Laurence Arné, blonde à part

Laurence Arné se moque avec tendresse des "Filles d'aujourd'hui" sur Canal +, tous les samedis. Cool à la ville comme à l'écran, la Parisienne ne se définit pas comme humoriste. Elle est plutôt caméléon, observatrice de la société. Entretien avec une femme qui aime appuyer là où ça fait rire.

Laurence Arné, blonde à part

Blogueuse mode, prof de zumbalala, brocanteuse, hipster ou coach en entreprise... En deux saisons de Filles d'aujourd'hui, Laurence Arné a passé les nanas qu'on est/croise/connaît au prisme de l'humour sur Canal +. Née à Angoulême, cette ancienne étudiante en sociologie et en communication des médias s'est retrouvée sur scène avant de squatter nos petits écrans. Vers 22 ans, elle joue un spectacle écrit pendant ses études, mais renonce vite aux planches par pudeur.
Ses pastilles pour Canal + sont une continuité de ce show, Quelle Conne, version réduite, incisive et branchée. A 34 ans, celle qui joue aussi dans Working girls, nous a expliqué pourquoi les femmes (mais aussi les mecs) de notre génération la fascinent. Rencontre avec une fine observatrice.

Laurence Arné © Canal +

Le Journal des Femmes : Vous n'aimez pas qu'on vous décrive comme humoriste. Pourquoi ?
Laurence Arné : J'ai un problème avec cette notion parce que je ne me considère pas comme comique. J'aime raconter des choses drôles, observer les gens, faire des portraits comme dans Filles d'aujourd'hui, mais au quotidien je suis plutôt timide, je n'aime pas trop prendre de place. J'ai arrêté le one woman show
 parce que ça ne collait pas avec mon caractère. Ça m'oppressait d'être obligée de faire rire. J'avais l'image de Jamel ou d'Eric et Ramzy qui retournait les plateaux télé. J'en suis incapable, ce n'est pas du tout dans ma nature.

Vous n'êtes pas le clown de service ?
Pas spécialement. J'aime bien faire des blagues, mais les gens qui m'entourent sont mille fois plus drôles que moi. J'aime parler de ce qu'on est, capter les petites mimiques et créer des personnages. Je rêve beaucoup, il m'arrive des histoires pas possible pendant la nuit. J'ai un imaginaire assez développé, qui m'a posé pas mal de problèmes pendant mon enfance parce que j'étais plutôt lunaire. Aujourd'hui je m'en sers, je comble mes frustrations en m'évadant. C'est l'éloge de la fuite par l'imagination.

Pourquoi faire un focus sur les femmes dans Filles d'aujourd'hui ?
Parce que j'en suis une et que c'est plus facile. J'adore les femmes, les observer. Il y a tellement de choses à dire, elles ont tant à gérer. Je suis un peu féministe, mais Filles d'aujourd'hui n'est pas une revendication. Je préfère m'impliquer pour les celles qui n'ont pas de droits.

Ce serait aussi drôle si on se moquait des mecs d'aujourd'hui ?
Carrément ! Avec Jérémy Lopez (qui l'accompagne dans la série, ndlr), j'avais parlé de faire un épisode dédié aux hommes : il est tellement drôle que quoi qu'il fasse ce serait marrant. On parle d'une génération. Je parodie des humains qui essaient de se démener dans cette société devenue dingue. Le but n'est pas de se moquer. D'ailleurs, je suis la première à me foutre de moi avec la comédienne par exemple. Je suis dans chaque personnage. Je les adore ces nanas. Elles sont touchantes parce qu'elles manquent de recul sur elles-mêmes. Elles cherchent à être aimées.

C'est quoi, une fille d'aujourd'hui ?
C'est nous, avec nos fragilités, nos mimiques et la drôlerie qui va avec. En Europe, nous sommes assez libres, indépendantes, mais aussi un peu seules. On essaie de joindre les deux bouts avec notre petite énergie. Une fille d'aujourd'hui, c'est une femme stressée, qui manque de lâcher-prise dans les grandes villes. Le mec d'aujourd'hui, c'est la même chose. On est tous un peu semblables.

S'il y avait un épisode sur Laurence Arné, on y verrait quoi ?
Une nana hyper angoissée qui doute beaucoup, qui demande à tout le monde son avis avant d'agir. Une fille qui ne mange pas de gluten, pas de lactose parce qu'elle fait des intolérances : le truc bien chiant de la fille d'aujourd'hui. Une gonzesse qui fait du sport parce qu'il faut être bien foutue et qu'elle a besoin de se dépenser pour tenir le coup. Une maman aussi qui veut passer du temps avec son petit garçon. Une femme qui aime les moments de silence pour prendre du recul, réfléchir, avoir de nouvelles idées. C'est le moment où tu fais attention à ce qu'il se passe autour de toi.

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