Les femmes, muselées dans les blockbusters américains
SEXISME - Les femmes n'ont prononcé que 27% des mots contenus dans les dialogues des dix plus gros cartons au cinéma en 2016. C'est le constat édifiant d'une enquête américaine.
"Les trailers des films de 2016 promettaient aux spectateurs tellement de personnages féminins forts. Jyn Erso. Dory. Harley Quinn. Judy Hopps. Wonder Woman. Je pensais que l'année 2016 pouvait être celle de l'égalité des sexes à Hollywood. J'ai eu tort". C'est par ces mots que l'Américaine Amber Thomas, statisticienne de métier, introduit le travail qu'elle a mené sur les dix plus gros succès en salles de l'année écoulée :
- Captain America : civil war
- Le Monde de Dory
- Zootopie
- Le Livre de la Jungle
- Comme des bêtes
- Deadpool
- Batman VS Superman : l'Aube de la justice
- Suicide Squad
- Les Animaux fantastiques
- Rogue One : A Star Wars Story.
L'objectif de l'enquêtrice était clair : démontrer que la parole des femmes n'avait pas été autant représentée que celle des hommes dans ces grands succès populaires. Pour cela, Amber Thomas a étudié la retranscription des dialogues de chaque film pour ceux qui étaient accessibles en ligne... et a dû les réécrire elle-même en les assignant à chaque personnage pour ceux n'étant pas disponibles. Puis, une analyse a été menée sur chacune de ces réécritures, pour en arriver à des résultats alarmants.
Un déficit de dialogues féminins
L'infographie ci-dessus montre de façon très claire que neuf des dix films étudiés sont loin de faire la part belle au genre féminin. Dans Rogue One, seuls 9% des dialogues sont énoncés par des femmes. Comme l'indique Amber Thomas, la parole de Jyn Erso est autant mise de côté que celle de Princesse Leia 39 ans plus tôt ! Un autre mauvais élève est Le Livre de la Jungle avec 10% de mots prononcés par des femmes... alors même que c'est l'actrice Scarlett Johansson qui a été choisie pour doubler Kaa, le serpent, personnage historiquement masculin. Autre fait criant de sens : dans Batman VS Superman, le héros parle tout bonnement six fois plus que Wonder Woman.
Quelques éléments encourageants ?
Parmi tous les films étudiés, Amber Thomas a quand même trouvé un exemple (unique) proposant une égalité entre les dialogues féminins et masculins : Le Monde de Dory, avec 53% de dialogues prononcé par le poisson Dory, de genre féminin. Par ailleurs, on notera l'effort de présenter des films ayant une figure féminine comme personnage principal, de Zootopia à Rogue One en passant par Le Monde de Dory.
Seulement, il ne suffit pas de mettre une femme en tête d'affiche si sa parole est muselée tout au long de l'histoire. Le chemin semble donc encore bien long pour dépasser la règle du "sois belle et tais-toi" qui paraît encore bien trop souvent de mise à Hollywood.