Chimène Badi : Nouvel album, son âge, la chirurgie esthétique, The Voice, le féminisme... elle dit tout ! (Exclu)

A l'occasion de la sortie de "Gospel & Soul, la voix et l'âme", la chanteuse Chimène Badi a accordé une interview sans langue de bois au "Journal des Femmes" et ça fait du bien !

Chimène Badi : Nouvel album, son âge, la chirurgie esthétique, The Voice, le féminisme... elle dit tout ! (Exclu)
© Thomas Braut

13 ans après la sortie d'un premier album de reprises soul de standards américains et français, Chimène Badi sort un nouvel opus dédié à cette musique américaine, baptisé Gospel & Soul, la voix et l'âme. Dans cet album composé de titres inédits, la chanteuse de 42 ans montre encore une fois l'étendue de son immense talent. Interview exclusive pour le Journal des Femmes.

En quoi cet album est-il différent de celui sorti en 2011 ?

Chimène Badi. J'ai voulu interpréter des titres qu'on n'imagine pas du tout dans le gospel ou dans la soul. C'est le cas du titre Le ballet, de Céline Dion, qui est vraiment aux antipodes de la musique noire américaine mais que je chantais adolescente dans ma chambre à tue-tête. J'aime aussi d'amour Stevie Wonder depuis que je suis gamine et j'ai opté pour I Wish qui est super solaire et qui me plaît beaucoup. Quant à Noir, c'est noir, c'est un titre qu'on écoutait à chaque fois qu'on partait en vacances avec mes parents. J'ai donc choisi des chansons en rapport avec ma vie, mon histoire et mon parcours.

Vous avez toujours baigné dans la musique noire américaine mais aussi la chanson française : comment gérez-vous cette différence de culture ?

Chimène Badi. Je n'ai pas envie de faire un choix, même si effectivement on m'a mise dans une case qui est celle de de la chanson française aux notes inaccessibles à atteindre. Sauf que ce n'est pas mon ADN ! J'aime performer, c'est sûr. Mais mon ADN, c'est la chanson française et la musique noire américaine qui me transportent. Je pense qu'un artiste doit se faire plaisir pour faire plaisir au public, Donc, je ne ferai pas de choix. Je continuerai d'allier ces univers qui me plaisent et qui m'ont toujours transcendée. C'est la base parce que sinon cela veut dire que je me trahis, que je ne suis pas honnête envers moi-même et envers les autres. Cela veut dire que je ne suis pas authentique et que je suis fausse. Et ça, c'est hors de question. 

Vous allez partir en tournée pour présenter votre album : est-ce important pour vous de retrouver votre public ?

Chimène Badi C'est essentiel. Après le show, j'échange avec eux. Ils me donnent leurs avis et leurs sentiments et c'est l'ultime récompense ! Avant, la scène prenait toute la place. Il n'y avait que ça qui comptait et que ma carrière. Mais je me suis rendu compte que ce qui était important aussi, c'était ma vie de femme. Désormais, quand je fais des spectacles, je les prends comme des cadeaux, comme une parenthèse enchantée mais quand ils se terminent je suis contente de redevenir Chimène, la chérie de mon amoureux, la grande sœur de mes petits frères et sœurs, la tatie de mes neveux et de retrouver une vie normale. 

Vous avez 42 ans et on a l'impression que l'âge ne vous pose aucun problème. Est-ce vraiment le cas ?

Chimène Badi. C'est le cas. Je n'ai aucun souci avec l'âge et avec le fait de vieillir. En revanche, voir mes parents vieillir me touche parce que j'espère qu'ils resteront avec moi le plus longtemps possible. Mais moi je suis très à l'aise avec mon âge. Je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. Je n'ai pas du tout envie de retourner à 20 ans avec tout ce que j'endurais et tout ce que je ne savais pas. Il n'y a rien de plus beau que de vieillir, parce qu'on se déleste de choses négatives et qu'on comprend tellement mieux les choses. Bien sûr que j'ai des rides et que je marque plus facilement qu'à une époque, mais mon visage raconte une histoire, il a des choses à dire. 

Pourriez-vous malgré tout vous laisser tenter par des petits subterfuges pour paraître plus jeune?

