L'ENNEMI : 5 bonnes raisons de s'y confronter au cinéma

L'ENNEMI : 5 bonnes raisons de s'y confronter au cinéma

Maeva Durieux, la femme d'un politicien belge renommé, est retrouvée morte par ce dernier dans la chambre d'hôtel qu'ils partageaient pour le weekend. L'a-t-il tuée ? S'est-elle suicidée ? Le saura-t-on un jour ? Avec "L'Ennemi", en salles le 26 janvier, Stephan Streker signe un drame complexe sur le doute, magistralement tenu par un Jérémie Renier sur-investi et une Alma Jodorowsky sur le fil. Voici pourquoi vous seriez coupables de le rater au cinéma.

L'Ennemi, librement inspiré d'une célèbre affaire

L'Ennemi est librement inspiré de l'affaire Wesphael, un fait divers belge impliquant l'ancien député écologiste Bernard Wesphael. En novembre 2013, il retrouve sa femme, la journaliste Véronique Pirotton, morte, dans la salle de bains de leur chambre d'hôtel d'Ostende, une petite station balnéaire située en Flandre. L'homme politique évoque le suicide de son épouse par asphyxie, la jeune femme étant retrouvée avec un sac plastique sur la tête. Il sera maintenu en détention préventive jusqu'en août 2014, avant d'être libéré sous conditions. Bernard Wesphael sera jugé pour meurtre en 2016, alors que les causes de la mort de sa compagne restent troubles, l'asphyxie et un mélange de médicaments et d'alcool pouvant possiblement avoir causé le décès. Il sera finalement acquitté au nom du bénéfice du doute. Avant le film de Stephan Streker, Netflix a consacré un documentaire en 5 épisodes à cette affaire : Soupçons.

Drame et dédale psychologique

Le réalisateur de Noces n'a pas souhaité faire un film pour dénouer le vrai du faux. C'est pour cela que les personnages de son drame sont fictifs. L'Ennemi se concentre davantage sur le doute et l'état psychologique de ses protagonistes. Stephan Streker se focalise sur la prison mentale que s'est créé son personnage principal. Louis Durieux est convaincu de ne pas avoir tué sa compagne, tout en étant emprunt au doute quant à sa culpabilité dans les névroses de cette dernière. La phrase "Même si je n'ai rien fait dans cette chambre, je ne suis pas sûr que cela fasse de moi un innocent" résume bien son état d'esprit. Les thématiques des apparences et de la méfiance viennent happer le spectateur par différents biais narratifs. Construit de manière à perdre le spectateur, à le faire adhérer à une théorie puis à une autre, le film place quiconque le regarde dans ce flou terrible.

Jérémie Renier dans "L'Ennemi" © Alba Films

L'Ennemie : Jérémie Renier, vibrant

Le premier rôle de L'Ennemi est campé par Jérémie Renier, totalement habité. Pour se glisser dans la peau  de son personnage et apparaître vieilli, en souffrance, le comédien que beaucoup connaissent en tant que Cloclo a perdu du poids. Amaigri, nerveux, l'acteur est un Louis Durieux intense, aussi bien physiquement que psychologiquement. Pour atteindre les états que ce personnage demande, le Belge a dû s'abandonner face à la caméra, atteindre un point de sensibilité et de fragilité tout en conservant une part de mystère. Un travail de précision, hautement mené à bien.

Alma Jodorowsky se révèle

Alma Jodorowsky s'offre ici un rôle complexe, à la fois lumineux et opaque. En devenant Maeva, la comédienne présente un jeu trouble, dévoilant une certaine noirceur sous des airs d'apparente douceur. Elle donne à cette épouse si vivante avant le drame, une dimension autodestructrice qu'on finit par lui deviner. L'actrice de la série La Vie devant elles arrive admirablement à laisser planer le doute quant à la profondeur de ses troubles, à nous fasciner autant qu'à nous hanter.

L'Ennemi : des seconds rôles au premier plan

En plus de rôles principaux parfaitement castés, le drame de Stefan Streker s'offre Emmanuelle Bercot en amie et avocate concernée, Félix Maritaux en compagnon de cellule attachant et secret, Zacharie Chasseriaud en fils et premier soutien et Sam Louwyck en prisonnier éclairé. Chacun d'eux brille grâce à des dialogues qui vous retournent. Ces personnages secondaires sont comme des guides indispensables placés sur le parcours cahotique de Louis Durieux. Ils parviennent à marquer fort l'expérience de ce film en peu de scènes. Une prouesse d'écriture, de réalisation et d'incarnation.