Ségolène Royal, débarquée des Pôles : voilà pourquoi elle a été virée

Ségolène Royal "garde sa liberté de parler", mais pas sa mission d'ambassadrice des Pôles Arctique et Antarctique. En roue libre à mille lieues de son devoir de réserve, l'ex-ministre de l'Environnement a tiré à vue sur le gouvernement et flingué Macron sur la réforme des retraites... Incompatible avec ses fonctions.

Ségolène Royal, débarquée des Pôles : voilà pourquoi elle a été virée
© Didier Bauweraerts/ISOPIX/SIPA

Elle aura passé près de deux ans et demi en tant qu'ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique. Ségolène Royal a annoncé sur Facebook qu'elle serait fatalement démise de ses fonctions à "un prochain conseil des ministres" car, selon ses mots, elle n'a pas "l'intention de renoncer" à sa "liberté d'opinion et d'expression garantis par la Constitution". Une information confirmée par l'Elysée auprès de France Inter qui a expliqué que Ségolène Royal serait remerciée le 24 janvier à l'issue de conseil des ministres.

"Le licenciement de cette mission bénévole sur les pôles a déjà eu lieu, sans entretien préalable", a commenté l'ancienne ministre de l'Environnement qui a également publié le contenu d'une lettre de François Delattre, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, et Emilie Piette, secrétaire générale du ministère de la Transition écologique et solidaire. En effet, la missive est on ne peut plus claire. "Il est envisagé de mettre fin à vos fonctions au regard de vos récentes prises de parole publiques, qui mettent en cause la politique du gouvernement à la mise en œuvre de laquelle (...) vous êtes étroitement associée", lit-on.

Ségolène Royal aurait-elle craché dans la soupe et joué les divas ?

Si Emmanuel Macron a nommé Ségolène Royal ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique, c'est parce qu'il appréciait sa "liberté de ton", selon Le Parisien. Toutefois, cette qualité est rapidement apparue comme un défaut dans les yeux du président de la République. Un conseiller ministériel a confié au quotidien : "Le problème de Ségolène Royal ? C'est la femme que tu invites chez toi mais qui va critiquer ce qu'il y a dans l'assiette et la manière dont tu l'as servie. On ne peut pas lui faire confiance."

Par ailleurs, un épisode en particulier n'aurait pas plu au chef de l'État. En mars 2018, la Dame du Poitou était invitée par Emmanuel Macron à un voyage officiel en Inde. "Elle a joué les ministres pendant tout le séjour, elle a fait sa star. Jusqu'à organiser une rencontre off avec les journalistes. Ça ne se fait pas. À l'étranger, il n'y a que l'autorité la plus élevée qui prend la parole : le président de la République. Il en a été très agacé", a raconté un collaborateur, toujours au Parisien

Ségolène Royal : ses attaques au gouvernement

Ces dernières semaines, l'ancienne rivale de Nicolas Sarkozy à la Présidentielle de 2007 n'avait pas hésité à s'insurger à plusieurs reprises contre la politique du gouvernement. En décembre, sur France Info, elle avait notamment assuré qu'Emmanuel Macron était responsable du chaos généré par la réforme des retraites en fustigeant un "gouvernement arc-bouté pour des raisons d'ego sur les annonces qu'il a faites". Et de s'insurger : "Quatre hommes décident tous seuls : le président de la République, le Premier ministre, le ministre de l'Economie et le ministre du Budget (...) Le gouvernement essaie de faire peur aux gens en leur disant : 'Vous n'avez pas le choix'". 

Plus récemment, l'ex-candidate à l'Elysée avait lâché sur le plateau de BFM TV : "C'est le gouvernement qui est responsable de la pagaille". Autant de déclarations que Ségolène Royal ne regrette pas. "J'ai choisi sans hésiter de garder ma liberté de parler juste au nom des sans voix qui souffrent de réformes brutales et injustes", a-t-elle fait savoir sur Twitter. 

Une source proche du gouvernement a réagi auprès du Parisien : "Il y a un vrai sujet de devoir de réserve et elle n'a pas fait le job dans sa mission. Au nom de quoi serait-elle au dessus des lois ?".

Absentéisme, collaborateurs : Ségolène Royal, face aux polémiques

Ce licenciement intervient alors que l'ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique était au cœur de plusieurs polémiques liées à sa fonction. Elle avait d'abord été critiquée pour "son absence à l'ensemble des réunions officielles au Conseil de l'Arctique qui se sont tenues depuis sa nomination", selon les propos à l'AFP du député Christophe Naegelen (UDI), co-responsable de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur la problématique des pôles.

Par ailleurs, France Info avait soupçonné l'ancienne ministre de l'Environnement d'utiliser ses collaborateurs, qui travaillent avec elle sur sa mission diplomatique, dans d'autres activités n'ayant aucun lien avec sa fonction officielle, telles que des inaugurations en régions ou la promotion de son dernier ouvrage, Ce que je peux enfin vous dire, publié en 2019. Face à ces allégations, Ségolène Royal avait déploré des "insinuations calomnieuses et diffamatoires", sur Twitter.

Selon la cellule investigation de Radio France, le parquet national financier a ouvert une enquête qui vise l'ex-ministre de l'Environnement, afin d'en découvrir davantage sur la manière dont Ségolène Royal a utilisé les fonds qui ont été alloués à sa mission (une enveloppe de 100 000 euros), par le Quai d'Orsay et le ministère de la Transition écologique.