Jérôme Bonnell (LES HAUTES HERBES) : "Les enfants finissent toujours par apprendre la vérité"

Jérôme Bonnell nous émeut et nous subjugue dans sa nouvelle mini-série, "Les Hautes Herbes", qui nous fait observer, à travers les yeux d'un enfant, le déroulement d'une enquête sur de mystérieuses disparitions dans un village. Entretien avec le réalisateur de la série diffusée jeudi 6 janvier à 20h55 sur Arte...

Jérôme Bonnell (LES HAUTES HERBES) : "Les enfants finissent toujours par apprendre la vérité"
© Reynaud Julien/APS-Medias/ABACA

Jérôme Bonnell vous a ému avec son dernier film Chère Léa, en salles depuis le 15 décembre? Le réalisateur de talent saura vous tenir en haleine dans sa nouvelle mini-série, Les Hautes Herbes, diffusée le 6 janvier à 20h55 sur Arte. Il déroule intelligemment le fil d'une enquête sur de mystérieuses affaires de disparitions qui secouent un village en apparence paisible et que l'on suit à travers le regard d'un enfant, brillamment joué par Antonin Chaussoy. Entretien avec le réalisateur de cette série palpitante à la mise en scène ingénieuse.

Le Journal des Femmes : Quelle est la genèse de l'aventure Les Hautes Herbes ?
Jérôme Bonnell :
Au départ, cela devait être un long-métrage, que je n'ai pas réussi à faire faute d'argent en 2015. Un peu dépité, j'ai rangé ça dans le tiroir. Entre temps, j'ai écrit Chère Léa, et pas très longtemps avant la préparation de ce film, j'ai ressorti Les Hautes Herbes du tiroir et j'ai eu l'idée de le couper en trois, de réintégrer des scènes que l'on m'avait suggéré de couper… Assez rapidement, c'est devenu, de manière fluide, une série. Le côté feuilletonnant rendait grâce au scénario et à ce que je souhaitais en faire.

On se met à hauteur d'enfant pour découvrir le quotidien d'un village bouleversé par des affaires de disparitions...
Je voulais filmer ce sentiment flou de l'enfance. Les enfants comprennent un peu tout d'avance sans bien comprendre des choses qui sont trop "grandes" pour eux, mais en les percevant mieux que personne. Je me suis adressé à l'enfant que j'étais, celui qui lisait Agatha Christie l'été et ne pouvait pas s'endormir tant qu'il n'avait pas quitté l'assassin. Les enfants veulent toujours savoir la vérité et, de façon inéluctable, ils finissent par l'apprendre. Parallèlement à cela, j'ai inventé cette intrigue que je voulais sur la pointe des pieds, puisque tout cela est un peu un alibi pour raconter des liens entre les gens, raconter l'intime.

Comment avez-vous composé le casting de cette série ?
J'étais heureux de retrouver Emmanuelle Devos, avec qui j'avais déjà travaillé deux fois, et de rencontrer Jonathan Couzinié, Louise Chevillotte… que j'avais vus dans des courts-métrages ou au théâtre. Je fais mes castings seul, donc je passe beaucoup de temps au théâtre à rechercher, à observer… 

Donnez-vous un cadre précis à vos acteurs ?
L'écriture est très précise, mais je leur donne autant de libertés que possible. Je veux rendre hommage aux acteurs parce qu'il y avait une telle prise en charge de leur personnage, un peu à l'anglo-saxonne. Tout ce que je peux dire aide, mais reste assez superficiel, car il y a beaucoup d'inventivité de leur part. Ce que j'ai fait sur Les Hautes Herbes, mais pas sur Chère Léa, ce sont des moments d'improvisation, notamment avec India Hair et Jonathan Couzinié. 

Comment parvenez-vous à réaliser un thriller sans tomber dans les poncifs du genre ?
C'est vrai qu'à la fin du premier épisode, j'ai fait un truc un peu "roublard" qui consiste à donner envie de voir la suite (rires)... Mais sinon, il y a plutôt une espèce d'absence apparente des faits, qui fait que lorsque la violence surgit, elle est à mon avis d'autant plus forte. Cette série n'est pas surchargée d'effets de son, de musique, de plans, il n'y a pas de remplissage. Il y a cette atmosphère un peu anodine et quotidienne qui subsiste. J'aime bien les scènes dont on a l'impression qu'elles ne servent à rien. Mais il ne fallait pas non plus que tout soit sur la pointe des pieds, on devait tout de même sentir le danger.  C'était un peu un travail d'équilibriste.

Découvrez Les Hautes Herbes, de Jérôme Bonnell, jeudi 6 janvier à 20h55 sur ARTE

En intégralité sur arte.tv jusqu'au 4 février 2022
Disponible sur arte.tv