Julie Depardieu et Yolande Moreau, loseuses magnifiques

Dans "Crash test Aglaé" d'Eric Gravel, Julie Depardieu et Yolande Moreau sont les collègues qui suivent India Hair dans son road trip jusqu'en Inde. La première par amour, la seconde pour le trouver en chemin. Nous avons rencontré le savoureux tandem de cette comédie, disponible en DVD.

Julie Depardieu et Yolande Moreau, loseuses magnifiques
© Le Pacte

S'expatrier en Inde suite à la délocalisation de son usine, c'est l'absurde décision d'India Hair dans Crash test Aglaé. Dans son balluchon, une batte de cricket et deux de ses collègues, Liette et Marcelle. Puisque les voyages forment la jeunesse, ces deux femmes suivent la benjamine dans l'espoir inavoué de bousculer leur traintrain. Qui mieux que la fantasque et attachante Julie Depardieu et la tendre Yolande Moreau pour incarner ces compagnonnes de voyage aux personnalités atypiques et marquées ? Le réalisateur Eric Gravel dit les avoir choisies pour leur singularité rare, leur "truc". Il ne s'y est pas trompé. Réunies lors de notre interview, le truculent duo se livre sans filtre, avec beaucoup d'humour et de douceur. Prendre la route avec Julie Depardieu et Yolande Moreau, c'est toujours dans la joie et le bonheur... 

Qu'est-ce qui vous a séduites dans Crash Test Aglaé ?
Yolande Moreau : Le trio de femmes qui sont de simples collègues au départ. Leur rapprochement naît d'une situation de crise. Leur usine est délocalisée en Inde et les trois irréductibles qu'elles sont vont décider de faire le voyage jusque là-bas. L'histoire est un peu surréaliste et c'est ce qui la rend séduisante.

Julie Depardieu : J'ai aimé que d'une situation catastrophique naisse quelque chose de positif. Aglaé ne fait pas ce qu'on attend d'elle. Elle prend complètement le contre-pied de ce qui pourrait virer au drame. C'est ce qui rend l'histoire intéressante et joyeuse. Ces trois femmes qui se serrent les coudes dans leur malheur vont ressortir grandies de leur voyage.

Aglaé fait de sa profession un refuge. Votre métier d'actrice aussi ?  
Y. M. : Cela l'a été au début. C'était un moyen de régler un problème personnel. D'exister, de trouver un regard amical. Il y avait une part de narcissisme. Puis petit à petit, c'est devenu quelque chose de plus "universel". Aujourd'hui je me sers de mon corps comme d'un instrument mais pour raconter le monde dans lequel nous vivons.

J. D. : Pour moi c'est un refuge car cela me permet d'y trouver le doute. Et le fait de douter me permet de changer, de me remettre en question. C'est libérateur. 

Vos personnages se laissent guider par l'imprévu...
Y. M. : La vie de Marcelle, mon personnage, est assez pragmatique. Elle fait des mots croisés, elle recouvre ses meubles de plastique. Ces obsessions sont une façon de se voiler la face. A l'aube de sa retraite, elle sent qu'elle a laissé filé sa vie et qu'elle n'a plus rien à perdre. Dans sa tête, c'est "advienne que pourra". En choisissant de rester avec la belle-mère d'Aglaé, elle vit dans le moment. D'une certaine manière, elle montre la voie aux deux autres. 

J. D. : Liette n'entreprend pas son voyage pour les bonnes raisons. Elle a besoin d'exister en tant que mère. Mais elle a le mérite de se lancer dans l'aventure, une expédition qui va se révéler enrichissante.

Seriez-vous prête à partir à l'aventure aujourd'hui ?  
Y. M. 
: Pourquoi pas. Je le vivrais probablement différemment qu'à mes 20 ans mais je ne m'interdis pas d'être surprise par la vie. Je me sers aussi beaucoup de mon métier pour vivre des aventures. Un tournage c'est comme une parenthèse. On y rencontre des personnes nouvelles que ce soit parmi le casting ou les techniciens. On bouge pas mal aussi. Quand le tournage s'arrête, on ferme la parenthèse pour en ouvrir une autre. C'est formidable.

J. D. : L'aventure peut se trouver au coin de chez soi aussi. Ce qui compte c'est de garder l'esprit ouvert. Pour ne pas passer à côté des opportunités qui se présentent à soi. Je rejoins Yolande lorsqu'elle dit que nous avons la chance de faire un métier facilitateur d'aventures. Encore faut-il ne pas être dans un trip de succès, sinon tu n'es pas ouvert et tu laisses filer des choses merveilleuses...

Eric Gravel dit vous avoir choisie "pour votre truc, votre singularité", comment l'appréhendez-vous ?
J. D.
 : On a tous une singularité. Si tu passes ta vie à la cacher, c'est du gâchis. C'est un peu ça aussi ce que dit le film et c'est justement ce qui fait toute sa singularité. L'histoire d'Eric fait du bien. Il en parle d'une manière joyeuse et il l'a fait en nous laissant de la liberté. Avec Yolande et India, on s'est super bien entendues, il y avait beaucoup de complicité.

Y. M. : C'est vrai qu'India et Julie sont des actrices merveilleuses. Quand j'ai vu le choix d'Eric Gravel je me suis dit "la vache le casting !". J'avais vraiment envie de faire partie de ce trio.

Quels souvenirs de tournage gardez-vous ?
Y. M.
: Il y en a beaucoup. On a souvent été surprises par les décors. Il y avait a eu de supers moments d'attente dans la caravane avec les costumières, les maquilleuses. C'était un endroit très joyeux.

Que diriez-vous en quelques mots pour nous donner envie d'aller voir le film ?
J. D.
 : Que d'une situation catastrophique peut naître de l'espoir.  

Y. M. : C'est joyeux.

A découvrir en DVD :

© Le Pacte
  • Quand  : Disponible en DVD & Blu-Ray le 7 mars
  • Durée : 1h25
  • Prix : à partir de 12,99€ le DVD
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