L'empoisonneuse, l'une des plus vieilles détenues de France, revient sur la scène judiciaire

La Cour de cassation a ordonné de nouvelles investigations dans l'affaire du double assassinat dont l'ex-infirmière Rodica Negroiu est accusée. Grâce à de nouveaux éléments, celle qui a toujours nié être l'auteur des empoisonnements vient d'obtenir un supplément d'information.

Condamnée à vingt années de réclusion, en 1999, pour avoir assassiné deux hommes par empoisonnement, l'ex-infirmière Rodica Negroiu a toujours clamé son innocence depuis son arrestation en juin 1992. Elle avait été reconnue coupable des meurtres, en 1990, de Raymond Jactel, 82 ans, dont elle venait d'acquérir la maison en viager, et en 1988, de Gérard Helluy, son mari âgé de 68 ans. Roumaine de naissance, elle venait tout juste d'obtenir la nationalité française, mais également le droit de toucher une pension de réversion en cas de décès de son conjoint. Les médecins avaient constaté, lors de l'exhumation des corps, que les dépouilles contenaient des substances létales.
Incarcérée à Joux-la-ville, dans l'Yonne, et libérable courant 2015, celle qui fait partie des détenues les plus âgées de France est toujours restée combative. "Elle conteste les faits depuis le début et a toujours été dans une logique de l'erreur judiciaire", a déclaré son avocat Me Alain Behr, lors de l'audience qui a eu lieu fin septembre 2014. "Quand la justice a fait exhumer les corps, les experts ont retrouvé des traces de deux produits, de la digoxine et du phénorbarbital. (...) Seulement voilà, ces deux hommes souffraient de diabète et d'hypertension artérielle. (...) Or, aujourd'hui, des études démontrent que lorsqu'on souffre de ces pathologies, le corps humain peut lui-même sécréter ces substances", a-t-il ajouté. Un expert-toxicologue sera désigné par la Cour de Cassation pour vérifier la thèse avancée par l'avocat et la cliente.
Curieusement, Rodica Negroiu avait déjà été mariée en Roumanie où son époux était subitement décédé. Des traces de digoxine avaient été retrouvées dans les cheveux du corps. La veuve avait obtenu un non-lieu. 

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Rodica Negroiu a été condamnée pour avoir empoissonné deux hommes dont son mari © aerogondo - Fotolia.com