Pentagon Papers : qui était Katharine Graham, la directrice du Washington Post ?

Dans "Pentagon Papers", en salles le 24 janvier, Meryl Streep incarne Katharine Graham, la directrice du quotidien "The Washington Post". Charmante fille de, mère de famille et épouse dévouée, femme d'affaires influente... Qui était cette grande dame au parcours exemplaire qui a hissé l'entreprise familliale au zénith ?

Pentagon Papers : qui était Katharine Graham, la directrice du Washington Post ?
© Universal Pictures International France

"Autrefois, le pouvoir était considéré comme un attribut masculin. En fait, le pouvoir n'a pas de sexe", a déclaré Katharine Graham, la directrice du Washington Post, mise à l'honneur dans le film Pentagon Papers. Celle à qui Meryl Streep prête ses traits dans le dernier Spielberg a connu plusieurs vie avant d'être propulsée à la tête d'un titre de presse, dans un univers dominé par les hommes.

Katharine "Kay" Meyer naît en 1917 à New York dans une famille aisée. Son père, gouverneur de la réserve fédérale américaine, achète aux enchères The Washington Post, un quotidien régional en faillite. Voilà qui tombe bien : la jeune femme, diplômée d'un baccalauréat universitaire ès lettres et journalisme, écrit pour le quotidien famillial. Elle épouse en 1940 Phil Graham, assistant de justice. ensemble, ils forment un couple influent à Washington, proche du président John Fitgerald Kennedy et de son vice-président, Lyndon B. Johnson. De leur union, naîssent quatre enfants entre 1943 et 1952, Elizabeth, Donald, William et Stephen. "Kay" arrête de travailler pour se consacrer exclusivement à sa famille et à l'éducation de ses enfants. 

En 1946, son père devient le premier président de la Banque mondiale et doit donc quitter la tête du journal. Ce n'est pas Katharine, diplomée en journaliste qui reprend les rênes, mais l'époux de celle-ci, Phil Graham. "Un homme ne doit pas être mis dans la situation de devoir travailler pour sa femme", explique le patriarche à sa fille, en guise de justification. Néanmoins, Phil Graham souffre de troubles maniaco-dépressifs : après plusieurs séjours à l'hôpital, il se donne la mort en 1963. Katharine lui succède alors à la direction du Post et devient la première femme américaine à accéder à un tel poste.

Elle recrute en 1965 Benjamin Bradlee en tant que rédacteur en chef (joué par Tom Hanks). Ils composent ensemble l'équipe rédactionnelle qui fera la gloire du quotidien... Gloire qui atteindra son zénith en 1971, avec l'affaire des "Pentagon Papers" qui a précédé le scandale du Watergate. Malgré son manque d'expérience, ses relations amicales avec les politiques, le risque de perdre le journal et contre l'avis de tous ses conseillers, Katharine Graham prend la décision de publier des documents classés secret-défense sur la guerre d'Indochine, qui mettent en cause quatre présidents américains. Une décision qui a fait entrer le Washington Post dans la légende... tout comme sa directrice.

Elle est parvenue à multiplier par 20 les revenus de l'entreprise familliale, est devenue la première femme à propulser sa boîte au classement Fortune 500 des principales sociétés américaines, avant de laisser son fils Don prendre sa tête en 1991. "Elle était si grande et si imposante", confie même à son sujet l'intimidante Anna Wintour. La vie de "Kay" est racontée dans ses mémoires, publiés en 1997 et récompensés du prix Pulitzer de la biographie. Les plus impatients pourront néanmoins découvrir une partie de sa vie et de son émancipation dès le 24 janvier au cinéma dans Pentagon Papers.

"Pentagon Papers - Bande-annonce"