Barré de François Clapeau, une enquête sous perfusion

Cloué à l'hôpital par une maladie soudaine, un flic va mener l'enquête la plus périlleuse de sa vie avec l'aide d'une coéquipière de choc… Noir comme le polar, blanc comme les murs du CHU de Limoges, "Barré" (J'ai Lu), le nouveau François Clapeau, est un livre haletant.

Barré de François Clapeau, une enquête sous perfusion
© J'AI LU

Au cours d'une planque, Donat Vigier, un flic breton affecté à Limoges se retrouve brutalement paralysé. Diagnostic : syndrome de Guillain-Barré. Bien qu'immobilisé au service réanimation par l'implacable maladie, le policier va guider sa collègue Aurélie sur la piste d'un braqueur sauvage grâce à ses brillantes intuitions, résoudre une autre affaire dans les couloirs de l'hôpital, et même se rapprocher d'Aurélie comme jamais auparavant…

Extrêmement visuel et rythmé, Barré est un whodunit délicieusement retors jouant autant avec les nerfs qu'avec la perception des lecteurs, sans que jamais la crédibilité de l'intrigue ne soit prise en défaut: l'expertise de l'auteur dans le domaine de la santé conforte même le réalisme ambiant. De quoi ravir les fidèles de Dr House ou de Grey's Anatomy.

Avec son duo flic paralysé/coéquipière agissant sur le terrain, Barré évoque le thriller Bone Collector (où la paire Denzel Washington/Angelina Jolie était à la manœuvre). Et il se double d'une nuance plus onirique lorsque le héros décrit ses inquiétantes hallucinations liées au syndrome de Guillain-Barré. Des fantasmagories qui ne sont pas sans rappeler la plongée dans cette dévorante maladie relatée par Boris Razon à l'occasion de son roman autobiographique Palladium.

Polar de fièvre et de sang, Barré ne manque pas non plus de chair, grâce à de puissants personnages secondaires étoffant le récit de leur silhouette pittoresque (le commissaire divisionnaire amateur de chasse) ou repoussante, à l'instar du lieutenant Renaudie – policier aux allures de Columbo, amoureux transi de la belle Aurélie, qui lui préfère le malheureux Donat.

Si leur romance réciproque s'avère entravée, elle fait écho au suspense de ce roman tout simplement… tétanisant.

Barré de François Clapeau, 224 pages, Editions J'ai Lu, poche, 7.20 euros.