Lorie : "J'ai acquis une certaine sérénité"

RENCONTRE - Lorie Pester est la marraine de "Seul Ensemble", un collectif créé dans le but de construire une maison des parents à l'hôpital pour enfants de Margency. Généreuse et engagée, la jeune femme se confie avec sincérité sur son passé, ses projets et ses ambitions.

Lorie : "J'ai acquis une certaine sérénité"
© PJB/SIPA

Après plus de quinze ans de carrière, celle que l'on a découverte faiseuse de tubes en 2001 et qui s'épanouit en tant que comédienne mène aujourd'hui un combat qui lui tient à cœur. Lorie Pester a créé Seul Ensemble, pour que les enfants malades d'un hôpital de la Croix Rouge dans le Val d'Oise ne soient plus jamais seuls. Un appel aux dons couplé d'un clip efficace où figurent de nombreuses personnalités, d'Adriana Karembeu à Shy'm en passant par Eva Longoria et Gad Elmaleh. C'est dans les salons design de l'Hidden Hôtel à Paris que nous avons rencontré Lorie, fière de son beau projet.

Le Journal des Femmes : Pouvez-vous me parler du collectif "Seul Ensemble" que vous avez créé ?
Lorie Pester
C'est un collectif d'artistes créé dans le but de récolter des fonds pour construire la maison des parents de l'hôpital pour enfants de Margency, dont je suis marraine. Je suis allée dans cet hôpital pour la première fois il y a 15 ans et j'y viens très régulièrement pour voir les enfants. Ils ont de quelques semaines à 18 ans et viennent du monde entier. Leurs parents ne peuvent pas forcément les suivre car ils ne peuvent pas s'arrêter de travailler ou quitter la maison familiale. Ces enfants ont des traitements très lourds et des pathologies graves, des cancers, des problèmes respiratoires… Ils restent donc malheureusement longtemps à l'hôpital, c'est important qu'ils aient leurs parents avec eux, pour leur guérison et leur bien-être. On s'est dit qu'il était temps de faire bouger les choses.

Comment ce projet a-t-il été mis en place ?
Ça fait 12 ans qu'on en parle. Au départ, Fatima Oudghiri, la directrice de l'hôpital, m'a dit qu'elle voulait faire un gala de charité. Mais il est compliqué de sensibiliser les gens à une cause qu'ils ne connaissent pas, donc on a trouvé cette idée pour communiquer sur le projet et commencer à récolter des fonds : les enfants ont récité un poème écrit par Jean-Jacques Goldman pour expliquer la solitude qu'ils ressentent au quotidien. Le but était de mettre les enfants en avant et les célébrités au second plan, comme des figurants.

© Agence Rise Up

Les autres célébrités ont-elles été faciles à convaincre ?
Oui ! J'ai ouvert mon carnet d'adresse, j'ai appelé mes copains. Ce qui est drôle c'est que le mot a tourné, Aurélie [Konaté, ndlr] m'a dit qu'elle avait croisé Flora [Coquerel, ndlr] qui lui a parlé du projet, donc ça s'est fait de fil en aiguille. Tout le monde a immédiatement répondu présent, même ceux qui n'étaient pas là le jour du tournage du clip ont voulu aider. Donc je leur ai dit de faire une photo avec une pancarte #SeulEnsemble. Je pensais qu'on allait être une dizaine et là je crois qu'on est plus de 70 !

Avez-vous un objectif précis en tête pour le projet "Seul ensemble" ?
Mon but serait qu'à la fin de l'année ces enfants aient leurs parents avec eux.

© Agence Rise Up

D'où vous vient cette envie d'aider les gens ?
Tout ça dépend de son caractère et de l'éducation qu'on reçoit. Moi j'aime les gens, j'aime les rencontrer, m'intéresser à eux parce que toute petite, on m'a appris à tendre la main à ceux qui en avaient besoin. Mes parents sont généreux. Ils pensent aux autres en priorité. La maladie des enfants c'est quelque chose qui me touche beaucoup, j'ai d'ailleurs été marraine des pièces jaunes pendant plusieurs années. Ce n'est pas grand-chose, mais rien que donner du temps c'est déjà tellement énorme pour eux ! On leur fait du bien et on se fait du bien aussi parce qu'ils nous donnent beaucoup en échange, nous font prendre conscience de notre chance, que les petits problèmes pour lesquels je me prenais la tête avant, finalement ce n'est pas grave du tout. Cela m'a aidé à garder les pieds sur terre.

