Atteint d'un cancer de la langue, Maxime Le Forestier a cru devoir tout arrêter : "Je me suis dit que..."

Alors qu'il apprenait il y a un an être atteint d'un cancer de la langue, Maxime Le Forestier a eu peur de ne plus jamais pouvoir chanter. "En souvenir" de sa voix, il a donc enregistré avant ses séances de radiothérapie un nouvel album. Aujourd'hui en rémission, le chanteur a plein de nouveaux projets.

Atteint d'un cancer de la langue, Maxime Le Forestier a cru devoir tout arrêter : "Je me suis dit que..."
© Berzane Nasser/ABACA

Il y a encore quelques mois, Maxime Le Forestier a bien cru que tout était fini pour lui. Le 3 décembre 2021, il s'évanouissait sur scène lors d'un concert à Épinay. Transporté à l'hôpital par les pompiers, le chanteur de 74 ans apprenait, après avoir subi une batterie d'examens, qu'il avait "des petites saloperies regroupées à la base de la langue", racontait-il à L'Obs en décembre dernier. Autrement dit, un cancer de la langue.

Maxime Le Forestier face au cancer : cet album enregistré dans l'urgence

Persuadé qu'il ne pourrait plus chanter ensuite, Maxime Le Forestier explique dans une interview donnée à l'AFP - et relayée par FranceInfo - que pour garder une trace de sa voix, et à l'occasion de ses 50 ans de carrière, il a réenregistré aussi ses propres chansons dont San Francisco, Né quelque part et Passer ma route, réunies dans un double album live intitulé On a fini par trouver une date. "Je l'ai enregistré entre le moment où j'ai appris que j'avais un cancer et le moment où j'ai commencé une radiothérapie (...) Je me suis dit que je ne rechanterais peut-être pas. Donc j'ai voulu garder un souvenir", relève Maxime Le Forestier, désormais en totale rémission. "Je suis content d'avoir vécu jusque-là", ajoute-t-il.

Pour autant, pas question pour lui de s'apitoyer sur son sort. "J'adore la nostalgie quand elle est chantée par Brassens ou Souchon, mais c'est un sentiment que je n'aime pas ressentir. Il y a du regret dans la nostalgie. C'est un peu antagoniste avec la chanson qui est une fabrique de nostalgie. Chacun ses contradictions", dit-il.

Une épreuve vécue en toute discrétion : pourquoi Maxime Le Forestier n'a rien dit de son cancer ?

Cette infortune, Maxime Le Forestier a d'ailleurs choisi de la vivre seul, et surtout de continuer à vivre presque comme si de rien n'était, malgré 35 séances de radiothérapie programmées. "Contrairement à la chimio, la radiothérapie ne provoque pas d'effets secondaires visibles, ce qui m'a permis de rester discret", assurait-il en décembre dernier à L'Obs. "Je ne juge pas mes collègues qui en font état publiquement, parce que, face à la maladie, on est extrêmement seul. (...) Je suis du genre discret. Je me suis renfermé sur moi-même, concentré sur ma guérison."

Si sa maladie passait alors presque inaperçue, son évanouissement à Épinay a pu mettre la puce à l'oreille de beaucoup. Maxime Le Forestier se félicite malgré tout de la discrétion de son public. "Ça a forcément fait son effet dans la salle, pourtant il n'y a pas eu l'ombre d'une communication sur les réseaux sociaux. Brassens disait que son public avait du talent. Le mien aussi", assurait-il au magazine d'actualité.

La renaissance de Maxime Le Forestier : un nouveau label pour sa carrière

Aujourd'hui, le septuagénaire se dit guéri et a déjà beaucoup de nouveaux projets, porté par son envie de vivre, de chanter, et peut-être aussi par son nouveau label. Depuis peu, Maxime Le Forestier a en effet rejoint Tôt ou tard qui lui offre "une liberté inattendue" : "Mon contrat chez Universal était terminé, sans proposition de continuer. Beaucoup de majors, aux mains des financiers, ne cherchent même pas à faire de bons disques, seulement faire monter le cours de Bourse. Mon nouveau label considère les artistes", se réjouit-il auprès de l'AFP.

Le compositeur et interprète s'apprête donc à entamer une grande tournée, accompagné de trois musiciens, dont son fils Arthur, entièrement dédiée à Georges Brassens. "Depuis 1995, je n'avais pas chanté Brassens, qui est à la chanson française ce que Bach est à la musique classique : un repère", souligne à l'agence de presse Maxime Le Forestier, qui lui a rendu hommage en 2021 dans un livre, Brassens et moi (éditions Stock).

"J'ai attendu d'avoir l'âge que j'ai et de me casser le coude pour abandonner enfin la guitare"

Pour la première fois, à l'occasion de cette série de concerts, le chanteur, qui s'est fait connaitre du grand public en 1972 avec son album mythique, Mon frère, a abandonné sa guitare pour se concentrer sur sa précieuse voix. "J'ai attendu d'avoir l'âge que j'ai et de me casser le coude pour abandonner enfin la guitare. Je découvre que c'est hyper agréable de cesser de diviser son cerveau en deux !", dit-il encore à l'AFP.