Chimène Badi. J'ai une amie esthéticienne qui s'appelle Emmanuelle qui s'occupe très bien de moi. Mais je ne fais que des soins du visage comme du microneedling ou du Jet Peel (soins anti-âge) et je ne veux pas faire des injections de botox ou d'acide hyaluronique ou de liftings. Je suis quelqu'un de croyant et de pratiquant et, dans ma religion, on ne s'amuse pas à faire ce genre de choses. On n'en a pas besoin et ce n'est pas ça qui doit primer. Cela fait vraiment partie de mes valeurs et de mes principes. 

Quel est votre regard sur ces femmes qui ont recours à beaucoup de chirurgie esthétique?

Chimène Badi. Les femmes ont le sentiment d'avoir une date de péremption, ce qui est terrible car les hommes ne sont pas confrontés au même problème. Mais c'est à nous les femmes aussi de montrer de quel bois on se chauffe ! On peut refuser de rentrer dans cette forme de spirale infernale de la chirurgie esthétique. Cependant, certaines ont de vrais complexes et je peux alors comprendre qu'elles aient recours à ces opérations. Maintenant, si c'est juste pour essayer d'obtenir quelque chose dans notre métier, c'est triste. Le plus important c'est d'assumer qui on est, d'assumer justement d'être différente. Monica Bellucci vieillit, mais je la trouve absolument magnifique.

Est-ce que vous vous définissez comme quelqu'un de féministe ?

Chimène Badi. Je suis féministe au sens militant. Mais j'adhère à un féminisme un peu plus ancien que celui d'aujourd'hui et moins violent. Je ne veux pas faire la guerre aux hommes et je veux juste qu'il y ait une réelle égalité entre eux et moi et surtout du respect. A mes débuts, des hommes ont eu des comportements à mon égard que je n'autoriserais plus. Aujourd'hui, les hommes ne s'amusent pas à faire ce genre de choses avec moi, parce qu'ils savent qu'ils vont se prendre un retour de manivelle très rapidement ! (rires) A un moment donné, nous devons nous affirmer nous les femmes. Il ne faut pas avoir peur d'envoyer bouler les hommes qui ont tendance à prendre un peu trop leurs aises avec nous. Je veux qu'on respecte les femmes et qu'elle soient sur un pied d'égalité avec les hommes.

"A mes débuts, j'aurais pu sombrer"

Vous avez plus de 20 ans de carrière. Quel regard portez-vous sur la Chimène des débuts ?

Chimène Badi. J'ai un peu de peine parce que j'étais un peu paumée. Mais je suis aussi fière de moi parce que j'aurais pu tomber dans des travers dramatiques parce que je n'avais pas confiance en moi. J'étais entourée de personnes qui n'étaient pas toutes saines et j'aurais pu sombrer. Je suis plutôt contente de moi parce que je ne m'en suis pas trop mal sortie.

Vous avez eu une petite larme dans The Voice Kids quand vous étiez invitée par Slimane. Pourriez-vous devenir membre du jury de The Voice ?

Chimène Badi. Je l'ai fait en Belgique il y a quelques années mais j'étais beaucoup plus jeune et peut-être un peu trop dans l'empathie. Cela étant dit, je le serai toujours car j'ai été diagnostiquée hypersensible il y a deux ans et j'ai compris pourquoi toutes ces émotions prenaient autant de place et pourquoi j'étais si particulière. Mais quand j'ai été coach en Belgique, mes talents étaient très jeunes et j'avais beaucoup de peine pour eux. Est-ce que je parviendrais à ne plus en avoir désormais ? Je ne sais pas. J'aime l'idée de transmettre mon savoir et d'accompagner des talents mais être sur un siège pour buzzer et faire de la télé, je ne sais pas. C'est spécial comme rôle quand même. 

Certains artistes répètent que c'était mieux avant. Le pensez-vous aussi ?

Chimène Badi. Je pense que le plus important est ne pas avoir de regrets et je n'en ai pas. Est-ce que c'était mieux avant? Je ne peux pas le dire. Quand j'ai commencé, il y avait encore de la magie dans le milieu de la musique. La nouvelle génération se lance à une époque où la musique se consomme complètement différemment mais elle possède les codes pour cette nouvelle ère. Donc il faut avoir de l'espoir.

Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention du Journal des Femmes.