Cancer, théâtre, prison, politique... : Bernard Tapie balance tout

C'est officiel : Bernard Tapie fera son retour sur les planches en mai, à Paris. L'homme d'affaires de 77 ans, atteint d'un double cancer, n'a décidément pas dit son dernier mot. Il s'est confié au Parisien sur sa maladie, son expérience en prison, ses opinions politiques et ses ambitieux projets.

Cancer, théâtre, prison, politique... : Bernard Tapie balance tout
© RETMEN/SIPA

Sa maladie, la prison, ses opinions politiques, ses affaires judiciaires : Bernard Tapie a mis cartes sur table le temps d'une interview au Parisien. L'homme d'affaires de 77 ans, atteint d'un double cancer de l'estomac et de l'œsophage, a donné des nouvelles sur son état de santé sans inquiéter, ni rassurer : "Les cancers dont je souffre, avec les métastases et mon âge, font qu'il n'y a pas aujourd'hui de pronostic certain."
Toutefois, Bernard Tapie a confiance en la médecine et aux progrès de la science qui "n'ont jamais été aussi rapides" selon lui. "Même avec le pire des cancers, on n'est jamais foutu", a-t-il lâché. La foi en la médecine, oui, mais pas que. L'homme d'affaires a comparé son état d'esprit à celui de François Mitterrand, qui s'est battu contre un cancer de la prostate avant de décéder en 1995 : "Fondamentalement, François Mitterrand n'était pas croyant. Je le suis. Nous ne nous posions donc pas les mêmes questions. Lui s'interrogeait sur la vie après la mort. Il était très intelligent et se cherchait les bonnes raisons d'y croire Moi, je suis croyant. C'est une évidence pour moi".

Bernard Tapie : sa seconde chance

Par ailleurs, l'ancien héros de la série Commissaire Valence a une bonne raison de se réjouir et continuer à avoir foi en l'avenir : cet amoureux du théâtre devrait bientôt remonter sur les planches. "Quand on m'a proposé de rejouer, vingt ans après, Vol au-dessus d'un nid de coucou  avant de dire oui à cette pièce de folie, j'ai consulté mon professeur Je lui ai demandé : 'Dites-moi si je serais, oui, non ou peut-être, en état de jouer cette pièce en mai. Je vous supplie de me dire la vérité.' Il m'a pris la main et m'a dit : 'C'est oui !' Avec ma femme, on était dans un état...", a-t-il raconté.

Rendez-vous dès le 9 mai, au Théâtre des Folies Bergère à Paris, donc ! Pour l'instant, 25 représentations sont prévues… et l'homme d'affaires envisage même de se (re)lancer dans le cinéma en tournant prochainement pour Claude Lelouch

Bernard Tapie : "En prison, ils m'ont fait une vie d'horreur"

Inévitablement, l'homme d'affaires est revenu sur ses démêlés avec la justice, alors que l'État attend de lui qu'il rembourse environ 403 millions d'euros dans le cadre de l'arbitrage Adidas-Crédit Lyonnais.

"L'Etat, par l'intermédiaire du Crédit lyonnais et grâce à des montages offshore, a fait un bénéfice de 2,5 milliards d'euros sur la vente d'Adidas. Pour ma part, je n'ai touché en tout que 280 millions d'euros avant impôts, y compris le préjudice. J'ai rapporté beaucoup d'argent aux contribuables français", a-t-il déclaré avant de se remémorer, au bord des larmes, son expérience en prison, lorsqu'il avait été incarcéré plusieurs mois en 1997 dans le cadre de l'affaire de corruption VA-OM : "En prison, à Luynes, ils m'avaient mis à l'isolement complet, ils m'ont fait une vie d'horreur."

Bernard Tapie : son opinion sur la réforme des retraites

L'acteur a également un avis bien tranché sur sa vision de la politique française, et notamment la réforme des retraites : "Deux tiers des salariés qui arrivent à la retraite sont au chômage et on leur explique qu'il faut travailler plus longtemps. C'est dément ! Quant à ceux qui veulent partir le plus tôt possible, c'est pour une majorité qu'ils font un métier qui ne leur plaît pas. On doit leur proposer une formation qui leur donne accès à un métier qui leur plaît".

Bernard Tapie : ce qu'il pense de Ségolène Royal et Marine Le Pen

Puis, après avoir expliqué qu'il avait soutenu Nicolas Sarkozy à la présidentielle en 2007 uniquement pour contrer sa rivale de l'époque Ségolène Royal, Bernard Tapie a dit tout le "bien" qu'il pensait de celle-ci : "Franchement, je crois qu'elle n'a pas les qualités qu'il faut pour être présidente de la République. Il y en a d'autres à gauche. Il n'y a pas photo, par exemple, avec Christiane Taubira, que je connais bien puisqu'elle était sur ma liste aux européennes en 1994. Si je prends Bernard Cazeneuve et Ségolène Royal, il n'y a pas photo non plus. Président de la République, c'est une fonction considérable, il faut quelqu'un d'ultra-armé."

Par ailleurs, le père de Sophie Tapie tient à alerter les Français : il est convaincu que Marine Le Pen peut devenir la prochaine présidente de la République. "Elle peut passer, mais, même si elle n'est pas obsédée comme son père par l'immigration et qu'elle ne rejette plus l'Europe, elle reste, pour moi, l'incarnation idéale du " y'a qu'à ". Le danger, c'est qu'elle rassemble tous ceux qui votent pour faire un bras d'honneur, et ils sont de plus en plus nombreux", a-t-il asséné avant de préciser qu'il s'était abstenu de voter à la présidentielle de 2017, aucun des candidats ne l'ayant convaincu...