J'ai essayé de nager dans un lac glacé en maillot de bain et rien ne s'est passé comme je l'imaginais
Quand on m'a invitée à aller piquer une tête dans de l'eau presque gelée en Haute-Savoie, j'ai tout de suite dit oui. Sur le bord du lac, je faisais moins la fière. Récit.

Il y a de la neige sur le chemin, et les passants portent des habits de ski : rien d’étonnant, nous sommes en plein mois de janvier aux abords du lac bleu de Morillon, en Haute-Savoie. Ce qui est plus perturbant, c’est que je m’apprête à me mettre en bikini, sans gants ni chaussettes, ainsi que les autres téméraires qui m’accompagnent. Je n’ai pas encore enlevé mes deux pulls que j’ai déjà froid. Comment vais-je arriver à me plonger dans le lac - et quelle drôle d’idée ai-je eu d’accepter ce défi glacé, puisque personne ne m’a forcée ?
Petit flash-back. Il y a quelques semaines, en recevant cette invitation inattendue de la part de l’office du tourisme de Samoëns, charmant village savoyard qui cherche à faire connaître ses multiples activités hivernales en surplus du ski, j’ai d’abord été très curieuse (je le savais, ce vilain défaut me perdra). Est-ce possible de se plonger, sans préparation physique particulière, dans une eau à quelques degrés, et d’y rester plus de trois secondes ? Ressent-on vraiment le froid davantage qu’en Bretagne au mois de juin, où je grelotte déjà ? Et si tout n’était qu’une question de mental ? Bref, j'ai dit oui, et il est trop tard pour reculer.
Notre guide-sirène du jour s’appelle Asa, elle est suédoise et c’est une pro de la nage en eau froide. C’est aussi la propriétaire du sauna qui nous attend au bord du lac pour la sortie - ma bouée de secours, même si, nous assure-t-elle, “on n’a pas froid en ressortant”. Après nous avoir rappelé de respirer très lentement, elle nous prend par la main et nous guide pour descendre marche après marche dans le lac. Première impression après quelques secondes d’immersion, je suis plutôt rassurée : comme je le pensais, lac de montagne ou vagues de Bretagne, même combat, au fond la sensation n’est pas très différente. Encore quelques pas, j’ai de l’eau jusqu’à la taille. Je me félicite déjà de mon moral d’athlète, mais je suis un peu déçue de constater que c’était si facile.
Juste à ce moment, sans prévenir, mon corps s’affole et m’indique clairement que je suis dingue et qu’il n’a pas signé pour ça. Je me mets à trembler de façon incontrôlable, mes jambes me brûlent, je respire plus vite que si j’allais accoucher dans la minute, mon cerveau se tétanise au sens propre et figuré du terme. Plusieurs de mes voisines sont dans le même état, l’une me broie la main en gémissant, l’autre demande si hurler est autorisé. Asa nous encourage à nous concentrer uniquement sur notre respiration, qui doit redevenir le plus calme et lente possible. En même temps, elle nous exhorte à descendre encore davantage et à nous immerger complètement - contre-intuitif au maximum, mais dans un ultime effort de concentration dicté par ma fierté pour une fois bien placée, j'y arrive malgré tout.
Et le miracle se produit : presque aussi soudainement que mon corps s’était bouleversé, il se calme. Tout d’un coup, l’eau redevient inoffensive, je retrouve le contrôle de mes muscles et de ma pensée - je suis passée de l’autre côté de l’épreuve. Je lâche les mains de mes voisines et je pars faire quelques brasses, avec plutôt plus d’entrain qu’en Bretagne. Lorsque je ressors enfin, comme prédit, je n’ai pas froid, au contraire, et j’ai même envie d’y retourner - ce que je ferai d’ailleurs plusieurs fois, avec quelques passages au sauna intermédiaires. A la fin de l’expérience, je me sens détendue et fraîche (tu m’étonnes). Tant que dans le TGV du retour, je me surprends à taper “Ice bath Paris” - même si troquer le lac bleu pour un baquet rempli de glaçons du frigo me retient encore de sauter le pas, mais qui sait...
Merci à l'office du tourisme de Samoëns et à Asa de Bastu74 pour cette expérience incroyable. On peut aussi juste réserver le sauna avec vue sur lac, pour les plus frileux... mais ce serait dommage de s'arrêter là !