Exclu : Bénabar, "Je ne crois pas à l'amour unique"
Dans "Tous Les Divorcés", extrait de son prochain album prévu pour l'automne, Bénabar lance un message d'espoir : on peut aimer très fort plusieurs fois dans sa vie. Jamais avare de plaisanteries, amoureux de la musique et de l'amour avec un grand A, le chanteur se livre en exclusivité sur ses inspirations, ses amours, ses songes...
"Tous les divorcés, se sont aimés, tendrement". C'est ce qu'affirme Bénabar dans son dernier single Tous Les Divorcés, dont le clip est dévoilé ce mercredi 24 juin à 18h. Dans un univers humoristique et décalé, le chanteur rentre dans la peau d'un conseiller conjugale qui tente désespérément de sauver un couple en crise.
Deux ans après Le début de la suite, Bénabar, qui prépare son neuvième album pour l'automne, dresse, toujours habile de sa plume piquante, le bilan des différentes histoires d'amour dans une vie. Avec humour et pétillance, l'artiste se livre sans fard sur le premier amour, le dernier, l’âme-sœur, et la fin du mariage...
Comment s'est passé votre confinement ?
Mis à part le côté anxiogène de la situation, mon confinement s'est bien passé. J'étais dans le Sud, dans une maison avec un jardin. J'étais dans des conditions confortables. Je ne peux pas me plaindre par rapport à ceux qui ont vécu ça avec trois enfants dans un deux pièces. Je fais partie des privilégiés.
Cette période d'enfermement a-t-elle été propice la création artistique ?
Le confinement n'a pas vraiment été une source d'inspiration, mais ça a été propice au travail. Je travaille sans cesse, j'écris tout le temps des chansons, donc la période s'y prêtait. Nous les chanteurs, on a juste besoin d'une guitare, d'un piano et d'un peu de wifi pour travailler. Le télétravail c'est un truc qui marche très bien pour nous. Cette période m'a permis de retravailler mon album, de changer des chansons et d'en rajouter d'autres. Mais aucune ne parle de confinement ! Il y en a une sur le mariage, c'est un peu la même chose (Rires)
Pour maintenir le lien avec votre public, vous vous êtes essayé au live Instagram. Que pensez vous de ces nouvelles façons 2.0 de proposer de la musique ?
Je pense que cela doit rester quelque chose d'exceptionnel. Je n'ai fait qu'un seul live Instagram. Je ne voulais pas en abuser. A vrai dire, j'ai été un peu fatigué par ces lives à tout va, qui, pour beaucoup, étaient simplement des prétextes pour occuper le terrain. Ça me déplaît un peu. En plus, même si le côté fédérateur est sympathique, le niveau est un peu trop bas : les conditions techniques ne sont pas bonnes et le son n'est pas terrible.
Cette absence de lien avec le public vous a-t-elle pesé ?
La distanciation sociale avec le public a été très dure pour moi. Je suis un de ces musiciens de scène, qui a commencé en jouant dans des bistrots, dans des clubs. Avec le confinement, ma tournée a été arrêtée en plein milieu. Le fait de ne pas pouvoir jouer a été une vraie frustration. Monter sur scène m'enivre donc quand je ne peux pas le faire, je suis malheureux.
Votre prochain album est prévue pour novembre 2020. Est-il toujours en cours de préparation ? A-t-il un titre ?
Non, l'album n'a toujours pas de titre ! A vrai dire, il est toujours en chantier. Je ne sais toujours pas à quoi il va ressembler. On a profité de cette période de confinement pour tout remettre à plat et le remanier un peu. C'est une période assez excitante. Pour l'instant, nous n'avons que l'échographie. On connaît le sexe du bébé mais on ne connaît pas le prénom ni la tronche qu'il va avoir, et encore moins son caractère !
Dans le premier titre de l'album Tous les divorcés, dont le clip sort ce mercredi 24 juin à 18h, vous abordez le divorce d'une façon drôle et dédramatisée. Pourquoi avoir choisi d'aborder cette thématique ?
