Dakota Fanning : "Je souhaiterais que l'égalité triomphe toujours"

INTERVIEW - Dans "Brimstone", Martin Koolhoven nous offre un aperçu de l'Amérique à la fin du 19e siècle, entre extrémisme religieux et misogynie. Dakota Fanning est à l'affiche de ce western bouleversant au féminin, en salles le 22 mars. La comédienne s'est confiée à nous sur son engagement pour l'égalité hommes-femmes et son admiration pour sa sœur, Elle Fanning.

Dakota Fanning : "Je souhaiterais que l'égalité triomphe toujours"
© Momentum Pictures

De sa Géorgie natale à Hollywood, Dakota Fanning s'illustre depuis l'âge de 5 ans comme comédienne talentueuse. Ses 18 ans de carrière l'ont très vite menée à jouer dans la cour des grands, notamment aux côtés de Tom Cruise dans La Guerre des Mondes en 2005 ou Emma Thompson en 2011 dansThe Motel Life. Les talents de la jeune actrice de 23 ans ne se cantonne pourtant pas au cinéma, puisqu'elle a également entamé une carrière de mannequin en 2009 et a fait la couverture de nombreux magazines tels que Vanity Fair, Cosmopolitan et Elle, entre autres. Celle que l'on a vu grandir à l'écran se consacre désormais à des rôles plus adultes, en rupture totale avec le début de sa carrière. Après son interprétation de Jane, vampire froide et démoniaque dans la saga Twilight, elle incarne une femme au passé trouble et tourmenté dans Brimstone de Martin Koolhoven. Si ce rôle peut être perçu comme un symbole de son émancipation en tant qu'actrice, Dakota Fanning ne voit pas les choses sous le même angle et s'est fiée aux sentiments très forts de son personnage. Elle nous livre le parallèle qu'elle effectue entre le passé et le présent, la fiction et la réalité.

Le Journal des Femmes:  Vous interprétez le rôle de Liz, une jeune femme au destin aussi particulier que tragique. Qu'est-ce-qui vous a le plus attiré dans ce rôle ?
Dakota Fanning :
En lisant le script, j'ai été très impressionnée par les détails que Martin (Koolhoven) apportait au personnage. J'ai été inspirée par sa force et sa persévérance, ce qui était très important. En tant qu'actrice, j'aime sortir de ma zone de confort en tournant dans des films très différents. Et j'avais l'impression que Brimstone pouvait m'aider à satisfaire cette envie.

Le film peint un portrait très cru et dur de la réalité. Certaines scènes font froid dans le dos. Quelle a été la scène la plus difficile à filmer pour vous ?
Vers la fin du film, il y a une scène dans laquelle je dois plonger dans un lac. Je me suis retrouvée sous l'eau avec des vêtements de l'époque qui étaient très lourds. J'avais extrêmement peur, mais je ne voulais rien dire à l'équipe en remontant à la surface !

"J'aime sortir de ma zone de confort"

 

Ivy George jouait le rôle de votre fille dans ce film, qui traite de sujets très difficiles à comprendre pour les enfants. Comment était votre relation durant le tournage ?
Nous avions un très bon lien, c'est une fille très adorable. Elle était toujours très contente de travailler et c'était un plaisir d'être avec elle. Concernant les événements du film, je n'ai pas vraiment pris le temps de lui expliquer, puisque ce n'était pas mon rôle. Je me suis mise aussi à sa place ; j'ai débuté ma carrière alors que j'étais encore plus jeune qu'elle. Lorsque l'on joue un rôle, on est très vite capable de comprendre ce que l'on joue et il y a même des choses que l'on n'a pas besoin de comprendre en étant jeune. Nous nous sommes beaucoup amusées et c'était l'essentiel.

Le film parle de religion, mais aussi de la place qu'une femme a dans la société. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Je souhaiterais que l'égalité triomphe toujours, c'est le plus important. Dans le fond, nous sommes tous égaux, personne n'est supérieur ou inférieur aux autres. Tout le monde mérite les mêmes droits et les mêmes opportunités. Je suis fière de faire partie d'un film qui célèbre la force des femmes et des mères. J'aimerais qu'elles puissent donner plus de voix dans la société.

