Les Magnétiques, Olga et Haut et Fort sont nos 3 coups de cœur du 17 novembre

La jeunesse, parce qu'elle est passionnée, revendicatrice, déterminée, fait un merveilleux sujet de cinéma. Les trois films que l'on vous recommande cette semaine la mettent en lumière entre la France des années 80, le Maroc et l'Ukraine. "Les Magnétiques", "Haut et Fort" et "Olga" sont nos immanquables pour une cure de jouvence en salles.

Les Magnétiques, Olga et Haut et Fort sont nos 3 coups de cœur du 17 novembre
© Celine Nieszawer

Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona

© Paname Distribution

Les Magnétiques, c'est d'abord une esthétique et un rythme chiadés, qui donnent à cette épopée initiatique dans les années 80 un grain unique. C'est aussi un son qui vous enveloppe presque façon ASMR pour mieux vous saisir avec sa bande-originale survoltée, pimentée par Joy Division, The Undertones ou Iggy Pop. Pour le fond, le réalisateur Vincent Maël Cardona et les 5 autres scénaristes qui signent cette aventure universelle ont concocté une toile tout aussi singulière. Les Magnétiques, c'est l'histoire de Philippe, jeune homme discret au charme mystérieux, effacé derrière son grand frère Jérôme, admirateur de Ian Curtis et poète à la verve fiévreuse de leur radio libre locale. Si l'aîné est bon au micro, Philippe lui, maîtrise les machines de la station pirate et s'amuse à concocter des jingles et autres messages en triturant les bandes-sonores et les magnétophones à sa disposition. Le garçon discret va apprendre à faire entendre sa voix pour décider de son avenir, poussé par l'amour qu'il porte à Marianne, la copine de son frangin, et grâce à ses rencontres lors de son service militaire à Berlin. Porté par des acteurs qui donnent toute la cohérence à son titre, Les Magnétiques est un voyage exalté dans les années 80, une expérience de cinéma sur la quête de soi qui fait du bien aux yeux et aux oreilles.

Avec Thimotée Robart, Marie Colomb, Joseph Olivennes... (1h38)

Haut et Fort de Nabil Ayouch

© Ad Vitam

Le réalisateur de Much Loved et Razzia frappe une nouvelle fois, et en rythme, avec Haut et Fort, un film aux limites de la comédie musicale sur le hip-hop. Nabil Ayouch débarque dans la banlieue de Casablanca, où un centre culturel dédié aux jeunes accueille un atelier de rap, mené par Anas, passionné au passé trouble. La "Positive School" de ce professeur tombé du ciel apprend à ces élèves à écrire ce qu'ils ont dans les tripes et à poser leur voix dessus. C'est à travers cette musique des rues, depuis toujours inséparable des revendications des jeunesses, qu'Anas leur offre un moyen d'exprimer leur colère, leurs frustrations et leur désir ardent de libertés. Ismail, Meriem, Zineb, Nouhaila et les autres peuvent alors débattre de la place des femmes, de politique, de religion ou de terrorisme et offrir par la même occasion une fenêtre sur leur monde au spectateur. Grâce à ces scènes de classe palpitantes et à l'énergie folle de ces rappeurs en herbe, Nabil Ayouch obtient un film percutant sur la liberté d'expression au Maroc. Les passages rappés qui ponctuent le film apportent un nouveau souffle à l'exercice souvent kitsch du dialogue chanté des comédies musicales. Une fois de plus, son propos est ouvertement féministe (rien que l'affiche en dit long). Le metteur en scène doit beaucoup à ses acteurs, tous non-professionnels et recrutés dans la vraie classe d'Anas. Car ce film s'inspire du premier centre culturel ouvert par le cinéaste, à Sidi Moumen. Une révélation, dans tous les sens.

Avec Ismail Adouab, Anas Basbousi, Meriem Nekkach... (1h42)

Olga d'Elie Grappe

© ARP Distribution

"On ne fait pas de politique, on fait du sport". Cette réplique est le nerf d'Olga, drame sur une gymnaste urkrainienne contrainte de se déraciner pour vivre sa passion loin des révoltes de son pays. Le film se déroule en 2013, en plein Euromaïdan et suit Olga, étoile montante de la gymnastique et fille d'une journaliste politique. La jeune femme doit fuir son pays et intégrer l'équipe Suisse si elle veut préparer l'Euro en toute sérénité. La voilà seule dans une contrée dont elle ne parle pas les langues, loin de sa mère dépêchée au cœur des manifestations. À travers les yeux de l'adolescente, le cinéaste pose un regard acéré sur les événements ukrainiens. Le sport est magistralement filmé, magnifié par des plans étonnants. Grâce à un scénario bien ficelé et habilement mis en scène, les figures de la jeune fille servent de caisse de résonance aux enjeux politiques. La tension est de tous les instants, des entraînements athlétiques aux images d'actualité, en passant par le stress d'Olga pour ses épreuves et pour ses proches. Il suffit de la voir s'élancer sur les barres pour retenir son souffle avec elle. Comme une grande partie du casting, Nastya Budiashkina est une actrice non-professionnelle. La jeune sportive, membre de l'équipe nationale de réserve de l'Ukraine, mérite une médaille pour son jeu, bluffant.

Avec Nastya Budiashkina, Sabrina Rubtsova, Caterina Barloggio... (1h27)