Fatou Kaba : "Les opportunités se présentent parfois là où l'on ne s'y attend pas"

Après avoir fait rire des centaines de milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux sous le surnom Fatou Guinea, Fatou Kaba impose son humour dans "La Brigade" de Louis-Julien Petit, au cinéma le 23 mars. Interview avec une révélation.

Fatou Kaba : "Les opportunités se présentent parfois là où l'on ne s'y attend pas"
© Fatou Kaba au Festival de l'Alpe d'Huez le 20 janvier 2021 - Laurent Vu/SIPA

Formée sur les planches, Fatou Kaba est plutôt connue du public sous son pseudo Instagram Fatou Guinea, comme un clin d'oeil à ses origines guinéennes. Sur les réseaux sociaux, la comédienne a commencé par faire marrer ses centaines de milliers d'abonnés, notamment grâce à des discussions hilarantes avec sa mère hors-champ. Elle a enchaîné avec un rôle dans la saison 2 de Validé et un personnage à qui elle a prêté sa voix dans Tous en scène 2. La voici maintenant sur grand écran pour La Brigade, de Louis-Julien Petit, au cinéma le 23 mars. Elle donne la réplique à Audrey Lamy dans le rôle de Fatou, amie de l'héroïne et nana extravagante, déterminée à percer dans la télé-réalité. Une star en devenir, à l'image de celle qui l'interprète. Interview.

Comment avez-vous décroché ce rôle dans La Brigade ?
Fatou Kaba
 : À la base, le rôle était écrit pour un homme. Louis-Julien ne trouvait pas l'acteur qu'il lui fallait et le directeur de casting lui a montré mes essais pour un autre projet, ce qui lui a donné envie de me rencontrer. J'ai donc passé le casting et ça a matché. On s'est vus pendant 2 mois, j'étais dans le flou complet, je ne savais pas si j'allais être prise. Il a fini par me dire qu'il aimerait vraiment que ce soit moi. J'ai accepté parce que dans la vie, il faut savoir relever les défis.

La Brigade, est donc votre première expérience de cinéma. Comment l'avez-vous vécue après Validé ?
Fatou Kaba
 : Validé, c'était plus simple parce qu'on parlait de rap, je ne me sentais pas dépaysée. Je suis issue d'un milieu très urbain, j'ai grandi dans le 93 à Aubervilliers et le rap fait partie de moi. C'était plus dur de jouer Fatou dans La Brigade parce que c'était un autre ADN. On attendait de moi quelque chose de différent.

Qui est-elle, Fatou de La Brigade ?
Fatou Kaba 
: C'est une fille qui a beaucoup de nuances, très sincère. Elle cherche à faire le bien malgré tout. Elle veut être une star, mais elle est empêchée. En revanche elle n'est pas entravée pour aider sa copine à réussir. Elles n'ont que l'une et l'autre sur qui se reposer dans la vie. Toutes les deux ont grandi en foyer, elles ont galéré ensemble. Elles se retrouvent chacune face à leur destin. Fatou veut être une star, dans la lumière. On le voit direct : crête, cheveux rouges, il faut qu'on la remarque.

Fatou Kaba dans "La Brigade" © Apollo Films

Audrey Lamy dit que vous aviez presque du mal à y croire sur le tournage...
Fatou Kaba
 : C'est mon premier film et j'atterris là avec Audrey Lamy, qui a plus de 10 ans de métier, et François Cluzet, qui est une icône, un incontournable du cinéma français. C'est particulier parce que ce sont des gens que j'avais vus sur grand écran. Ils sont des stars connues et reconnues et moi je suis une star seulement dans mon monde des réseaux sociaux. Ce sont deux univers différents. Instagram est un sujet que je maîtrise. Actrice, c'est un autre métier. Audrey Lamy m'a beaucoup aidée quand j'en ai eu besoin sur le plateau. Et c'est vrai, j'étais impressionnée.

Comment s'est finalement passé le tournage ?
Fatou Kaba
 : Je me mettais la pression parce que c'était difficile. Face à moi, j'avais des gens qui pliaient les scènes en deux prises, quand moi j'en faisais 15 sans savoir si c'était validé. Louis-Julien Petit ne dit jamais si c'est bon ou pas. S'il faut, la bonne prise est déjà dans la boîte, mais il va te dire de continuer pour voir si tu peux donner encore plus. Il aime les propositions, le naturel, c'est pour ça que 90% des membres de son casting ne sont pas des acteurs professionnels. Sur ce plateau, j'ai appris qu'on peut être drôle tout en étant concentrée.

Votre personnage a une scène géniale où elle enregistre une vidéo pour un casting. Vous en avez fait beaucoup, des castings ?
Fatou Kaba
 : On m'a proposé quelques projets, certains ne m'intéressaient pas donc je ne me suis pas rendue aux castings. J'attends la proposition qui va me prendre au cœur. Tourner pour tourner, ça n'a pas de sens. Le cinéma c'est quelque chose qui me porte, qui me donne envie. Il faut choisir des rôles dans lesquels on se reconnaît, qui nous font sentir vivant, grâce auxquels on comprend pourquoi on est là.

"Je suis une fille d'immigrés et j'en suis fière"

Qu'est-ce qui vous a donné envie de jouer ?
Fatou Kaba
 : Le challenge, j'avais envie d'essayer. Tout le monde me disait que ça m'irait bien et je me suis dit "pourquoi pas". C'est en moi depuis toute petite.

Cathy Marie est prête à tout pour suivre sa voie. Pourriez-vous tout plaquer par convictions ?
Fatou Kaba
 : Oui, ce que Cathy Marie fait dans le film (quitter un restaurant où elle n'est pas considérée, ndlr), je l'aurais fait dans la vraie vie. Je ne me force pas. Si on ne me respecte pas, je prends ma veste et je pars. Je ne discute même pas. Les opportunité se présentent parfois là où on ne s'y attend pas. C'est à nous de les saisir.

Les réseaux sociaux font-ils toujours partie de vos priorités ?
Fatou Kaba
 : Les réseaux sociaux feront toujours partie de moi, ils m'ont permis d'acquérir une popularité, d'atteindre beaucoup de mes objectifs. Aujourd'hui, ce n'est pas une question de volonté, mais de manque de temps. Cela m'empêche de faire de la création de contenu, mais ça restera des épisodes que les gens n'oublieront pas. A l'avenir, ce sera plus travaillé, plus en adéquation avec ma nouvelle trajectoire. Je ne saurais pas m'en détacher tout de suite.

Vous dites vous intéresser aux causes sociales : lesquelles vous tiennent à cœur ?
Fatou Kaba
 : J'essaie d'être assez engagée sur des sujets comme le cyber-harcèlement, la violence dans les quartiers, les guerres ou l'immigration. Ce ne sont pas des sujets faciles pour débattre, on peut se sentir dépassés par la passion ou la fougue. On peut ne pas toujours bien structurer son discours, mais j'essaie de me positionner sur pas mal de choses dans l'espoir de faire évoluer les mentalités. La Brigade est parfaitement en adéquation avec mes principes, mes valeurs et ce que je représente. Je suis une fille d'immigrés et j'en suis fière. C'est une force.