Bastille : "Les groupes de musique ne devraient pas dire aux gens quoi penser"

Bastille a prévu de faire sa révolution au Zénith de Paris le 2 février. A l'aube de leur tournée européenne, les nouvelles coqueluches du pop-rock anglais nous ont parlé de l'album "Wild World", d'évolution et de Christine and the Queens.

Bastille : "Les groupes de musique ne devraient pas dire aux gens quoi penser"
© Chelsea Lauren/Shutters/SIPA

Dan Smith et sa bande nous font découvrir leur monde fou depuis 2010. Après leur premier album, Bad Blood, dont tout le monde garde en tête les pop "Pompeii" et "Things we lost in the Fire", Bastille impose son second opus Wild World sur les ondes grâce aux sonorités enjouées de "Good Grief".
Sur le point d'entamer leur tournée mondiale, les cinq Anglais dont le leader est né le 14 juillet (Bastille, vous suivez ?) ont répondu à nos questions sur leurs influences, leur univers visuel ou encore les groupes de froggies qu'ils écoutent. Et alors qu'ils évoquent Christine and the Queens et Phoenix, on se dit qu'on les suivrait partout... jusque Coachella cet été. Cap ?

Le Journal des Femmes : Votre nouvel album sonne plus rock que le précédent. Comment l'expliquez-vous ?
Bastille : Sûrement parce qu'on a beaucoup joué en live. Nous avons eu la chance de partir 3 ans en tournée. C'est de là que viennent les sons de guitares de Wild World. Nos goûts ont changé, ce que nous écoutons aussi, ça joue également. Nous sommes plus à l'aise avec qui nous sommes, bien que notre style soit encore indéfinissable.

Vos influences sont culturelles. A quels livres ou films faites-vous des clins d'œil sur cet opus ?
Il y a une chanson sur De Sang Froid, de Truman Capote, une autre sur des gangsters avec pas mal de références au Parrain, à American History X… Cet album parle surtout des différentes manières de percevoir le monde : via la télé, les films, les documentaires, les livres. Avec nos références, nous essayons de faire comprendre comment la société est influencée.

© Universal Music France

La pochette de Wild World fait penser au fameux cliché Déjeuner en haut d'un gratte-ciel
Ce n'était pas intentionnel, mais c'est vrai ! Les deux montrent des personnes dans un moment calme, léger. Et puis d'un coup, vous vous demandez pourquoi ils sont assis ici. Ils devraient avoir une réaction, être émerveillés ou surpris. On aime le fait que les gens puissent imaginer une histoire : pourquoi sont-ils là ? Que va-t-il se passer ? A quoi pensent-ils ? C'est aussi une métaphore de l'album, qui aborde la question de l'amitié dans un monde devenu fou.

Qu'est-ce qui cloche dans ce Wild World ?
Ce n'est pas à nous de le dire. L'album ne juge pas. Les groupes de musique ne devraient pas souffler aux gens quoi penser. Une de nos chansons parle des conversations qu'on intercepte parfois. La réflexion c'est "je n'arrive pas à croire que j'entends ça en 2016, qu'est-ce qui ne tourne pas rond ?" Pas de message caché derrière, juste le fait d'être choqué par certains postulats. On ne pointe rien du doigt. Nous ne sommes pas journalistes ou politiciens. Ce serait bizarre de nous soulever…

Artistes avant tout, donc. D'ailleurs, vos clips sont très léchés. Pourquoi accorder autant d'importance au visuel ?
Nous avons toujours fait attention à ne pas offrir d'interprétation dans nos clips, pour que les gens s'approprient nos titres. L'esthétisme et les vidéos ont leur importance, comme les concerts. Certains groupes balancent leurs chansons à la maison de disques et ne s'en occupent plus. Nous sommes tous de grands fans de musique, alors l'idée de faire les clips qu'on veut, artistiques ou provocants, c'est excitant !

Vous venez d'Angleterre, où le pop rock est roi. C'est une pression ou privilège ?
Pas sûr que ça joue. Bowie, les Beatles, Pink Floyd et les autres ont une influence énorme partout dans le monde. Ils ont vraiment défini ce que sont un clip ou une structure musicale de 3 minutes… Même des choses qui nous semblent évidentes maintenant. Quand les Beatles ont commencé à tourner, il n'y avait pas de retour sur scène et comme ils n'entendaient rien à cause des cris, ils en ont ajouté. C'est grâce à ces groupes qu'on peut faire la musique qu'on veut aujourd'hui.

Votre nom est français. Vous écoutez des groupes de chez nous ?
Oui, Christine and the Queens. On l'adore ! Elle a son propre style, ce qu'elle fait est brillant. Quand vous n'essayez pas de ressembler à quiconque ou que vous ne faites rien dans le but de plaire aux gens, comme Bowie, ça fonctionne. C'est bon de savoir qu'une autre langue que l'anglais peut percer. Ca prouve que chacun a une manière différente d'écouter la musique.

Bastille, Wild Wild World Tour. Le 2 février au Zénith de Paris et en tournée dans toute l'Europe. Infos et réservations sur le site du groupe, ici.

L'album Wild World est toujours disponible dans les points de vente habituels.