agissements à d'autres membres du parti durant une fête organisée par le parti pour célébrer le Brexit, en janvier 2020.

Un mois plus tard, François Asselineau aurait alors demandé à R.S. de signer une lettre déjà écrite afin de s'assurer que celui-ci ne porterait pas plainte

"Monsieur le Président, je vous écris pour vous présenter mes excuses sincères et tous mes remords pour la conduite inacceptable que j'ai eue dans les jours précédant la grande fête du Brexit du 31 janvier. Ayant abusé de boissons alcooliques après la fête, j'ai craqué nerveusement. J'ai porté publiquement contre vous des accusations de harcèlement et des calomnies sur votre vie privée, qui sont à la fois mensongères et abjectes. Je me dois de porter à votre connaissance que je souffre parfois de troubles bipolaires de comportement", lit-on sur ce papier... que R.S. a refusé de signer.

François Asselineau, poussé vers la sortie ?

L'ardent partisan de la sortie de la France de l'Union européenne avait ensuite été le destinataire d'une lettre signée par 38 cadres de son parti, qui l'épinglait.

"Nous avons connaissance de documents et de témoignages indiquant l'existence de relations particulières et plus qu'insistantes de votre part et ce, dans le cadre professionnel, qui a été source de graves souffrances psychologiques", lisait-on dans la lettre publiée en avril 2020. 

Ils avaient également fustigé des "problèmes récurrents jamais solutionnés de communication interne, de piètre management, qui écrase les personnes et bride les initiatives", et même demandé la démission du président de l'UPR, qui est à son poste depuis 13 ans.

L'ex-candidat à l'élection présidentielle de 2017 avait alors qualifié ces accusations de "tissu de mensonges et de calomnies" lancées par une "officine", dans le seul but de l'empêcher de présenter sa candidature en 2022. 

Il avait même déclaré que l'un des plaignants lui en voulait pour la simple raison que son "CDD n'avait pas été reconduit".

Lors d'un congrès du parti en juillet 2020, il avait pourtant été de nouveau désigné président du parti. 

Mensonges pendant la garde à vue ?

Durant la confrontation entre les plaignants et François Asselineau, lors de la garde à vue, Y.S. a assuré auprès du Monde que l'homme politique avait menti. "Il a dit qu'il pensait que je lui faisais des avances parce que je lui avais parlé de deux poètes persans. Il a dit plusieurs fois qu'il était amoureux de moi, mais que c'était d'un amour absolu, fantasmatique, pas physique. Alors qu'il a essayé plusieurs fois de m'embrasser", a-t-il expliqué au quotidien.

Le président de l'UPR aurait également déclaré à l'autre plaignant, lors de la garde à vue, qu'il avait "des sentiments pour lui et qu'il pensait que c'était réciproque".