En Allemagne, le troisième genre bientôt reconnu

En Allemagne, les députés devront trancher sur la question de légaliser ou non le troisième genre pour les personnes intersexes. Si la législation est votée, une mention autre que "homme" ou "femme" pourrait être inscrite sur les documents administratifs.

En Allemagne, le troisième genre bientôt reconnu
© 123RF - bgton

Fille ou garçon ? Parfois, la réponse n'est pas si simple. L'Allemagne pourrait devenir le premier pays d'Europe à reconnaître le troisième genre sur les documents officiels. Un mois après la légalisation du mariage gay outre-Rhin, un vent de progrès souffle sur le pays.

Les membres de la Cour constitutionnelle du pays ont considéré qu'il serait "anticonstitutionnel de ne pas proposer ce choix", selon l'AFP.  Ceux-ci ont donné à la Chambre des députés jusqu'au 31 décembre 2018 pour voter la législation. Cette mesure concernerait ceux qui sont nés intersexes, c'est-à-dire "avec une anatomie sexuelle atypique", selon les propos de Elizabeth Reis, professeure en études de genres, au Huffington Post. Elle s'étendrait également aux personnes qui ne s'identifient ni comme homme, ni comme femme. Quel terme serait alors inscrit sur les papiers civils ? "Inter", "Divers" ou "X" autre. 

Une détermination payante

En Allemagne, depuis mai 2013, il est possible pour les parents, de ne pas cocher la case "masculin" ou "féminin" sur les papiers de naissance et laisser le champ vide. L'objectif étant de ne pas précipiter la chirurgie corrective sur les bébés, souvent considérée comme une mutilation par ceux qui l'ont subie. 

En août 2016, la Cour fédérale de justice avait refusé de reconnaître l'existence juridique d'un troisième sexe en rejetant la demande d'une personne intersexuelle. Téméraire, celle-ci s'est tournée vers la Cour constitutionnelle, soutenue par l'association Dritte Option - "troisième option" en français. Après leur avoir délivré une analyse chromosomique, le plaignant a démontré avec succès qu'il n'était ni un homme ni une femme. De quoi faire réfléchir.  Cette affaire a ouvert les esprits au point de lancer le débat au sein de la Cour constitutionnelle. 

Flyers et affiches pour la manifestation du 2 septembre, organisée par l'association Dritte Option.

Et dans le reste du monde ? 

Si en Europe, l'Allemagne est en passe d'être pionnière, dans le monde, l'Australie, l'Inde et même le Népal l'ont devancée en légalisant le troisième genre. L'année dernière, New York avait pour la première fois délivré un certificat de naissance portant la mention "intersexué". Notre pays aurait beaucoup à apprendre : en mai dernier, la Cour de cassation Française avait refusé d'inscrire la mention "sexe neutre" sur l'état-civil de Gaëtan Schmitt, né selon son médecin, avec un "vagin rudimentaire" et un "micropénis". Pour rappel, selon une étude des Nations Unies, entre 0,05% et 1,7% de la population mondiale naît avec "des caractères intersexués". Tout un pan de la population à qui l'on refuse d'exister à part entière.