Xavier De Moulins : Nouveau roman, passion pour l'équitation, IRM, âge... Confidences (EXCLU)

Xavier De Moulins sort son nouveau roman "Refaire l'amour", aux éditions Flammarion, qu'il a écrit à la suite d'une rencontre qui lui a "explosé au visage". Le journaliste de 53 ans s'est confié sur son âge, sa part de féminité, son enfance ou encore sa passion pour les chevaux qui le "sauve"...

Xavier De Moulins : Nouveau roman, passion pour l'équitation, IRM, âge... Confidences (EXCLU)
© BALTEL/SIPA

Xavier De Moulins est un touche-à-tout. En plus d'être aux commandes de plusieurs émissions sur M6 et de s'adonner régulièrement à sa passion pour l'équitation, le journaliste publie son nouveau roman, Refaire l'amour, dans lequel il explore le point de vue d'une femme dont l'ex-mari a tué sa seconde épouse. Pour l'occasion, l'animateur phare de M6 a évoqué ce nouveau livre dont l'histoire tire son origine dans sa "sphère plus privée" et s'est confié sur son hyperactivité, le temps qui passe, sa part de féminité…

Le Journal Des Femmes : Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ce roman sur un sujet si lourd ?

Xavier De Moulins : C'est une réalité qui m'a un peu explosé au visage. Je traite malheureusement trop souvent de féminicides dans mon journal, mais un jour, il s'est invité dans ma sphère plus privée puisqu'une amie d'enfance, que j'ai retrouvé un peu par hasard dans la rue, allait à la prison de Nanterre apporter des affaires à son ex-mari. Celui-ci avait tué sa nouvelle femme avec qui il avait eu un bébé. La force de mon amie d'enfance m'a bouleversé. J'ai évidemment été complètement saisi par cette information et dans un premier temps, cela m'a désarçonné. Puis, on s'est revu et l'affaire a été jugée et des années après, j'ai eu l'idée d'écrire un livre. 

Mais vous n'avez pas raconté son histoire puisqu'il s'agit d'une fiction…
C'est le point de départ de mon livre, mais pas le point d'arrivée. Je me suis dit : "La littérature peut-elle faire de quelque chose d'aussi atroce quelque chose de beau ?". Et j'ai eu envie de raconter l'histoire d'une femme qui va progressivement, après avoir perdu pied à l'annonce de la nouvelle, revenir à elle-même et pouvoir enfin refaire l'amour à la vie et retrouver son identité. J'ai appelé cette amie et j'ai émis l'idée du livre. C'était important d'avoir pour moi son consentement, même si je n'allais pas parler de son affaire en particulier.

A-t-elle lu le livre ?
Oui, je lui ai envoyé avant publication, je voulais absolument l'intégrer à tout cela puisqu'elle était à l'origine de ce mouvement d'écriture. Elle a été complètement désarçonnée et m'a dit que j'avais fait un beau livre, un hymne à la rage de vivre et à la résilience. Elle s'y est pris à deux fois.

Vous choisissez d'écrire à travers l'ex-compagne de l'auteur du féminicide, c'est un point de vue très rare…
Je voulais rendre hommage à toutes ces victimes auxquelles on ne pense pas. On parle de la victime et du bourreau, mais les proches du bourreau, tout le monde s'en fout, alors que pour eux, la vie ne sera plus pareille. Comment sort-on la tête de l'eau dans ce cas ?

Dans ce roman, vous vous glissez dans la peau d'une femme. Est-ce un exercice compliqué pour vous ?
J'avais fait l'expérience dans un livre que j'avais écrit en 2017, Les hautes lumières, qui est un livre sur l'infertilité. Me glisser dans la peau d'une femme fait partie des expériences que j'aime tenter dans la littérature. Et tendre à être une femme le temps d'un roman ne m'a pas été plus compliqué que ça. J'observe beaucoup les femmes toute la journée, chez moi j'ai trois filles et une femme (la journaliste Anaïs Bouton, ndlr). Elles prennent de la place pour douze (rires) ! Je suis donc à bonne école, je vis entouré de femmes. Et puis, je me sens très féminin dans ma sensibilité, dans ma manière d'observer… L'écriture m'aide à exprimer ma part de féminin et elle me permet de changer de sexe ! 

