Pierre Rochefort : "Je veux décoller mon étiquette de jeune homme aimable"

Pierre Rochefort prend plaisir à jouer un policier "ripou" dans le captivant Deux Femmes, long-métrage triplement primé au festival de Luchon, à ne pas manquer, lundi 28 février à 21h05 sur France 2. Entretien avec l'acteur, musicien, enfant de la balle...

Pierre Rochefort : "Je veux décoller mon étiquette de jeune homme aimable"
© ©Sophie Palmier

Pierre Rochefort a la facilité des mots, le langage poétique, l'âme d'artiste. Le musicien et acteur a beau être un enfant de la balle, fils de Nicole Garcia et Jean Rochefort, il s'est construit seul et a sa propre vision du cinéma, l'endroit où il se sent à sa place. Pierre Rochefort a d'ailleurs des projets plein la tête. Côté musique, il a réédité en version "deluxe" son album Brumance, désormais disponible sur toutes les plateformes. Côté comédie, il campe l'inspecteur Berthelot, un policier peu commode, dans le film Deux Femmes, diffusé lundi 28 février à 21h05 sur France 2, réalisé par Isabelle Doval et porté par Odile Vuillemin et Agathe Bonitzer. Un long-métrage triplement primé au festival de Luchon 2022, librement inspiré de l'affaire du Bois-Bleu, fait divers retentissant des années 60. Entretien. 

Parlez-nous de votre personnage...
Pierre Rochefort :
C'est un personnage un peu antipathique, on sent qu'il a une sacrée expérience dans cette sorte de duo maléfique qu'il forme avec Aurélien Recoing. On sent qu'il a quelque chose d'assez sombre, qu'il a l'habitude de mettre la pression pour obtenir des renseignements… Ce sont des flics qui sont prêts à aller au-delà des limites de leur emploi. 

Jouer le rôle d'un personnage peu aimable, cela vous stimule-t-il ?
Pierre Rochefort :
Oui, c'était vachement intéressant de travailler ainsi. C'est même quelque chose que je recherche activement en ce moment, par peur d'être catégorisé, comme les acteurs ont tendance à l'être. Ces derniers temps, je me suis surtout retrouvé à jouer des rôles de gens aimables et de bonne famille. Tout ce qui sort des sentiers battus me plaît beaucoup. Cela m'a plu aussi d'enfiler un costume de flic d'époque, essayer de retrouver une gestuelle qui oscille entre un Belmondo et un casse-cou des années 60.

Vous avez grandi avec des parents acteurs (il est le fils de Nicole Garcia et Pierre Rochefort, ndlr), mais vous avez débuté dans la musique. Le cinéma n'a donc pas toujours été une évidence?
Pierre Rochefort :
Pendant longtemps, j'ai tout fait pour faire autre chose. J'étais convaincu que ma place n'était pas au cinéma. J'ai dû faire un long parcours "d'école buissonnière", essayer de trouver autre part… quelque chose qui se trouvait là depuis toujours! Un jour, j'ai risqué un pied dans un conservatoire d'arrondissement. En jouant pour la première fois, j'ai ressenti de telles émotions intimes et personnelles qu'en trois jours, je me suis dit qu'il fallait absolument que je sois comédien. Mais il a fallu que je passe par des phases de "frondeur", où je m'étais mis en tête de réussir sans l'aide de personne. C'est pour ça que j'ai fait une vingtaine d'années de musique et de boulots alimentaires. 

Pierre Rochefort © ©Sophie Palmier

Être un acteur, fils d'acteur, est-ce une pression supplémentaire ?
Pierre Rochefort :
Totalement, on est attendu au tournant. Beaucoup de gens imaginent que c'est une facilité. Effectivement, cela ouvre certaines portes que l'on ne soupçonne pas forcément, par exemple, celles des agences. Les agents ont une certaine tentation de rencontrer des enfants de la balle, mais il faut tout de même prouver, peut-être deux fois plus, que l'on a du talent et la légitimité d'être acteur. C'est lourd à porter et dur à faire. 
Très jeune, je m'étais dit que je ne prendrais aucun piston et je me suis "fait" tout seul. Il s'est trouvé que ma mère Nicole a écrit un très beau film, Un Beau Dimanche. Elle me l'a proposé et je me suis retrouvé face à un dilemme: accepter ou ne pas accepter par peur du regard des autres. Finalement, si je ne l'avais pas fait, j'aurais été un pauvre imbécile (rires). 

Vous nourrissez-vous de votre musique pour jouer la comédie ?
Pierre Rochefort :
Je pense que c'est surtout l'inverse, dans mon cas. Je me suis beaucoup servi de ce que j'ai appris en cours de théâtre… pour ma musique! Au fil du temps, elle est devenue de plus en plus interprétée, vécue, sentie. Ce sont des outils que j'ai piochés dans mon expérience avec mes camarades de jeu. Mais grâce à la musique, j'ai pu peut-être développer mon sens du rythme, de la répartie, une sorte de métronome inconscient qui voguerait au fur et à mesure des répliques…

Quel genre de rôle souhaiteriez-vous jouer à l'avenir ?
Pierre Rochefort : Je recherche particulièrement des rôles sombres pour me décoller cette étiquette de jeune homme aimable (rires)! J'ai aussi des fantasmes de jeune acteur, comme celui de jouer dans un film d'auteur à suspense, un film d'horreur qui serait formidablement écrit.
Découvrez le film Deux Femmes, diffusé lundi 28 février à 21h05 sur France 2, et son album Brumance en version "deluxe" sur les plateformes d'écoute.