Julien Doré : "J'ai deux familles : la mienne et le public"

Il était l'une des têtes d'affiche du festival Fnac Live 2017. Ce samedi 8 juillet, c'est sous un soleil de plomb que Julien Doré a livré un show mémorable aux visiteurs venus nombreux. Nous l'avons rencontré juste avant son concert.

Julien Doré : "J'ai deux familles : la mienne et le public"
© Fnac Live

Il nous a montré Les Limites, nous a invité à le Kiss Forever, nous a fait voyager sur Paris-Seychelles, avant de nous emmener sur les bords du Lac pour nous faire une Moonlight serenade. Depuis presque 10 ans, Julien Doré a réussi à s'imposer avec talent comme l'un des plus grands artistes de la chanson française. A son actif, quatre albums, tous auréolés de succès. Alors qu'il est en pleine tournée pour défendre son dernier opus &, l'artiste a fait une escale au Fnac Live ce samedi 8 juillet, au lendemain de son anniversaire. Pendant plus d'une heure et lové par une chaleur estivale, Julien Doré a livré un show impressionnant où confettis et pandas étaient de sortie, devant un parvis de l'Hôtel de Ville noir de monde. Nous l'avons rencontré quelques heures avant son set, dans les coulisses du festival. Décontracté, casquette vissée sur la tête, jean et Marcel noirs, Julien Doré a accepté de répondre à nos questions sans filtre. Confidences.

Journal des Femmes : Joyeux anniversaire + 1 jour Julien !
Julien Doré : (Il rigole) Merci beaucoup !

Qu'avez-vous ressenti en voyant tous les messages reçus ?
C'est ce que j'ai écrit ce matin sur les réseaux sociaux quand je suis rentré du sud. Tu as l'impression d'avoir une immense famille. J'ai une famille proche que j'aime et protège avec beaucoup de pudeur mais j'ai le sentiment d'avoir une autre famille qui a des attentions et pense à moi. C'est un moment important, ce qu'on vit avec ce disque et cette tournée... Trente-cinq ans, c'est un virage symbolique... et tout cet amour me porte.

Vous vous êtes déjà produit au Fnac Live. Quels souvenirs en gardez-vous ?
On était venus sur le précédent album Løve, c'est vrai. Je me rappelle qu'il faisait la même température, avec ce même soleil brûlant. A l'époque, il n'y avait pas de restriction de place, le public s'approchait de l'Hôtel de Ville jusqu'à grandir sur le boulevard derrière. Sur Paris-Seychelles, j'ai traversé la foule pour aller jusqu'à la console régie et escalader l'échafaudage. Une fois là-haut, je me souviens avoir été à la limite du malaise à cause de la chaleur et de la longueur de notre set. C'était très intense physiquement, mais j'ai dû redescendre l'échafaudage, retraverser la foule et continuer le concert avec la même énergie. 

Il y a un an, vous avez demandé à Pamela Anderson que vous admirez pour son militantisme pour la défense des animaux, d'apparaître dans le clip Le LacIl y a deux jours, vous avez repris La Corrida de Francis Cabrel dans les Arènes de Nîmes. Important de vous engager ?
J'ai des convictions et ne me greffe à aucune association. J'ai l'habitude de faire les choses de manière assez instinctive. Quand je me rends dans un hôpital voir des enfants ou quand je reçois des enfants après un concert, je n'en tire aucune couverture. Je n'ai pas besoin de garde du corps associatif pour mettre en avant ce que je défends.

Pourquoi un panda sur Coco Câline ?
Je me suis renseigné sur les espèces en voie de disparition et le panda en fait partie. Sur cette chanson mais plus globalement sur mon dernier album &, je me pose des questions sur les générations futures et leur devenir. Pour Coco Câline, je voulais un clip simple et joyeux, qui mette en avant la part d'enfance. Et je trouvais que d'enfiler un costume de panda permettait d'humaniser la présence de cet animal, mais aussi de la défendre. Ces animaux dans mes clips sont comme des miroirs : je veux que les enfants regardent les espèces qui restent encore, et qu'ils les protègent. Cela suscite des questions chez eux : "pourquoi le loup", "est-ce que le loup est méchant"... J'ai d'ailleurs fait du loup un totem. J'essaie d'injecter un message à cette nouvelle génération qui danse, sourit et chante, et en même temps, pose des questions à ses parents.

"Je n'ai pas pour habitude
de voiler ou travestir mes mots"

Quelle est votre mélodie du bonheur ?
Très souvent, c'est un rythme qu'on écoute peu : celui du corps, du coeur. On est dans une époque où chaque action est décidée par un rythme qui nous est imposé. C'est important parfois de respirer calmement et écouter son propre rythme. 

Est-ce qu'il vous arrive de jouer du pipeau ?
Non. J'ai la chance d'avoir la possibilité de m'exprimer. Le fait de la trahir serait comme voler la possibilité à d'autres personnes de le faire. Je n'ai donc jamais eu pour habitude de voiler, déformer ou travestir mes mots. 

Qu'est-ce que vous menez à la baguette ?
Je mène à la baguette les dangers qui viennent mordre ma liberté. Ma liberté m'est extrêmement précieuse et je la chevauche depuis plusieurs années.

Qu'est-ce que vous envoyez valser ?
J'envoie valser ceux qui tentent de me voler des fragments de choses qui m'appartiennent, des propos ou même des pensées, en les faisant passer pour quelque chose de l'ordre des bons sentiments et de la bien-pensance. Malheureusement, aujourd'hui, j'ai le sentiment que quand on essaie d'exprimer une pensée pure, brute et instinctive, elle est souvent raccourcie, tronçonnée ou falsifiée. 

&, quatrième album de Julien Doré, Sony Music