DEMAIN EST A NOUS : Gilles de Maistre célèbre l'altruisme des enfants

En France, Arthur peint des tableaux qu'il revend pour venir en aide aux SDF. En Guinée, Aïssatou monte au créneau pour empêcher les mariages forcés des mineures. Au Pérou, José Adolfo a monté une banque écologique pour sensibiliser les plus jeunes à la question environnementale… ect.
Dans Demain est à nous, Gilles de Maistre a sillonné le monde pour nous dire que les enfants ont pris leur destin en main. Licencié en philosophie et diplômé du Centre de formation des journalistes, l'intéressé a réalisé de nombreux reportages et documentaires pour la télévision, notamment sur les guerres, famines, guérillas, violences ou catastrophes naturelles. L'an dernier, son long-métrage Mia et le Lion Blanc réunissait 1,5 million de spectateurs en salles. Un succès similaire pourrait bel et bien être réservé à Demain est à Nous, sur lequel il revient pour le Journal des Femmes. En trois points. 

Chercher les enfants

Ces enfants existent. Il faut aller à leur rencontre et débusquer des histoires suffisamment fortes, exemplaires et réelles pour faire un film authentique, qui touche les gens. Pour les trouver, je m'appuie sur les réseaux sociaux, internet, YouTube, les articles de presse, les ONG, les relais de journalistes locaux dans différents pays... Tout ça crée un entonnoir. On essaye ensuite de trier et de créer une toile un peu générale où on aborde un certain nombre de thèmes importants pour l'enfance ; l'école et l'éducation sont au centre de notre intérêt avec des enfants qui se battent pour étudier. Ceux qu'on voit dans le film agissent, ils ne sont pas que de 'simples' lanceurs d'alerte.

Après, c'est la rencontre qui est décisive. C'est comme une histoire d'amour, un coup de foudre pour quelqu'un dont on veut raconter le récit. Je sens les choses. C'est très instinctif chez moi. Ce sont des enfants enthousiastes et habités par leurs projets respectifs. Ils ne sont pas dans la posture, dans la vente, dans l'idéologie. Ils ne quémandent pas. Ils n'attendent pas de médaille.

Filmer les enfants

Dans le passé, j'ai fait de nombreux documentaires sur les enfants ; ça me touche beaucoup. J'aime travailler avec une matière qui m'émeut. C'est facile de les filmer car il y a de l'honnêteté en eux. Ils ne savent pas mentir contrairement aux adultes ou aux politiques qui manipulent si bien la langue de bois. Si un enfant souffre, il va vous expliquer pourquoi. J'ai fait ce film seul avec ma caméra, sans équipe. J'ai débarqué ainsi pour mieux me fondre dans leur environnement, me faire petit et disparaître. Ils ne rendaient pas compte que ça deviendrait un film dont on parlerait dans la presse, qui serait montré dans des cinémas, devant de grands publics, avec des avant-premières, avec 2000 personnes au Grand Rex par exemple… Eux n'ont vu qu'un pauvre mec arriver avec sa caméra (rires).

Côté images : je sais ce que je veux. J'élague beaucoup en filmant. Je sais quoi garder. Pour que ça marche, il faut s'apprivoiser les uns les autres. Et si je sens que quelque chose n'est pas honnête, j'arrête.

Apprendre des enfants

La parole des enfants est aujourd'hui plus entendue que jamais. Ils l'ont prise. Ils ne nous laissent pas le choix et avancent en pensant à leur futur. Cela se fait naturellement, c'est une vague qui grandit partout. L'humanité, l'altruisme et la générosité sont le terrain du monde de demain et ils nous le disent à leur manière. Aux Sables-d'Olonne, les plus jeunes ont été scotchés par le film. Deux jours plus tard, j'ai reçu une photo de l'exploitant du cinéma montrant 4 enfants en train de donner à manger à un SDF.

Pourquoi ? Parce qu'ils veulent faire comme le petit Arthur, qui vend ses toiles pour nourrir les sans-abris. Les choses ne sont dès lors plus abstraites mais concrètes. Ce qui est incroyable, c'est qu'ils se considèrent comme tout à fait normaux. Ils sont très humbles par rapport à ce qu'ils font. Ce sont des enfants d'aujourd'hui. Je crois qu'ils doivent être protégés mais il ne faut pas tout leur cacher. On peut leur parler des problèmes environnants avec des mots bien choisis. Leur force est de nous mettre face à nous-mêmes.