Salvador Dalí et Gala : 50 ans d'amour fou

Salvador Dalí est bien sûr l'un des plus grands peintres surréalistes. Mais c'était aussi un grand amoureux. Récit d'une passion entre un artiste et sa muse.

Les artistes sont souvent des amoureux inconditionnels, passionnés et entiers. Salvador Dalí, référence du surréalisme, n'échappe pas à la règle. Lui qui vit avec le fantôme d'un frère qu'il a remplacé aux yeux de ses parents et l'absence d'une mère emportée par un cancer d'un col de l'utérus alors qu'il n'a que 16 ans, a toutes les armes pour devenir un artiste maudit. A 23 ans, il a déjà croisé Picasso, quitté l'Espagne pour Paris et fréquente un cercle d'intellectuels surréalistes. C'est lors de vacances dans la maison de ses parents où il a invité tout ce petit monde, qu'il croise le regard d'Helena Ivanovna Diakonova, surnommée Gala. Elle n'est pourtant pas un coeur à prendre puisqu'elle est l'épouse du poète Paul Eluard. Le coup de foudre est immédiat entre le peintre et la jeune femme de près de 10 ans son aîné. Il déclarera même que l'expérience la plus passionnante de sa vie est cette rencontre avec celle qui va devenir sa femme. Pour Gala, cette histoire naissante est aussi l'occasion d'échapper à un schéma classique d'épouse dans lequel elle étouffe. Mariée à Paul Eluard, elle est aussi mère d'une petite fille. Mais elle s'ennuie dans ces rôles qui ne conviennent pas à sa nature indépendante et passionnée. La jeune femme a d'ailleurs déjà une relation extra-conjugale avec un autre artiste, Max Ernst. Elle quitte donc deux hommes pour Dalí. Lui est déjà fou d'elle, au sens littéral du terme. Ses "crises de folie" inquiètent les amis qu'il a conviés dans sa maison de Cadaquès. Entre l'artiste fantasque et la belle éprise d'indépendance et de culture, l'histoire est inévitable. Gala devient donc à la fois son amante et sa muse avant de devenir officiellement sa femme, civilement, en 1932 et religieusement, en 1958, après la mort de Paul Eluard. Il la peindra de nombreuses fois notamment dans cette oeuvre où il lui donne le visage de la Vierge Marie, La Madone de Port Lligat, qu'ils contemplent ici tous les deux.

Salvador Dalí : un choix entre Gala et sa famille

Si l'histoire d'amour entre Dalí et Gala sonne comme une évidence pour eux, il n'en est pas de même pour la famille du peintre. Son père n'apprécie pas la liaison de son fils avec une femme mariée. Salvador se voit donc contraint de faire un choix. Et entre sa famille et celle qu'il considérera toujours comme la femme de sa vie, c'est Gala qui remporte le bras de fer. L'artiste se voit donc contraint à la rupture avec celui qui l'a encouragé dans cette voie artistique et qui organisait dans la maison familiale les premières expositions de son fils. Ce dernier se brouille également avec sa soeur Anna-Maria. Dalí et Gala ne pourront d'ailleurs pas s'installer à Cadaqués en raison de l'hostilité familiale. Ils se retrouvent donc en tête à tête, sans le soutien financier du père de l'artiste. C'est là que Gala va trouver sa place dans la carrière de son homme : elle l'entretient quand les débuts sont difficiles et devient son agent, gérant ses toiles et ses affaires. Ils investissent une petite cabane de pêcheur à Port Lligat, à deux kilomètres du village d'enfance de Salvador, et y vivent d'amour et d'eau salée.

Salvador Dalí et Gala, une vie romanesque à travers le monde

L'histoire d'amour entre ces deux intellectuels semble tirée d'un roman. Ils se sont même inventé un alphabet amoureux (qu'il fera poser sur un sac conçu selon ses souhaits par la maison Lancel pour Gala et que l'on retrouve aujourd'hui avec la ligne "Dalígramme"). Pendant plus de 50 ans, ils vont s'aimer au gré des aléas de l'histoire comme la Guerre d'Espagne qui les fera voyager en Europe ou la guerre 39-45 qui les poussera à embarquer pour New York. L'artiste est de plus en plus connu. Sa réputation et la vente de ses oeuvres leur assurent un quotidien plus que confortable. Si leur vie n'est pas un long fleuve tranquille, leur relation non plus. Si Salvador croit et attache de l'importance à la fidélité, tant dans le couple que dans la relation de l'artiste et sa muse, il n'en est pas de même pour Gala qui prendra plusieurs fois des amants. Mais cela ne suffit pas à séparer le couple. Salvador idéalise encore plus Gala et cette dernière apprécie la vie auprès de cet artiste fantasque.

Salvador Dalí : la parenthèse Amanda Lear

Mais alors, Amanda Lear dans cette histoire ? Le peintre la rencontre en 1965 alors que le couple commence un peu à s'éloigner. Il lui donne des cours et en fait bientôt sa nouvelle égérie. Celle qui ensuite se démarqua comme une star du Disco a écrit dans sa biographie avoir vécu une relation de 15 ans avec l'artiste. Des rumeurs la présentait même comme un transsexuel. La nouvelle égérie du peintre confiera d'ailleurs lors d'une émission de Thierry Ardisson que "Gala est le genre de femme qui dit : "si mon mari est heureux avec vous, vous avez ma bénédiction. Je veux que mon mari soit heureux." Elle ajoutera également que Dalí  était "toujours heureux de retrouver sa femme".

Salvador Dali et Gala : jusqu'à ce que la mort les sépare

Peu importe les coups d'éclat, les disputes publiques, les infidélités... Gala et Salvador Dalí vont s'aimer jusqu'à la mort de la muse. Ils conservent même leurs rituels comme celui de la sieste. C'est d'ailleurs au cours de l'une d'entre elle que Gala meurt, le 10 juin 1982, à Port Lligat. Le peintre, selon les dernières volontés de son épouse, la fait enterrer dans le château de Pùbol qu'il lui avait offert quelques années auparavant, suite à une promesse qu'il lui avait faite. Il lui survivra quelques années où il ne voit quasiment plus personne et où il reste enfermé. Un incendie, probablement provoqué par un court-circuit, conduit le peintre à l'hôpital pour d'importantes brûlures. Sa santé commence à se détériorer. Il meurt  le 23 janvier 1989 à l'âge de 84 ans. Ils laissent tous deux l'une des plus grandes passions du XXe siècle.