Vous avez parlé il y a quelques années de la maladie de votre mère...
On pense que ça n'arrive qu'aux autres mais non. On a su que ma mère était malade quand j'avais 15 ans, puis elle a fait une rechute cinq ans plus tard,  plus violente encore, quand je commençais à être connue. Ça a été une période difficile pour moi. Je devais partir en tournée, je voulais tout annuler mais ma mère m'a dit "surtout pas" car c'était moi qui lui donnais la force de se battre. Pendant une longue période, ça cartonnait, 8000 personne venaient me voir chaque soir... et parfois juste avant de monter sur scène, je pleurais. Je ne voulais rien dire car je voulais la protéger. Maintenant qu'elle est guérie, j'ai suffisamment de recul pour en parler. Cette épreuve nous a appris à relativiser.

Cela vous a sensibilisée à la maladie ?
Oui. Quand maman a fait une aplasie, elle a reçu un don de sang. Je me suis dit que grâce à cette personne, ma mère était encore en vie. Donc maintenant, je donne mon sang régulièrement. Il y a toujours des déclics. 

Le collectif "Seul ensemble" parle de la solitude de ces enfants. Est-ce que c'est un sentiment que vous avez déjà connu au cours de votre carrière ?
Non, car j'ai la chance d'être très bien entourée. Je suis très proche de mes parents et j'ai des amis extraordinaires depuis que je suis toute petite, sur lesquels je peux compter. Même si il y a des moments où ça ne va pas, ça ne dure pas car ils s'en rendent compte très rapidement et ils sont là pour moi.

Aujourd'hui vous avez 34 ans. Comment définiriez-vous la femme que vous êtes devenue ? Avez -vous changé ?
On ne change jamais vraiment, mais on évolue. Je me sens plus posée, je relativise davantage. J'ai acquis une certaine sérénité.

Il y a des choses que vous regrettez ?
Juste une chose : j'avais l'opportunité de rencontrer le Dalaï-Lama il y a une dizaine d'années et je n'y suis pas allée. C'est une opportunité unique et j'aurais dû la saisir. 

© Marechal Aurore/ABACA

Est-ce que c'est important pour vous d'être un modèle ?
Au début, les parents de mes fans me mettaient la pression : "surtout ne te fais pas de piercing, ma fille en voudra un aussi" (rires). Après, je suis assez sportive, je ne fume pas… Aujourd'hui, je fais ce que j'ai envie de faire, si ça plaît tant mieux, sinon tant pis. Je m'écoute davantage et je fais moins attention à ce que les autres pensent. On ne peut pas plaire à tout le monde !

Etes-vous une passionnée dans tout ce que vous entreprenez ?
Mon problème, c'est que je m'engage à 300%, jusqu'à y laisser ma santé parfois. Je ne sais pas faire autrement. Ma bonne résolution pour 2017, c'est accepter moins de choses pour me consacrer plus de temps.

Vous vous êtes fait connaître grâce à Internet. Quelle place ont les nouvelles technologies dans votre vie ?
C'est une belle façon de communiquer, un lien direct avec le public qui permet de toucher beaucoup de gens.

Vous êtes très réseaux sociaux ?
Je suis sur Facebook, Twitter, Instagram. J'ai deux comptes chinois aussi, donc rien que pour mettre une photo ça me prend  beaucoup de temps... Mais je ne suis pas accro, quand je me décide, je déconnecte !

C'est quand votre prochain break ?
Je vais essayer de partir au ski pour changer d'air. Mais ça ne va pas être des vacances reposantes, je rentre toujours fatiguée et avec des courbatures (rires). 

Et l'aventure des Enfoirés ?
Ce doit être ma 15e année, je fais partie des vieux maintenant, mais je suis toujours aussi excitée, on s'amuse et il y a une super ambiance. Cette année va être particulière car Jean-Jacques [Goldman, ndlr] n'est plus là, on se demande un peu tous comment ça va se passer... 

Quels sont vos projets du moment ?
"Seul ensemble", évidemment, après il y a Meurtres à Grasses que j'ai tourné pour France 3 qui devrait bientôt être diffusé... Je reste superstitieuse, je ne dirai rien de plus pour l'instant !