Pierre Deladonchamps, la délicatesse dans le champ [INTERVIEW]

Pierre Deladonchamps est devenu en très peu de films un incontournable du paysage cinématographique français. Dans "Photo de Famille", celui qui a déjà tourné pour Téchiné, Honoré et Guiraudie incarne le frère mélancolique de Vanessa Paradis et Camille Cottin. Rencontre avec un acteur dont la douceur n'a d'égal que le talent.

Pierre Deladonchamps, la délicatesse dans le champ [INTERVIEW]
© SND

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a touché dans Photo de Famille ?
Pierre Deladonchamps :
Tout ce qui touche à la famille peut résonner en chacun d'entre nous, peu importe que l'on ait une famille éclatée, monoparentale, qu'on soit orphelin… Cette histoire retentit en moi à certains points particuliers, qu'ils me concernent de près ou de loin.

Qui est Mao ?
Mao est paumé, il a subi les choses sans se rendre compte de l'influence énorme sur sa vie. Il va voir une psy parce qu'il comprend qu'il ne va pas bien, mais il ne comprend pas pourquoi il est si mal. Il réfléchit au mauvais endroit. Quand il le réalise, il se dit qu'il y a peut-être des choses à changer, mais il n'oublie pas l'amour et la tendresse qu'il a pour ses sœurs, dont il a été séparé jeune. Ça me touche beaucoup, tout comme sa maladresse.

Comme lui, avez-vous connu un moment de flottaison ?
En tant qu'acteur, j'ai eu de longs moments de stagnation. Je ne savais plus quoi faire, j'attendais que le téléphone sonne pour passer des castings et ça n'arrivait pas. J'ai été vraiment très perturbé. J'ai changé de vie, je suis retourné à Nancy, ma ville d'origine, et je me suis dit que ce n'était pas pour moi. La vie m'a finalement fait ce cadeau...

Quel enfant étiez-vous ?
J'étais très autonome. A cause d'un handicap, mon frère nécessitait qu'on s'occupe plus de lui, alors je faisais beaucoup de choses seul, dont pas mal de bêtises ! L'ambiance n'était pas toujours terrible à la maison et j'essayais de désamorcer les situations délicates par l'humour. C'est à la fois l'enfant que j'étais et l'adulte que je suis devenu.

C'est de là qu'est né votre amour de la comédie ?
Clairement. Et aussi parce que dès tout petit, ma mère m'a fait regarder des choses légères, des Inconnus aux Nuls. Elle m'emmenait au théâtre, voir des pièces de boulevard. J'ai pas mal baigné là-dedans.

Après Les Chatouilles, où vous incarnez un pédophilie, ou Plaire, aimer et courir vite, dans lequel vous êtes malade du sida, n'avez-vous pas envie d'aller vers un cinéma plus léger ?
Oui et c'est déjà un peu le cas avec Photo de Famille. Il y a de la légèreté. J'aime beaucoup les films que j'ai faits jusqu'à présent, je les signe et j'en suis fier, mais l'ambiance était lourde. Etre drôle est très difficile, mais ça apporte plus de plaisir instantané. On fait un truc sympa. C'est agréable de construire quelque chose en espérant que ça fasse rire les gens.

Comment vous imaginez-vous dans le futur ?
Vivant ce serait bien ! Mais aussi épanoui dans mon métier. Je commence à toucher de très près la concrétisation d'un rêve, celui de réaliser mon premier long-métrage. J'ai fait un court à Cannes avec les talents Adami. Ça m'a plu et j'ai reçu des retours encourageants. Je suis tête baissée dans ce projet qui, j'espère, verra bientôt le jour.

Photo de Famille, au cinéma depuis le 5 septembre.