Nathanael Guedj exorcise dans SI TU VOIS MA MÈRE, sur ARTE

Nathanael Guedj raconte comment défunte mère hante son fils endeuillé dans le cocasse "Si Tu Vois Ma Mère", diffusé le 10 avril à 20h55 sur Arte, et disponible jusqu'au 9 mai sur Arte.Tv. Le réalisateur nous raconte les dessous de ce film énigmatique emmené par un casting prestigieux...

Nathanael Guedj exorcise dans SI TU VOIS MA MÈRE, sur ARTE
© Noémie Lvsovsky et Félix Moati par Ivan Mathie 2018

Nathanael Guedj rit de ses névroses dans la comédie intelligente Si Tu Vois Ma Mère, diffusée le 10 avril à 20h50 sur Arte, et disponible jusqu'au 9 mai sur Arte.tv.
Dans ce premier long-métrage, le cinéaste rend fou le personnage de Max, campé par Félix Moati, qui fait son deuil en faisant revenir sa défunte mère (Noémie Lvovsky) dans des visions, une sorte de projection mentale. Tout se complique lorsqu'il se lance dans une histoire d'amour avec l'énigmatique Ohiana (Sara Giraudeau) et qu'un triangle amoureux se forme avec l'irruption de sa défunte mère… Un pitch plutôt loufoque qui fait écho à l'histoire personnelle de Nathanael Guedj. Confidences. 

Qu'est-ce qui vous a donné envie de réaliser ce film sur cet homme qui n'a pas tout à fait coupé le cordon ombilical ?
Nathanael Guedj :
Au départ c'était juste pour rigoler ! Je voulais raconter cette mère omniprésente, qui vient s'inviter au milieu du couple ou dans le travail. Puis, je me suis rendu compte que ce film était une manière d'exorciser certaines choses. Ma mère était tombée gravement malade, mais finalement, tout est rentré dans l'ordre. Malgré tout, cela m'a vachement hanté. J'ai donc exorcisé la peur de la mort d'une mère, je l'ai rendue éternelle. C'était une façon de dire : quoi qu'il se passe, elle restera toujours là.

Dans le film, vous parlez des cinq étapes du deuil. Pour vous, l'écriture de ce film, c'était "l'acceptation" (la dernière étape du deuil, ndlr) ?
Nathanael Guedj :
Tout à fait. La chance c'est de pouvoir faire le deuil de ses parents de leur vivant, c'est plus simple. En écrivant le film, j'avais conscience que j'étais un peu ce fils névrosé, même si c'est toujours fictionné (ma mère ne cuisine absolument pas, par exemple).

"Je ne considère pas ma mère comme psy… mais elle l'est !"

J'ai cru comprendre que vous veniez d'une famille de psychanalystes…
Nathanael Guedj :
(rires) C'est un peu bizarre, car je ne considère pas ma mère comme psy… mais elle l'est ! Nous sommes globalement une famille normale, même si les psys sont souvent fous (rires). La psychanalyse n'irrigue pas tout chez nous. Il n'y a pas de statue de Freud qui trône à la maison !

Vous avez choisi Félix Moati dans le rôle de ce fils à maman, un acteur avec lequel vous aviez  travaillé dans le court-métrage "Petit Homme", en 2017…
Nathanael Guedj :
C'est un bon ami. Avec Félix, nous avons les mêmes angoisses de la mort, mais nous les gérons différemment. Il les maîtrise en buvant, en s'amusant. Moi, c'est en ne sortant pas de chez moi et en étant plus déprimé… Quand on se retrouve, on a un langage commun. Je vais d'ailleurs faire un film avec lui qui s'appelle Je Suis Ton Père. Le pitch, c'est un père de 50 ans qui va devenir littéralement le pote de son fils. Cela reste dans la même veine de film sur la famille… Cela me poursuit (rires) ! 

Comment avez-vous choisi les actrices Sara Giraudeau et Noémie Lvovsky ?
Nathanael Guedj :
Il était impossible pour moi d'envisager une autre mère que Noémie, mais cela n'a pas été évident de la convaincre. L'actrice a cette folie un peu angoissante et une grande humanité. Caster le personnage d'Ohaiana (joué par Sara Giraudeau, ndlr) était compliqué : il fallait que l'on croit à cette histoire d'amour, qu'elle puisse comprendre la situation sans jamais être pénible et expliquer la dimension psychanalytique. Elle devait avoir ce grain de folie sans se faire vampiriser par Noémie (Lvovsky, ndlr).

Dans le film, le personnage d'Oedipe finit par tirer profit de sa relation toxique avec sa mère, sans jamais s'en défaire. Finalement, est-il impossible d'échapper à nos névroses ?
Nathanael Guedj :
Mon sentiment personnel, c'est que tout le monde est un peu timbré (rires). C'est ce que j'ai voulu montrer avec l'histoire d'amour d'Ohiana et Max : pour moi, l'amour, c'est accepter la folie de l'autre. Je pense que l'on peut transformer nos névroses et en rire, mais on ne peut pas y échapper. 

"Pour moi, l'amour, c'est accepter la folie de l'autre"

Vous aviez réalisé plusieurs courts-métrages. Pour vous, le long-métrage, c'était la suite logique ?
Nathanael Guedj :
Auparavant, je travaillais dans le pré-achat de films chez M6 et parallèlement, je prenais des cours pour apprendre à réaliser. Faire un film est extrêmement compliqué,  c'est beaucoup de travail et de déconvenues, pas bien payé, difficile pour la famille… Mais je suis très fier du film car nous avons surmonté ces obstacles. Arte m'a donné cette chance, même si cela reste un premier long-métrage avec ses défauts ! 

Si Tu Vois Ma Mère, de Nathanaël Guedj, avec Félix Moati, Sara Giraudeau et Noémie Lvovsky, vendredi 10 avril à 20h55 sur Arte et jusqu'au 9 mai sur arte.tv

""Si tu vois ma mère" : Bande annonce"