Scandale Micheline Dax : son corps parmi des dépouilles putréfiées ?

Le corps de Micheline Dax reste introuvable, alors qu'il était conservé au centre de don des corps de l'Université Paris-Descartes. Sa fille Véronique Lafond a porté plainte avec 35 familles, dont les enfants du comédien José Artur.

Scandale Micheline Dax : son corps parmi des dépouilles putréfiées ?
© LEROUX PHILIPPE/SIPA

Micheline Dax et José Artur avaient choisi de servir une noble cause. Les deux artistes décédés respectivement en 2014 et en 2015 avaient décidé de donner leurs corps à la science et fournir aux jeunes étudiants de médecine un matériau d'apprentissage. Le corps de l'actrice n'a cependant pas été restitué et celui de l'ancien animateur du Pop-club a côtoyé les rats dans un sous-sol de l'université Paris-Descartes, dans des conditions de conservation déplorables. Le 7 février, 35 familles comprenant les enfants des deux célébrités, ont choisi de porter plainte contre X devant le parquet de Paris pour "atteinte à l'intégrité d'un cadavre".

Des dépouilles conservées dans des "conditions indécentes"

En novembre dernier, l'Express avait révélé que les dépouilles léguées au centre du don des corps de l'Université Paris-Descartes auraient été conservées dans des "conditions indécentes". Des chambres froides qui ne seraient plus hermétiques, des corps entassés et parfois démembrés, l'université de médecine s'est alors parée du nom de "charnier". Des témoins avaient décrit "des dépouilles putréfiées, rongées par les souris, à tel point que certaines ont dû être incinérées sans avoir pu être disséqués". Répugnantes, indécentes, ces conditions auraient perduré 20 à 30 ans au centre de don des corps de la prestigieuse école de médecine.

Pour compléter ce tableau d'horreur, la journaliste qui a mené l'enquête, Anne Jouan, a également révélé que l'administration de l'établissement n'avait vraisemblablement pas hésité à revendre des corps à des entreprises privées, "en violation des règles éthiques entourant le don du corps à la science".

Les dernières volontés des défunts ignorées

Pour la fille de Micheline Dax, qui fait partie des plaignants, les volontés de sa mère n'ont pas été respectées : "J'ai su au bout de quelques mois que le corps avait été incinéré et que les cendres avaient été dispersées sans possibilité de les récupérer car les corps sont tous brûlés en même temps. Je ne sais pas si la volonté de ma mère a été respectée, puisque les corps étaient inutilisables parce qu'ils étaient pourris, certains étaient entreposés dans un couloir", raconte Véronique Lafond dans une interview donné au Point.

David Artur, le fils du comédien et ancien animateur de radio José Artur, s'est également livré auprès de Paris Match sur les conditions choquantes de conservation : "Mon pére avait signé les papiers pour léguer son corps à la sciences (...) Il voulait servir à des étudiants. Il avait foi en la science et la recherche. Il pensait que donner son corps permettait aux futurs chirurgiens de se faire la main et, un jour, de sauver une vie".

Même si le centre du don des corps a fait l'objet d'une fermeture administrative et que des travaux d'assainissement ont été menés, les familles du collectif formé veulent obtenir justice : "C'était un charnier et une boucherie", a déploré la fille de "la Siffleuse". Et d'ajouter : "Rien à voir avec la noblesse du geste (...) Nous avons été trompés. Il faut que des têtes tombent dans cette histoire. C'est le cas de le dire".