"Ce qui me fascine chez les femmes, c'est..."

Dans un autre de vos romans, La nuit des pur-sangs, il est question de violences intra familiales. Est-ce une volonté de mettre en lumière des sujets lourds dans vos romans ?
C'est ce qui m'intéresse, je travaille beaucoup sur les liens familiaux et l'intimité, la construction, la perte. Ce qui me fascine chez les femmes c'est cette capacité de rebond, même quand tout est dur. C'est dingue ! 

Vous êtes journaliste, vous écrivez des livres et vous faites de l'équitation. Comment parvenez-vous à tout allier ?
Je pense que c'est énormément grâce aux chevaux et à ce rapport avec le vivant et la nature. Si je présentais uniquement le journal, je m'injecterais directement du poison dans le corps car l'époque est vraiment sombre. Avoir une activité avec les chevaux, cela montre que si l'époque est sombre, le monde reste beau. Vous n'avez plus la même vision des choses. Pour tout faire, il suffit d'aimer ce que l'on fait. Je travaille tout le temps, mais finalement, je ne travaille jamais ! Ce n'est pas une contrainte, j'aime ce que je fais et j'ai une chance folle ! Et je ne m'arrête pas le samedi et le dimanche parce que je n'ai pas besoin de ça. 

Mais savez-vous lever le pied de temps en temps ?
Pour moi, le moment où je me ressource, c'est lorsque je pars tôt le matin aux écuries pour monter mon cheval de course à Chantilly et lorsque je suis à cheval. Là, je suis connecté au présent. C'est une méditation. Je peux avoir annoncé les pires horreurs, quand je me retrouve à cheval et que j'ai ce contact avec tout ce que donne un animal, je me retrouve comme un homme neuf. Cela me sauve.

Votre passion pour l'équitation vient-elle de l'enfance ?
Oui, j'ai cette passion depuis mes dix ans. C'était un coup de foudre ! Cela m'a aidé à soigner mon hyperactivité d'enfant compliquée à vivre et tous les soucis que je pouvais avoir à l'école. Pendant 15 ans, l'école et moi, on ne s'est pas bien entendu. L'équitation et une professeure en seconde ont changé ma vie. Elle m'a offert des livres et m'a complètement ouvert au monde par la culture…

"J'aime bien avoir mon âge"

Avec l'équitation, vient le risque de la blessure. Vous fait-elle peur ? 
Non, parce qu'elle est inhérente à cette activité. L'année dernière, j'ai passé au moins quatre IRM, je me suis souvent blessé, mais j'essaie de ne pas y penser parce que sinon, on ne fait plus rien. Je monte des chevaux de vitesse, donc on est sur les pistes, mais c'est comme pour tout, il y a toujours un risque.

Vous ne craignez donc pas non plus le temps qui passe ?
J'adore le temps qui passe ! J'aime bien avoir mon âge et je suis content d'avoir vécu ce que j'ai vécu, de traverser les époques et me connecter avec le monde d'aujourd'hui. J'ai des jeunes journalistes à la rédaction que l'on forme et j'ai été aussi le plus jeune de l'équipe, aujourd'hui cela s'est un peu inversé (rires). Donc j'essaie de rendre ce que l'on m'a donné. Je suis assez aligné avec le cours de la vie…

Comment vous voyez-vous dans quelques années ? 
Mon grand projet, c'est de rester vivant (rires). Je plaisante à moitié en disant cela, mais j'espère continuer à travailler où je travaille, à faire des romans, à m'exprimer, et à être un passeur, toujours avec cette liberté immense qui est précieuse.