DRUNK, CALAMITY, LA PREMIERE MARCHE : nos coups de cœur ciné du 14 octobre

DRUNK de Thomas Vinterberg

Mads Mikkelsen. On le savait géant. Acteur de génie, technicien de l'émotion, présence puissante. Cette année, il nous met de nouveau à genou par sa grâce, sa force, sa fragilité et sa sensibilité dans Drunk, le nouveau long-métrage du cinéaste danois Thomas Vinterberg, le papa de Festen. Il y incarne un professeur d'histoire taciturne, en décrochage familial et social, dont le regard se perd dans le vide de ses propres abysses. Lors d'un dîner avec trois amis profs arrive sur la table une discussion autour du psychologue norvégien Finn Skårderud, lequel soutient que l'homme aurait dès la naissance un déficit de 0,5 g/ml d'alcool dans le sang.
Inspiré, le quatuor se lance ni une ni deux dans une course effrénée à la gnole, cuvant ici-et-là, bières, vins et vodka, en mesurant son taux d'alcoolémie quotidien. L'objectif ? Au-delà de l'expérimentation purement scientifique, une volonté de briser la monotonie de la vie, de l'exalter, d'en repousser les murs paralysants.
Ode à l'existence, ce drame flamboyant dresse le portrait déchirant de quatre dépressifs qui électrisent leurs forces vives et brûlent leurs plaies. Le final est étourdissant.

Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe (1h55)

CALAMITY de Rémi Chayé

Les grands espaces américains. La conquête de l'Ouest. Le destin unique d'une héroïne qui continue à exercer sur nous un pouvoir de fascination intact. C'est le menu de Calamity, une Enfance de Martha Jane Cannary de Rémy Chayé, lauréat du Prix du Public au Festival d'Annecy en 2015 pour son premier film Tout en Haut du Monde.
Dans ce nouvel opus, où la direction artistique atteint des sommets, un convoi est lancé à l'aventure d'une vie meilleure. Quand le père de famille se blesse, c'est sa fille, Martha Jane, qui doit prendre en main le destin collectif. Mais son caractère libre ne plait pas au chef du convoi, qui exècre par exemple ses pantalons de "garçon". Acculée, elle se lance bientôt dans un apprentissage de la vie, malmenée par cette route qui s'ouvre à elle et qui réserve son lot de dangers, de rencontres et de surprises.
Habilement, le scénario entremêle la grande histoire de l'Ouest américain et la petite (grande) histoire d'une héroïne attachante qui s'affranchit des normes pour mieux s'émanciper, se trouver et s'affirmer. Une réussite.  

Avec les voix de Salomé Boulven, Alexandra Lamy, Alexis Tomossian (1h22)

LA PREMIERE MARCHE de Hakim Hatoui et Baptiste Etchegaray

Dans le combat LGBTQI+ en France, c'est une date clé, à marquer d'une pierre blanche. Le 9 juin 2019 s'est en effet tenu la première marche des fiertés en banlieue, à Saint-Denis. A son initiative : quatre étudiants aux caractères aussi passionnants que complémentaires. Les réalisateurs Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray nous invitent justement à leur rencontre pour les besoins de leur documentaire La Première Marche, dans lequel ils remontent le temps pour nous faire découvrir les prémices et les étapes de cette louable initiative.
Réunions, galères, mots d'esprit, débats sur les enjeux d'intersectionnalité et d'inclusivité des luttes, éclats de rire et doutes, le spectateur plonge ainsi, de manière intimiste, dans ces trajectoires qui convergent joyeusement vers le bien commun, l'ouverture et la meilleure compréhension de l'autre.
Engagée et d'une énergie vivifiante, cette jeunesse se révèle une source d'inspiration et prouve, si certain.e.s en doutent encore, qu'on peut faire beaucoup avec peu. Une leçon qu'on ne boude pas.

Avec acteurs inconnus (1h04)