Les méandres de l'inspiration ! C'est venu naturellement. Mais le divorce ne représente qu'une petite partie de la chanson. Ce qui m'intéressait vraiment était de parler du premier amour, du deuxième, puis du troisième... C'est une chanson sur l'amour, sur le fait que l'on peut avoir plusieurs histoires d'amour toutes aussi belles et sincères les unes que les autres. Et fatalement, lorsque l'on aborde ce sujet là, on évoque le sujet du divorce ou de la rupture. Autour de moi, il y a pas mal de divorces qui m'ont inconsciemment inspiré. Je ne voulais pas prendre le divorce comme un événement tragique. Parfois, il y a des gens qui sont beaucoup plus heureux une fois séparés. En ce qui me concerne, je ne suis pas encore divorcé, c'est mon comptable qui m'a conseillé de rester marié. C'est mieux pour les impôts. La suite dépendra des possibilités fiscales (Rires)
Pour vous, quel est le plus important des amours, le premier ou le plus récent ?
Pour moi, le premier et le dernier amour sont les deux plus importants. Le premier amour, c'est un moment marquant de notre vie. Ce sont les balbutiements du cœur, la première fois que l'on ressent ces sentiments démesurés. C'est un amour dont on se souviendra toujours. On a également une certaine nostalgie de cet amour là, car il nous rappelle notre jeunesse, nos 15/16 ans. Mais évidemment, le plus précieux reste le plus récent car c'est celui que l'on a maintenant. Contrairement à l'objet de ma chanson, je n'ai pas envie de divorcer de ma femme tout de suite, donc je suis un peu obligé dire que c'est le plus important même si je ne le pense pas… (Rires)
Vous dites "Il n'y a pas d'âge pour rencontrer l'âme sœur". Mais croyez vous en l'âme-sœur ?
Non, je ne crois pas à l'amour unique comme on l'a souvent décrit. Il y a 50 ans, il existait pour des raisons sociales, car on se mariait à 18 ans et on finissait notre vie avec cette personne. C'est plus par paresse pour la rime que j'ai mis "âme-soeur". Je ne l'avais pas remarqué, mais c'est vrai que c'est un peu contradictoire avec le reste de la chanson. C'est très intéressant de voir les journalistes intervenir lorsque l'on sort nos titres, car ils relèvent souvent des détails que l'on avait laissé passer.
Au niveau de la mélodie, on a une tendance rétro avec un piano un peu ABBA et des chœurs sur le refrain. Quelles ont été vos inspirations ?
La musique de "Tous les Divorcés" a été composée par Thierry Joffroy, et le reste de l'album a été réalisé par Johan Dalgaard. Nous adorons tous la grande variété française. Je trouve que c'est un genre un peu militant, qui est souvent décrié et déprécié. Il y a ce côté trop populaire qui ne plaît pas à tout le monde. On a essayé de moderniser cette variété dans le traitement et dans le son. A vrai dire, les références rétro sont presque là par hasard. C'est mon réalisateur qui m'a fait remarquer "Tu as vu, il y a un côté ABBA, tu ne veux pas qu'on le retire ?". Moi au contraire, j'ai voulu intensifier cet aspect avec des chœurs et un piano. Je trouve que cela rend une forme de sincérité à la chanson.
Qu'est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Pour le côté professionnel, j'écoute beaucoup les classements et les playlists du moment pour savoir ce qui se fait, et voir ce que je peux plagier (Rires). Mais dans la vie de tous les jours, j'écoute la grande variété française comme Renaud, Charles Aznavour ou encore Michel Delpech, mon modèle, qui a d'ailleurs fait une chanson "Les Divorcés". J'essaye aussi d'écouter de plus en plus de classique. J'étais un peu trop ignare dans ce registre et cela me créait un complexe. J'essaye de me rattraper.
Votre nouvel album témoigne-t-il d'une évolution personnelle et musicale ?
Ce nouvel album marque un tournant musical. C'est un album à textes dans lequel j'aborde des thèmes qui ne sont pas traités ailleurs. En ce moment, dans la plupart des textes du paysage musical, je trouve qu'il y a une volonté d'indigence, de "parler de rien", de ses petits états d'âmes. Je ne veux pas que mes chansons parlent seulement d'amour et de mon nombril. J'essaye de regarder ce qu'il se passe autour de moi. Dans l'album, il y a une chanson pour mon fils de 16 ans qui s'intitule Un légo dans la poche. Ce morceau évoque le moment où les adolescents quittent l'enfance mais ne sont pas vraiment des adultes. C'est une période très émouvante. Avec Un légo dans la poche, je lui explique qu'il faut toujours garder une part d'enfance.