Lambert Wilson vit isolé dans un moulin usé en Bourgogne : "Les hivers ne sont pas sexy"

Lambert Wilson est une bête de travail, tant dans sa vie d'acteur qu'au quotidien, où il s'astreint à maintenir à flot un vieux moulin bourguignon, devenu son refuge il y a une vingtaine d'années. Malgré la rudesse de la région, l'acteur nourrit pour elle une véritable histoire d'amour... qui a su le sortir d'une dépression il y a quelques années, raconte-t-il à "Paris Match".

Lambert Wilson vit isolé dans un moulin usé en Bourgogne : "Les hivers ne sont pas sexy"
© Boyer David/ABACA

"J'ai voulu être acteur pour me fuir", explique dans les colonnes de Paris Match, l'acteur Lambert Wilson. Mais, depuis quelque temps, le comédien actuellement à l'affiche du film Les Choses simples d'Eric Besnard, a besoin de se retrouver. Un peu, finalement, comme le personnage qu'il incarne dans cette comédie : un entrepreneur à qui tout réussi et qui, suite à une panne de voiture, rencontre Pierre, une sorte d'ermite vivant en harmonie avec la nature. De cette relation, chacun de ces deux hommes que tout oppose va voir ses certitudes respectives bouleversées.

Dans le réel, ce n'est pas une panne de voiture qui a conduit Lambert Wilson a prendre un virage dans sa vie, mais la mort de ses parents, qui l'a "un peu fracassé il y a une dizaine d'années". Pour tenir le cap, il se raccroche maintenant désespérément à son moulin, en Bourgogne, son phare dans la nuit, sa ruche pleine de vie.

La Bourgogne, une terre d'adoption pour sortir de la dépression

"Mes parents sont morts. On a vendu la maison familiale, et je n'ai plus eu de contact avec mes proches. J'ai vraiment eu l'impression d'être déraciné", se souvient-il auprès du magazine. L'acteur aujourd'hui âgé de 64 ans sombre alors dans la dépression et, pour tenter de reprendre le dessus sur la vie, se raccroche à la terre, à sa terre d'adoption : un domaine situé entre une rivière et le canal de Bourgogne, dans la région de Tonnerre. "Ici, je recrée un endroit à peu près stable, comme un ponton. Cette maison remplit cette fonction. C'est là où je dépose mes objets, mes archives… et surtout là où je fais venir mes amis. Ils sont mes garde-fous, ma famille élective", assure Lambert Wilson.

Une maison comme une ruche

S'il vit seul à l'année, sa maison grouille toutefois régulièrement de convives qu'il invite pour des déjeuners qui s'éternisent, pour des balades à vélo... Signe de son attachement à cette terre, l'acteur nommé sept fois aux César s'investit aussi beaucoup dans la vie de sa ville où il a créé, avec le maire, un festival de musique : Les Millésimes de Tonnerre. "Ça a tout changé. On est en contact avec les ­communautés locales, les instances départementales, on fait venir des artistes et on rencontre des musiciens du coin. Notre ­travail d'implantation a pris un temps fou… Cette région le mérite", affirme-t-il à Paris Match. Les artistes du festival sont chaque année invités à résider dans son moulin pour préparer le spectacle.

La troisième édition aura lieu cet été, du 25 juin au 2 juillet. Au programme : Offenbach, Schubert, Rameau, un concert de musique de chambre et un autre de jazz. Lambert Wilson, lui, récitera un texte lors de l'interprétation de "L'histoire du soldat", de Stravinsky.

"Les hivers ne sont pas sexy, ils sont déprimants"

Lambert Wilson a posé ses valises dans ce moulin dès les années 2000, plaquant tout au passage. Datant du XVII-XVIIIème siècle, la bâtisse lui demande beaucoup de temps. "Les hivers ne sont pas sexy, ils sont déprimants. On serre les dents, et le ­moulin usé par le cours d'eau nécessite, comme un bateau, un travail constant. Il faut ­garder les vannes en état, faire avec les crues du bassin de l'Yonne… Il est arrivé que l'eau monte à 10 centimètres du sol de la ­cuisine." De quoi s'occuper l'esprit et revenir... aux choses simples.

Une histoire d'amour vieille de 40 ans

La rudesse de la région, Lambert Wilson y était préparé. C'est d'ailleurs en partie ce qui l'a séduit puisqu'il avait eu un coup de cœur pour la Bourgogne 20 ans auparavant, alors qu'il s'y était rendu pour acheter une maison à des amis. Il y avait découvert "la Bourgogne minérale et rude, la vraie campagne au climat difficile et aux gens fermés". Vingt ans plus tard, il avait eu une "histoire d'amour instantanée" avec ce vieux moulin où il s'adonne désormais au jardinage, à la méditation et écoute de la musique médiévale.

Si celui-ci n'était au départ qu'une maison de campagne, pour le week-end, elle est devenue depuis le confinement son refuge, son lieu de vie. L'acteur ne passe désormais plus qu'en coup de vent à Paris pour des tournages.