CELLE QUE VOUS CROYEZ et ces films qui sensibilisent aux dangers du Net
Désormais disponible en DVD, VOD et BRD, "Celle que vous croyez" de Safy Nebbou met en scène Juliette Binoche sous les traits d'une femme qui créé un faux profil Facebook et qui est bientôt prise dans la spirale de son mensonge. Ce n'est pas le seul film qui alerte sur des dangers de la Toile et des réseaux sociaux..
En 1995, alors que le World Wide Web était encore en pleins balbutiements, on se passionnait pour un thriller caduc –et aujourd'hui sacrément vintage– : Traque sur Internet. Depuis, le monde qu'a connu Sandra Bullock dans la réalisation d'Irwin Winkler a bien changé. Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram et consort ont considérablement redessiné nos quotidiens, apportant dans leurs valises une horde de travers. Le septième art l'a bien compris, jusqu'aux films d'horreur (Unfriended en tête). Ces dernières années, de plus en plus de cinéastes ont matérialisé avec leur caméra ces nouvelles menaces qui pèsent sur nos libertés individuelles. Et nos vies. Au-delà de Celle que vous Croyez de Saffy Nebbou, qui sort en DVD, BRD et VOD le 2 juillet, en voici des exemples probants.
Trust (2012)
Will et Lynn (Clive Owen et Catherine Keener) auraient probablement dû répéter plus souvent à leur fille de 14 ans que les chats sur la toile sont des zones très dangereuses. Le ciel leur tombe en tout cas sur la tête quand ils apprennent, abasourdis et choqués, que cette dernière a été agressée par un pédophile avec qui elle a longuement échangé par écran interposé. Trust, le second long métrage de David Schwimmer (alias Ross Geller dans la série culte Friends), s'empare ainsi, avec frontalité, du sujet du viol et de ses conséquences et s'appuie sur les prestations de remarquables acteurs. Il sensibilise surtout le public aux risques du net.
Le Ciel Attendra (2016)
Dans la droite lignée du glaçant La désintégration de Philippe Faucon, Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar aborde l'épineux problème de l'embrigadement des jeunes filles par des islamistes. Grâce à la force d'un scénario efficace, qu'elle a coécrit avec Emilie Frèche, la cinéaste y suit deux trajectoires : celle de Sonia, 17 ans, qui voulait se rendre en Syrie pour commettre l'irréparable et celle de Mélanie, 16 ans, une violoncelliste timide qui s'amourache d'un redoutable recruteur sur Facebook. Sous les yeux du spectateur médusé, la seconde se radicalise à la vitesse grand V que permet hélas la nocivité des réseaux sociaux.
Instalife (2018)
Auréolée d'un prix du scénario en 2017 au prestigieux Festival de Sundance, cette réalisation de Matt Spicer, sortie directement en DVD en France, a fait d'Elizabeth Olsen une de ces influenceuses accros aux filtres d'Instagram, aux pluies de likes et autres hashtags. L'héroïne en question partage son quotidien à la virgule près au point de provoquer bientôt une véritable obsession chez une de ses fans psychologiquement instable –Ingrid, incarnée par Aubrey Plaza. Instalife épingle les travers de l'apparence, des faux semblants et met en garde la jeunesse contre les dérives des images. Tout n'y est pas parfait mais le message reste d'utilité publique.
Nerve (2016)
On vous l'accordera : Nerve d'Ariel Schulman et Henry Joost n'est clairement pas un grand film de cinéma. Il est même assez raté. Mais s'y cachent en filigrane des messages importants et une réflexion sur la société actuelle. Pur produit de la génération Periscope, ce divertissement est adapté du roman Addict de Jeanne Ryan et orchestre son intrigue autour d'une appli pour smartphones permettant aux utilisateurs d'être soit joueurs soit voyeurs. En somme : les seconds s'abonnent pour contempler les défis potentiellement mortels –et rémunérés un pactole– que relèvent les premiers. Ici, l'idée est de mettre en garde une génération qui ne sait plus quel pari insensé imaginer pour susciter le buzz.
Searching (2018)
Thriller de très bonne facture, Searching a été présenté l'an dernier au Festival de Deauville et a séduit par sa peinture d'un monde toujours plus (ultra) connecté. Mis en scène par Aneesh Chaganty, ce long métrage a pour point de départ la disparition de Margot, 16 ans. Alors que l'enquête piétine, son papa –étonnant John Cho– plonge dans les arcanes de son ordinateur afin d'y déceler des indices. De rebondissements en coups de théâtre, le scénario s'inspire de toutes les failles sécuritaires du net et de toutes ses empreintes virtuelles qu'on laisse partout et qui racontent nos vies à ceux qu'on aime, mais aussi, et surtout, à de parfaits inconnus. Aussi ludique qu'inquiétant.