L'empereur japonais Akihito abdique, vive son fils Naruhito

Âgé de 85 ans et plus très en forme, l'empereur japonais Akihito laisse sa place sur "le trône du chrysanthème" à son fils aîné, Naruhito, 59 ans. Le 30 avril 2019, Akihito fera ses adieux en grande pompe : c'est la première fois qu'un monarque nippon cède son siège de son vivant. 
En 2016, l'empereur Akihito annonce sa volonté de quitter ses fonctions. S'il a perdu son statut semi-divin en 1947 et n'est plus qu'un "symbole du peuple et de l'unité de la nation" selon la Constitution, Sa Mjesté est très appréciée de son peuple, car il a à cœur d'aider les plus démunis. Son héritier marchera-t-il dans ses pas ? D'après Ken Ruoff, directeur des études japonaises à l'Université de Portland, le futur empereur Naruhito a des ambitions plus grandes. "Ce que veut faire le prochain empereur Naruhito, c'est d'attirer l'attention sur un problème qui touche les personnes les plus faibles de la communauté internationale : à savoir l'accès à une eau propre. La fonction première des monarques, en particulier dans les démocraties libérales, ce qu'on appelle les monarques symboliques, c'est d'être une force unificatrice pour l'État-nation", explique-t-il à RFI.  Néanmoins, Naruhito devra faire preuve de patience, car il ne sera intronisé que le 22 octobre 2019. 

Akihito, un empereur proche de son peuple

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon, allié de l'Italie communiste et de l'Allemagne nazie est contraint d'abdiquer. Après Hiroshima et Nagasaki, l'empereur Hirohito, père d'Akihito, doit se soumettre à la Constitution mise en vigueur par les Américains. Dès 1947, le monarque perd son aura divine et son pouvoir politique, pour ne devenir qu'un simple symbole de la dynastie nippone.
Si le père de l'actuel empereur faisait figure de boucher, après le massacre de 20 millions de Japonais dans une volonté de conquête de l'Asie, Akihito, perçu comme un dieu vivant par certains, est très populaire au sein du peuple, beaucoup plus que le Premier ministre, Shinzo Abe !

Akihito a tout fait pour moderniser l'image de l'empereur japonais. Intronisé prince héritier en 1951, il s'invite à la cérémonie de couronnement de la Reine Elizabeth II afin d'y représenter le Japon. Très mal accueilli par les Britanniques, qui voit en lui l'impérialisme nippon, Akihito en ressort grandit, cette visite lui a permis de voir comment son pays est perçu à l'étranger. En 1959, il épouse une riche fille d'industriel, Michiko Shoda, qu'il rencontre lors d'un match de tennis.

 De cette "romance sur le court de tennis" comme le titre les journaux de l'époque, naîtront ses fils Naruhito (ici avec son épouse la Princesse Masako) et Fumihito d'Akishino et sa fille Sayako. Brisant avec l'image de son paternel (décédé le 7 janvier 1989), Akihito est intronisé en novembre 1990. Lors de la cérémonie, la voiture impériale est rabaissée de 20 centimètres selon le vœu de l'empereur, qui souhaite "amener le trône plus près du peuple". Deux ans plus tard, le nouvel empereur mène une visite historique en Chine : une première depuis 1945 ! 
Bouleversé par les nombreuses catastrophes naturelles qui touchent son pays, l'empereur n'hésite pas à rendre visite aux Japonais, accompagnée de son épouse.
Résolument pacifiste, il se rend sur les anciens champs de batailles et, en 1995, le couple impérial s'agenouille pour s'adresser à la population, après le tremblement de terre de Kobe, qui fait plus de 6 000 morts. Adulé, acclamé à chaque apparition, Akihito s'est dit fatigué (il a été opéré du cœur en 2012) mais "soulagé que [s]on règne se termine sans avoir vu [s]on pays en guerre". 
Les célébrations officielles de son départ, qui se tiendront les 30 avril et 1er mai dans une salle du Palais impérial, vont se dérouler sur plusieurs mois dans tout l'archipel. Les Japonais préparent un adieu festif à leur très cher empereur, avant de souhaiter la bienvenue à son successeur Naruhito en octobre prochain.