Bise à Cannes, tempête en Iran

L'image, floutée par les médias, tourne en boucle sur les écrans iraniens où elle vécue comme une injure. La scène montre Leila Hatami en train d'embrasser sur la joue Gilles Jacob lors de la cérémonie d'ouverture du 67e Festival de Cannes. "Celles qui participent à des évènements internationaux devraient prendre en compte la crédibilité et la chasteté des Iraniens, afin de ne pas montrer une mauvaise image des Iraniennes ", a déclaré le vice-ministre de la Culture, Hossein Noushabadi, cité par le site internet de la radio-télévision Irib. Il ajoute : "Qu'elle soit artiste ou non, la femme iranienne est le symbole de la chasteté et de l'innocence, donc une telle attitude inappropriée (s'étant produite) récemment au Festival de Cannes n'est pas conforme à nos principes religieux".

Propulsée sur la scène internationale avec le film " Une séparation " d'Asghar Farhadi doublement récompensé par un Ours d'or en 2011 et un oscar du meilleur film étranger en 2012, Leila Hatami  est originaire de Téhéran où, depuis 1979, la loi islamique interdit à une femme femme d'avoir un contact physique avec un homme étranger à sa famille. Un contact limité, donc.
La loi autorise cependant les hommes musulmans à serrer la main d'un non-musulman avec des gants et sans presser la main lors du toucher. Le baiser de l'actrice a ainsi déchaîné les foudres des autorités iraniennes qui craignent que les jeunes s'éloignent des valeurs de l'islam pour adopter les valeurs occidentales. La répression y est particulièrement forte. Afin que les femmes respectent les codes vestimentaires imposés, la police a développé il y a 10 ans une unité de "moralité" et surveille les rues pour veiller à la stricte application des textes. Les femmes qui se rebellent reçoivent des amendes ou se font arrêter. Depuis le mois d'octobre, le président Hassan Rohani, un modéré élu en juin 2013, a demandé plus de tolérance sur le voile. Ce scandale qui relance le débat...