"Si on est au SMIC, faut pas divorcer", Julie Graziani déraille, Pujadas à la rescousse

Julie Graziani, catholique traditionaliste et fervente militante anti-IVG, a martelé qu'une mère célibataire au SMIC n'aurait pas dû divorcer, sur le plateau de LCI. Un discours venu d'un autre temps qui a choqué les téléspectateurs. Quant à Patrick Pujadas, il a défendu sa chroniqueuse.

"Si on est au SMIC, faut pas divorcer", Julie Graziani déraille, Pujadas à la rescousse
© BALTEL/SIPA

"Je trouve que les aides ne sont pas terribles quand on est toute seule avec deux enfants, au SMIC, je ne vois pas trop comment on peut s'en sortir", a expliqué une mère célibataire à Emmanuel Macron, lorsque celui-ci était en déplacement à Rouen, le 30 octobre.
Cette séquence a été diffusée sur le plateau de l'émission 24h Pujadas, sur LCI, le 4 novembre.
La chroniqueuse et éditorialiste Julie Graziani a immédiatement réagi à la détresse de cette dame… d'une manière pour le moins détachée : "C'est sûr qu'elle ne s'en sorte pas à ce niveau là. Mais à un moment donné, je ne connais pas son parcours de vie à cette dame, qu'est ce qu'elle a fait pour se retrouver au SMIC ? Est ce qu'elle a bien travaillé à l'école ? Est ce qu'elle a suivi des études ? Puis si on est au SMIC, faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas là, à un moment donné, quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés et des boulets sur des boulets, on se retrouve dans des problèmes."

Propos chocs de Julie Graziani : la Toile et Marlène Schiappa en rogne

Face à l'insensibilité et au non-sens de ces propos, nombre d'internautes se sont indignés sur Twitter. "Je ne connaissais pas cette Julie Graziani, je pense qu'il faudrait lui dédicacer une journée de l'infâme. - De la femme ? - Non non. De l'infâme", "Julie Graziani : preuve vivante qu'on peut être hautement diplômée et ( en même temps) hautement idiote", "Quand on a fait HEC, il y a de fortes chances pour qu'on ait les moyens d'acheter des livres et de suivre des cours à la fac, bref, de se former intellectuellement. Julie Graziani est clairement responsable de ne pas l'avoir fait", lit-on en commentaires. 

Également révoltée par la prise de position de Julie Graziani, la secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes et initiatrice du Grenelle des violences conjugalesMarlène Schiappa, a réagi sur Twitter : "Quel est le message quand on blâme une femme de ne gagner que le SMIC puis qu'on lui reproche publiquement d'avoir divorcé ? Riche on peut divorcer, pauvre il faut subir ? Sous couvert d'opinion, un violent mépris des mères isolées !"

Une pétition a même été lancée sur Change.org pour demander le licenciement immédiat de Julie Graziania auprès du patron de LCI, Fabien Namias. Près de 20 000 personnes ont déjà signé.

Julie Graziani : droit de réponse

La polémique a enflé et la principale intéressée, loin de regretter ses propos ou de faire son mea culpa, a tenté de justifier son discours sur Twitter. "Je mets les points sur i. Chacun est responsable de ses parcours de vie. Tu as fait le mauvais choix de boulot, tu as fait le mauvais choix de mec, tu assumes. Ce n'est pas à l'Etat d'arranger tes problèmes. Notre société est devenue un gigantesque triangle de karpman avec des plaignants vindicatifs, attendant de l'Etat qu'il les sauve et ne réalisant même plus que ce sont quand même eux les premiers responsables de leur sort", lit-on sur le compte Twitter de l'éditorialiste de L'Incorrect.

Et Julie Graziani de conclure : "Quand j'étais jeune, nous vivions à 5 dans 35m2. Ma mère a du emprunter de l'argent plus d'une fois pour les courses alimentaires. Et bien ça ne serait pas venu à l'esprit de ma mère de venir engueuler le Président de la République."

Julie Graziani "dérape" ? : Patrick Pujadas réagit

Face au tollé provoqué par sa chroniqueuse, Patrick Pujadas a d'abord tenu à rappeler, auprès de Puremédias, que les propos de Julie Graziani ne constituaient pas "un dérapage" mais "une opinion". "Une opinion contestable et qui a d'ailleurs été immédiatement contestée en plateau par l'un de ses contradicteurs la députée issue de Place Publique Aurore Lalucq", a expliqué le journaliste de 54 ans.

Et d'ajouter : "Les propos de Julie Gaziani ne peuvent pas tomber sous le coup de la loi. Ils ne sont ni des appels à la violence ni à la haine. Ce n'est pas un rejet de l'autre pour ce qu'il est, sa couleur de peau, sa religion etc. Ils ne sont que l'expression d'une opinion, aussi contestable, grotesque, réac', rétrograde, ridicule ou condescendante soit-elle."

Qui est Julie Graziani ?

Mais qui est donc cette chroniqueuse qui a suscité l'indignation sur le plateau de LCI ? Diplômée de l'école des Hautes Études de Commerce (HEC) et agrégée de lettres modernes, Julie Graziani milite ardemment contre l'avortement et s'est vivement engagée pour La Manif pour Tous au point de devenir une figure demandée des plateaux télé.

En janvier 2014, Julie Graziani a été l'une des trois rédactrices d'une lettre ouverte au pape François pour dénoncer, entre autres, la loi Taubira. "Les catholiques de France qui se sont levés en masse l'an dernier pour crier leur opposition à la loi dite du 'mariage pour tous', loi injuste qui prive délibérément l'enfant de son droit élémentaire à avoir un père et une mère, et qui ouvre la voie à la marchandisation du corps humain, n'ont pas été écoutés par Monsieur François Hollande", lisait-on.

Julie Graziani est éditorialiste au magazine L'Incorrect et porte-parole du mouvement politique L'Avant-Garde, de droite très conservatrice et d'inspiration chrétienne. La militante est également chroniqueuse dans l'émission 24h Pujadas sur LCI, dans laquelle elle a prononcé les propos jugés méprisants, qui font l'actualité.