© Momentum Pictures

Les événements du film ont lieu à la fin du 19e siècle : une époque très patriarcale et difficile pour les femmes. Bien que beaucoup de choses aient évolué depuis, qu'est-ce-qui vous révolte en tant que femme, aujourd'hui ?
J'ai beaucoup de mal avec le fait que les conversations que nous avions autrefois soient toujours d'actualité aujourd'hui. En revenant en arrière, on peut voir que les problèmes que l'on a maintenant existaient déjà à l'époque. La seule différence est que les femmes n'avaient pas de plateforme pour s'exprimer sur ces sujets, mais elles ressentaient les mêmes choses qu'aujourd'hui. Ma génération commence à s'éveiller face à ça. Avec le temps, cela pourrait changer la donne et la génération de mes futurs enfants n'aura peut-être plus à se battre pour ça.

"Tout le monde mérite les mêmes droits et les mêmes opportunités"

Brimstone apporte un angle plus féminin au genre du western : ça manquait ?
D'une certaine manière, oui. Il est vrai que le western est un genre très masculin. Beaucoup de films de western nous présentent à des protagonistes masculins et talentueux, mais c'est toujours bien de voir les choses sous un autre angle. Il faut toujours instaurer un équilibre.

Pensez-vous que le film marque votre engagement auprès de la cause féminine ?
Peut-être que oui. Mon personnage traverse beaucoup d'épreuves qui la freinent d'une façon ou d'une autre. Elle est une survivante et c'est intéressant puisque ce rôle semble coïncider avec ce qu'il se passe aujourd'hui, du moins j'espère que les spectateurs le verront de cette manière.

Vous avez étudié la représentation des femmes dans le cinéma et la culture à l'Université de New York. Pourquoi était-ce un sujet intéressant pour vous ?
Je suis toujours à l'université. J'y avais énormément pensé et j'avais envie d'y étudier. Beaucoup de choses m'intéressent, mais je me suis dit que cela pourrait me faire grandir en tant qu'actrice. C'est enrichissant et d'une grande nouveauté ; j'ai pu découvrir des comédiennes que je ne connaissais pas forcément auparavant.

"Sans ma famille ou mes amis, je n'aurais pas été la même personne"

Quelle femme, actrice ou non, pourriez-vous considérer comme un modèle pour vous et les jeunes filles d'aujourd'hui ?
Il y en a tellement ! Hillary Clinton est inspirante pour les filles et les femmes. Que l'on soit en accord avec ses projets politiques ou non, on ne peut pas nier ce qu'elle a accompli dans sa vie et ce contre quoi elle a réussi à persévérer. Elle est une source d'admiration et d'inspiration à la fois. Cate Blanchett est tout aussi admirable et talentueuse ; elle reste fidèle à elle-même et a passé sa vie à inspirer les jeunes femmes.

Vous avez grandi à Hollywood : comment parvenez-vous à garder les pieds sur terre ?
Ma famille est très attachée aux valeurs traditionnelles. Mes parents ne faisaient pas d'exception juste parce que j'étais une actrice. Je devais travailler dur, faire preuve de respect et rester très fidèle aux bonnes manières. C'était non-négociable et c'est cela qui me permet encore aujourd'hui de garder les pieds sur terre. J'ai eu une vie très simple mais je crois que sans mes amis ou ma famille, je n'aurais pas été la même personne. En plus d'être soutenue, j'ai été très protégée par eux. 

Comment voyez-vous la carrière de votre sœur, Elle ? Êtes-vous toutes deux compétitrices ?
Absolument pas ! J'ai parfois l'impression que les médias cherchent à ce que l'on soit compétitrices, mais nous ne le sommes pas. Il n'y a personne sur terre qui voudrait que ma sœur réussisse autant que moi et vice-versa. Nous sommes toutes deux très fières, l'une de l'autre de chacun de nos accomplissements. Je suis très émue par ce qu'Elle fait. Il n'y a aucune compétition entre nous et il n'y en aura jamais.